Mali : Qui est Amadou Toumani Touré ?
Un parcours atypique de l’enseignement, au commandement des commandos parachutistes, à la présidence, puis à l’exil
Mali
AA/Bamako/Mohamed Ali
Amadou Toumani est né le 4 novembre 1948 à Mopti, région du Centre du Soudan Français, colonie française à l’époque et actuelle république du Mali. Il passe sa petite enfance dans cette ville où il fréquente l’école fondamentale.
Adolescent, il arrive à Bamako dès 1966, année à laquelle il a été inscrit à l’école normale secondaire de Badalabougou, il en sort trois ans plus tard en 1969 et devient instituteur.
Après quelques années d’exercice dans le domaine de l’enseignement, Amadou Toumani Touré décide de changer radicalement de métier et s’inscrit au concours d’entrée à l’école militaire interarmes de Kati. Il réussit ce concours et devient officier au sein du corps des parachutistes (corps d’élite chargée de la garde présidentielle).
Officier assez dynamique et discipliné, Touré gagne la confiance du président de la République de l’époque le Général Moussa Traoré, qui l’envoie passer plusieurs stages en France et en ex-Union soviétique avant de le nommer en 1984 commandant du corps des commandos parachutiste du Mali communément appelé «Bérets rouges». A ce titre, il est chargé d’assurer la garde présidentielle, tâche dont il s’acquitte avec assiduité, témoignent des observateurs.
Renversement du général Moussa Traoré et président de la transition démocratique
Le 26 mars 1992, suite à des émeutes monstrueuses et violemment réprimées par le régime, Amamdou Toumani Touré, alors lieutenant-colonel, est choisi par ses pairs officiers supérieurs pour diriger la junte militaire qui a renversé le général Moussa Traoré. Il prend la tête du Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) et assure les fonctions de chef de l’État pendant une transition démocratique qui dure neuf mois.
Il organise la conférence nationale (qui s’est déroulée du 29 juillet au 12 août 1991), puis des élections législatives et présidentielle en 1992. À l’issue de ces élections, il remet le pouvoir au nouveau président élu Alpha Oumar Konaré.
On le surnomme alors le «soldat de la démocratie». Le nouveau Président, démocratiquement élu, le nomme au grade de général pour le remercier de ses bons et loyaux services.
Retour au pouvoir par les urnes : 2002 - 2012
Son passage à la tête de l’État pendant les neufs mois de la transition lui donne l’envie de s’engager en politique et de briguer la présidence de la République. Il attendra néanmoins la fin des deux mandats constitutionnels de Alpha Oumar Konaré avant de se lancer dans la course.
C’est ainsi que le 1er septembre 2001, il démissionne de l’armée et décide de se porter candidat pour l'élection présidentielle de 2002 comme candidat indépendant, n’appartenant à aucun parti politique. Il s’appui néanmoins sur une puissante organisation de la société civile «le Mouvement Citoyen» que ses partisans ont créé et animé.
Il est élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix.
Deuxième mandat 2007-2012
A la fin de son premier mandant Amadou Touré profite d’un déplacement à Nioro du Sahel dans la région de Kayes (Ouest du pays) le 27 mars 2007pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle d’avril 2007.
Soutenu par de nombreux partis politiques, dont quatorze se sont rassemblés à l’initiative de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (Adéma) et de l’Union pour la république et la démocratie (URD), au sein de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) mais également par le Mouvement citoyen et plusieurs associations, le président sortant, Amadou Toumani Touré, a été réélu président de la République le 29 avril 2007 dès le premier tour avec 71,20% des voix, contre 19,15% obtenus par son principal adversaire de l’époque Ibrahim Boubacar Keïta (l’actuel président de la République).
Coup d’État militaire de mars 2012
Engagée contre une insurrection armée touareg lancée depuis le 17 janvier 2012, l’armée malienne subit de sérieux revers et perd beaucoup de terrain au Nord, les garnisons dans cette régions tombent les unes après les autres entre les mains des touaregs.
Le moral des troupes est au plus bas, les officiers supérieurs sont soupçonnés de détourner l'argent destiné à l'équipement militaire, les routes de ravitaillement menant aux garnisons qui restent encore sous le contrôle de l’armée maliennes sont coupées par les rebelles.
Début février des épouses de militaires déployés au nord accusent le gouvernement de ne pas faire assez pour venir en aide à leurs maris assiégés au Nord notamment dans les garnisons de Tessalit et Aguelhoc.
Elles manifestent violemment et réclament le départ du président Touré qu’elles accusent de complicité avec les rebelles.
C’est dans ce contexte que Amadou Toumani Touré a été renversé dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 par une junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Aya Sanogo.
Suite à ce coup d’État, le Mali tombe dans une crise institutionnelle sans précédent et la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) engage une médiation pour rétablir l’ordre positionnel.
Grâce à cette médiation Amadou Touré accepte de démissionner officiellement de ses fonctions de président de la République du mali le 8 avril 2012 et s’exile à Dakar au Sénégal jusqu’au 24 décembre 2017 où il est définitivement rentré au pays.