RDC: L’opposition autorisée à manifester à Kinshasa
- Mais engage un bras de fer avec les autorités sur l’itinéraire de la manifestation
Kinshasa
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Les autorités congolaises ont autorisé l’opposition à manifester samedi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC) où les opposants Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga, ont initié une manifestation contre la vie chère, l’insécurité et l’opacité dans les préparatifs des élections, a rapporté vendredi le correspondant d'Anadolu.
Les 4 opposants, tous candidats déclarés à l’élection présidentielle prévue en fin d’année, avaient prévu deux itinéraires avec comme seul point de chute, le palais du Peuple, siège de l’Assemblée nationale et du Sénat.
« La marche a été autorisée. Elle ne devrait se dérouler que sur l’itinéraire compris entre le rond-point Sakombi et la place YMCA (située sur l'avenue Kasa-Vubu dans la commune de Kalamu à Kinshasa, a plus de 3 kilomètres du palais du peuple, ndlr). C’est la décision qui a été arrêtée après des heures de concertation, jeudi, à l’hôtel de ville », a déclaré à Anadolu, Gratien Tshakala, ministre provincial de l'Intérieur, sécurité et justice de la capitale Kinshasa.
« L'itinéraire initial a été modifié car la ville va abriter ce même samedi trois autres manifestations. Il est de notre devoir de les encadrer et d’éviter qu’il y ait des confrontations. La ligue des jeunes de l’UDPS (L'Union pour la démocratie et le progrès social, parti présidentiel) nous avait également écrit pour demander l’autorisation de marcher et à la fin il y a le parti du gouverneur de province qui effectuera sa sortie officielle ce même jour », a-t-il expliqué. Tshakala a évoqué à cet effet des « impératifs sécuritaires » ayant motivé cette décision.
Les opposants ont contesté cet itinéraire. Devos Kitoko, secrétaire général du parti de l’opposant Martin Fayulu (Engagement des citoyens pour le développement, Ecidé) a dénoncé auprès d’Anadolu un « stratagème pour contrer la mobilisation du peuple contre un régime aux abois ».
Les militants de l’opposition, a-t-il annoncé, vont manifester sur l’axe compris entre la commune de Lemba et le siège de l’Ecidé (près du palais du Peuple).
« Nous n’aurons peur de personne et de rien. Le monde sera témoin », a-t-il prévenu.
La police a annoncé lundi qu’elle dispersera « tout rassemblement de plus de 10 personnes » à Lemba où les opposants comptent débuter leur marche.
« Toute violation de la décision de l’autorité urbaine sera confrontée à l’intervention ferme de la police », a déclaré à Anadolu, le commissaire divisionnaire, Sylvano Kitenge.
L’opposition accuse le pouvoir d’être responsable de l’insécurité qui secoue l’est du pays, qui compte plus de 100 groupes armés. Elle accuse également le pouvoir en place de préparer la fraude aux prochaines élections prévues le 20 décembre 2023.
Le président Félix Tshisekedi au pouvoir depuis 2019 compte briguer un second quinquennat.