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RDC: Le tristement célèbre "esprit de mort" continue de sillonner les rues de Kinshasa

-Vétustes et délabrées, elles sont surnommées "esprits de mort" en raison des nombreux accidents qu’elles occasionnent dans les rues, elles ce sont des fourgonnettes aménagées en minibus pour rallier les bidonvilles qu centre de Kinshasa.

Nadia Chahed  | 08.02.2018 - Mıse À Jour : 08.02.2018
RDC: Le tristement célèbre "esprit de mort" continue de sillonner les rues de Kinshasa

Kinshasa

AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa

Equipées de banquettes en bois, vétustes et délabrées, elles sont surnommées "esprits de mort" en raison des nombreux accidents qu’elles occasionnent dans les rues, elles ce sont des fourgonnettes aménagées en minibus qui assurent la liaison entre bidonvilles et le centre-ville de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Chaque matin, pleines à craquer, elles traversent les rues de la capitale et de ses environs proches et lointains, pour embarquer les kinois, notamment les plus démunis, et les emmener à destination.

Le matin, le flux le plus important se dirige vers le centre de la capitale où travaille la quasi majorité des habitants des quartiers périphériques.

Le soir c'est dans le sens inverse que ces bus de fortune ramènent leur passagers, qui bravent des conditions extrêmes et risquent, des fois leur vie, pour pouvoir circuler entre leurs quartiers rarement desservis par d'autres moyens de transport et le centre de la capitale.

Surchargés, ces fourgonnettes traversent à l'aveuglette les rues de Kinshasa, elles ne sont, en effet, équipées ni de rétroviseurs ni de feux de sécurité et s'arrêtent n'importe où, risquant de provoquer une collision de plusieurs voitures ou même de percuter des piétons, d'où leur surnom "esprits de mort".

En guise de réservoir, elles sont généralement équipées d'un bidon de dix litres placé sous le siège du conducteur.

Ces véhicules sont en état de "panne perpétuelle", explique en souriant Gédéon un ex-conducteur d’un "esprit de mort" qui dénonce, outre l'état délabré de ces bus, la façon de conduire des chauffeurs qui n'hésitent pas à monter sur la chaussée pour dépasser d'autres voitures, note-t-il.

A bord c'est un mélange hétéroclite de passagers, on y trouve aussi bien le fonctionnaire que l'étudiant.

Si certains y ont recours pour des soucis financiers (le trajet le plus long ne coûtant pas plus de 500 Francs congolais-0,35 dollars), d'autres le font par nécessité, faute d'autres moyens de transport assurant la liaison entre leurs quartiers et ceux où ils travaillent ou étudient.

Kalema, enseignant qui habite à Ndjili, commune de l’Est de Kinshasa, est, depuis plusieurs décennies, un passager fidèle des "esprits de mort" et ce en dépit risque à courir. "On n’a pas deux choix, ce sont les seuls bus qui nous offrent du service à prix réduit", explique-t-il.

Les petites voitures de particuliers surnommés "Ketch" et les grands bus luxueux de l’Etat proposent, en effet, des tarifs beaucoup plus élevés que celui des "esprits de mort".

Selon la commission nationale de prévention routière (CNPR), ces bus sont derrière nombre d’accidents mortels sur les routes de Kinshasa.

Fataliste, Kalema explique, pour sa part, "la mort et la vie ne dépendent pas de nous, de toute façon on meurt tous un jour".

Le 30 Juin 2013, après plusieurs tentative pour interdire la circulation des bus vétustes, l’Etat a crée "TRANSCO" sa propre société de transport avec aujourd’hui plus de 400 bus sur les routes de Kinshasa. Neufs et luxueux avec un tarif social, ces bus surnommés par concurrence "esprit de vie" n’ont jamais réussi à chasser les "esprits de mort" sur la chaussée.

Plusieurs habitants de la capitale critiquent d'ailleurs ces bus où on "doit faire le trajet debout" et ne "descendre que dans des stations bien déterminées pour refaire des fois la moitié du chemin à pied", note Astrid une étudiante.

"A part encombrer davantage les rues de la capitale, ces bus n'ont nullement résolu le problème de transport dont souffre Kinshasa avec millions d'habitants", note David, conducteur d’un "esprit de mort".

Assimilés au régime en place, les bus gouvernementaux sont souvent ciblés lors des manifestations anti-Kabila.

Au lendemain de l’annonce de la mort, le 1er février 2017, du principal leader de l’opposition Etienne Tshisekedi, une vingtaine de bus de la société d'Etat avaient été vandalisés.

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