Mali : le dialogue inter-maliens débouche sur près de 300 recommandations
- Le document remis ce lundi au président de la Transition recommande l'ouverture du dialogue avec les groupes armés et la prorogation de la transition pour une période de 2 à 5 ans...
Mali
AA / Bamako / Amarana Maiga
Près de 300 recommandations, issues du dialogue inter-Maliens ont été remis, lundi, au président de la Transition, le colonel Assimi Goïta.
Ces recommandations ont été dégagées au terme de la phase nationale du dialogue inter-Maliens qui a eu lieu du 6 au 10 mai courant, avec la participation de plus de 3000 participants.
Engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens, l'instauration d'une journée nationale du pardon, organisation du retour des réfugiés et des déplacés, l'instauration d'un cadre de dialogue permanent intra et intercommunautaire, dissoudre les milices et les groupes d’auto-défense et assurer la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants, sont, entre-autres recommandations, formulées par les participants de la thématique paix, réconciliation nationale et cohésion sociale.
Ils ont également privilégier le recours à nos us et coutumes comme moyens de prévention, de gestion et de règlement des conflits, mais aussi de renforcer les capacités des autorités et légitimités traditionnelles dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits communautaires et enfin ériger un monument sur le site de l’attaque du bateau de « Tombouctou » survenue le 07 septembre 2023 à Chambou, dans le Cercle de Gourma-Rharous.
Plusieurs dizaines d'autres recommandations ont été formulées dans les domaines de l'économie et le développement durable, les élections à venir en suscitant la candidature du Colonel Assimi Goïta ainsi que l'aspect sécuritaire et de défense du territoire.
Le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta a déclaré à cette occasion que ''l’objectif assigné à ce dialogue était de diagnostiquer les causes des conflits intracommunautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable, recoudre le tissu social et renforcer le vivre-ensemble''.
Selon lui, l’enjeu de ce dialogue inter-Maliens était la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire.
Il a, en outre, engagé les organes de la Transition à prendre les dispositions qui s’imposent pour la mise en œuvre diligente et le suivi des recommandations formulées.
Enfin, Goïta a lancé un appel à tous ceux qui n’ont pas participé au dialogue afin qu’ils rejoignent les autres Maliens en vue de bâtir une paix durable, condition essentielle de tout développement.
En réaction à ces recommandations, les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 ont évoqué « un grotesque piège politique ». L'exercice qui vient de se terminer n'a accouché d'aucune initiative malienne de paix et de réconciliation ont-ils regretté.
« Ce dialogue, en définitive, qui était censé être un cadre fédérateur de toutes les forces vives de la Nation, afin d'identifier les sources des crises qui secouent le pays, de prévenir et gérer les conflits en valorisant des mécanismes de gestion endogène, s'est révélé être un grotesque piège politique, au regard de son déroulement, du contexte d’exclusion créé en amont des forces vives significatives, et de ses conclusions majeures d'avance ».
En outre, poursuivent les partis et regroupements politiques, « les recommandations du "dialogue inter-maliens" qui vient de se terminer ne sauraient engager le peuple malien qui ploie sous l'insécurité et sous les difficultés quotidiennes, un peuple en proie aux difficultés d'une cherté de la vie sans précédent, un peuple qui est confronté aux conséquences des délestages de courant électrique auxquels les autorités ont démontré leur incapacité notoire à apporter un moindre début de solution ».
Pour rappel, ce dialogue inter-Malien a été engagé par le président de la Transition, après l'annulation de l'accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes rebelles du nord, dans le but de nationaliser le débat sur les questions intérieures du Mali, dont la sécurité, le développement et la gouvernance.