Niger - Loi de finances: Nouvelles arrestations de contestataires
-Une chaîne de télévision appartenant à un des activistes de l'opposition a été fermée.
Niger
AA / Niamey / Kané Illa
La police nigérienne a procédé, dimanche après-midi, à l’arrestation de quatre activistes et d’un politicien, dans le cadre de la marche interdite de la société civile, a appris Anadolu de source proche de la société civile.
«Quatre de nos camarades ont été arrêtés dans l’après-midi d’hier», a indiqué Mounkaïla Halidou, membre de la société civile opposée à la loi de finances, dans une déclaration à Anadolu.
Il s’agit d’Ali Idrissa du Comité indépendant de réflexion et d’actions pour la sauvegarde des acquis démocratiques (CROISADE), Nouhou Arzika, Lirwana Abdourahamane et Idrissa Adamou du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable (MPCR).
Selon la même source, un politicien a aussi été arrêté. Il s'agit de Ousseïni Maïga, membre du Bureau politique du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA), le parti de l’opposant Hama Amadou.
Un peu plus tôt dans la matinée du dimanche, c’est le secrétaire général de l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC), Moussa Tchangari, qui a été arrêté.
Toutes ces arrestations ont eu lieu dans le cadre de la marche et du sit-in que la Société civile opposée à la loi de finances avait prévu d’organiser dimanche à Niamey.
Ces manifestations avaient été interdites par les responsables de la ville de Niamey, «pour des raisons évidentes de sécurité».
Mais, la société civile avait décidé de braver cette interdiction qu’elle avait qualifiée de «contraire à la Constitution et aux instruments juridiques internationaux».
Mobilisées en grand nombre dans les rues de Niamey et aux abords des sièges des principales organisations de la société civile, les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants qui avaient commencé à converger vers le lieu du rassemblement.
Dans leur fuite, les manifestants avaient érigé des barricades, bloquant la circulation à plusieurs endroits de Niamey et pendant de longues heures.
Dans la soirée du dimanche, les autorités ont également arrêté la diffusion de la chaîne de télévision privée «Labari», appartenant à l’activiste Ali Idrissa.
Lundi, la chaîne n’a toujours pas été autorisée à reprendre la diffusion de ses programmes.
De même, des véhicules de la police, de la garde républicaine et de la gendarmerie étaient encore visibles devant les sièges des organisations de la société civile et à certains endroits stratégiques de la capitale nigérienne.
La marche et le sit-in interdits rentrent dans le cadre des «Journées d’actions citoyennes (JAC)», lancées le 28 janvier dernier par la société civile, qui consistent à organiser des manifestations toutes les deux semaines, pour exiger le retrait des «mesures antisociales» contenues dans la loi de finances.
Ces manifestations sont soutenues par quatre centrales syndicales et trois fronts de l’opposition politique.
Accusant la société civile et l’opposition de vouloir se servir de la loi de finances pour «déstabiliser» leur régime, les partis au pouvoir ont organisé, de leur côté, des manifestations les 4 et 10 mars à Niamey et dans d’autres grandes villes nigériennes, pour «apporter leur soutien au président de la République et au gouvernement».
Depuis le mois d’octobre 2017, le Niger vit au rythme des manifestations à propos de la nouvelle loi de finance 2018. La première manifestation a été organisée le 29 octobre, quelques jours avant même l’examen de cette loi par l’Assemblée nationale.
La manifestation a été dispersée par la force et de nombreux dégâts matériels ont été enregistrés. Malgré tout, l’Assemblée nationale avait adopté, le 23 novembre, ladite loi et à une forte majorité de députés.
Les organisations de la société reprochent à la loi de finances de comporter des mesures «antisociales», comme celles portant augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de certains produits de première nécessité et celles sur la suppression de certaines taxes appliquées aux opérateurs de téléphonie mobile.
Lors d’une rencontre avec des représentants des partenaires techniques et financiers, en début du mois de mars, le ministre des Finances Hassoumi Massaoudou avait déclaré que le gouvernement ne cédera pas à la «pression de la rue».