Mali/Esclavage par ascendance : la CNDH dénonce un crime contre l'Humanité
Bamako
AA/Bamako/Amarana Maiga
La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a exprimé sa très vive préoccupation face à la persistance de l'esclavage par ascendance et au regain de violences, caractérisées parfois par des crimes crapuleux, dans la région de Kayes au sud du pays, estimant que cette pratique pourrait être considérée comme crime contre l’Humanité.
Cette déclaration intervient après la découverte du corps mutilé et sans vie d'une femme dans un champ, le samedi 30 juillet à Lany Mody.
Selon la commission « La victime, Diogou Sidibé, avait disparu la veille. L'établissement des faits indique la piste des exactions graves en lien avec la pratique de l’esclavage par ascendance dans la Région de Kayes, en particulier dans le Village de Lany Mody (commune de Sony, Cercle de Kayes dans le sud du Mali) ».
La Commission Nationale des Droits de l’Homme « condamne avec vigueur ce crime crapuleux, tout en rappelant que « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs » soulignant que « toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ».
La CNDH précise que « l'atteinte au droit à la vie en lien avec la pratique de l’esclavage peut être constitutive de crime contre l’Humanité au sens des engagements internationaux auxquels notre pays est partie».
Elle dénonce en outre, les violences perpétrées sur des personnes en raison de leur soi-disant ascendance ou statut « d’esclave » et recommande aux autorités judiciaires de poursuivre et traduire en justice les auteurs, co-auteurs et complices de cette atteinte au droit à la vie.
Aguibou Bouaré Président de la Commission Nationale de Droits de l'Homme invite le Gouvernement à tout entreprendre pour mettre fin à la pratique ignoble, humiliante et dégradante de l'esclavage par ascendance au Mali, appelant aussi les populations concernées à cesser tout acte de violence et, à œuvrer à la paix, à la cohésion et à l’inclusion sociale.
Des affrontements inter-communautaires sanglant avait eu lieu en septembre dernier à Souroubiré dans l'arrondissement de Oussoubidjangna cercle de Bafoulabé région de Kayes (sud).
Pour rappel, une charte de cohabitation pacifique avait été élaborée, en août 2021, à l’issue d’un forum d’entente sociale entre les communautés de la région de Kayes (sud du Mali) en vue de trouver des solutions à la pratique de "l’esclavage par ascendance" (hérité par certaines familles) dans cette région.
Selon le gouverneur de la région, Colonel Moussa Soumaré, ''cette charte œuvrera, notamment, à abolir certaines appellations telles que « djon » utilisée pour désigner un « esclave » dans le but de rabaisser, humilier ou atteindre à la dignité de l’autre''.
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