RDC / Gratuité de l'enseignement : manifestation contre l'Eglise catholique
- Propriétaire de la majorité d'écoles en RDC, l'Eglise catholique, est accusée d'instrumentaliser les gestionnaires d'écoles pour revenir à la prise en charge de l'enseignement par les parents.
Congo, The Democratic Republic of the
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Des dizaines d'habitants dont des militants des partis au pouvoir ont manifesté dimanche à Bukavu , dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), contre l'Eglise catholique dont les écoles sont accusées de ne pas respecter les directives des nouvelles autorités en ce qui concerne la gratuité de l'enseignement primaire.
Des dizaines de manifestants ont envahi les bâtisses de l'Eglise pour appeler les catholiques à donner un mot d'ordre aux enseignants afin que les cours reprennent dans les écoles publiques.
Depuis quelques jours, les enseignants sont entrés en grève, exigeant des mesures "concrètes" pour la gratuité.
A la cathédrale de Bukavu et la paroisse de Cimbunda, les protestataires ont brûlé des pneus à l'entrée et brandi des banderoles sur lesquelles on peut lire : "Chers parents, pas d'école, pas d'église. Il n'y aura plus de messes dans les églises catholiques et protestantes tant que leurs écoles ne seront pas ouvertes".
"Pas d'église pas d'école, chers parents, soyons unis pour accompagner la gratuite dans notre pays", peut-on lire sur une autre banderole.
La situation est revenue à la normale avant-midi grâce à l’intervention de la police.
Des agents de l’ordre se sont déployés afin de permettre aux messes de se dérouler sereinement.
Les enseignants réclament l'application des accords de Bibwa (à Kinshasa) qui fixent à plus de 300 dollars le salaire moyen de base d'un enseignant.
Cette année, le président Félix Tshisekedi a décrété la gratuité de l'enseignement primaire mais le financement de cette mesure n'est pas encore défini.
Propriétaire de la majorité d'écoles en RDC, l'Eglise catholique, est accusée d'instrumentaliser les gestionnaires d'écoles pour revenir à la prise en charge de l'enseignement par les parents.
Dimanche dernier, l'archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a revendiqué à l'Etat congolais des "dispositions claires" qui "rendent véritablement effective cette gratuité".
"Il faut que les frais de fonctionnement débloqués par l’Etat permettent de répondre aux besoins de base enregistrés par les écoles", a déclaré le prélat qui sera créé, le 5 octobre prochain, cardinal par le pape.
L'enseignement primaire est devenu gratuit dans les écoles publiques suite à une décision du président Tshisekedi, début septembre, à l'occasion de la rentrée scolaire. Les syndicalistes plaident pour la gratuité jusqu'au niveau du secondaire.