RDC : l'ONU inquiète face à "l'avancée rapide" des M23 vers le Sud-Kivu
-Le M23 serait actuellement à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu, capitale du Sud-Kivu

Tunis
AA/Tunis
Après la chute de Goma (province du Nord-Kivu), aux mains des rebelles du M23 – qui bénéficieraient du soutien du Rwanda–le chef des opérations de paix de l’ONU s’est dit, vendredi, préoccupé par l’avancée des rebelles vers Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, qui fait craindre selon lui une escalade régionale, a rapporté l’ONU dans un communiqué.
« Ils semblent avancer assez rapidement », a indiqué Jean-Pierre Lacroix, lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York.
Selon ses informations, le M23 serait actuellement à environ 60 kilomètres au nord de Bukavu, dans le Sud-Kivu, où le groupe armé s’était déjà emparé, le 21 janvier dernier, de Minova, une ville stratégique le long de la route vers Goma.
Lacroix a, en outre, précisé que les rebelles sont désormais à quelques kilomètres à peine de l’aéroport de Kavumu, qui dessert Bukavu
« S’ils prenaient le contrôle de cet aéroport, ce serait une autre étape importante », a-t-il mis en garde.
Le chef des opérations de paix s’est par ailleurs inquiété des risques d’escalade au-delà des frontières de la RDC que fait peser l'extension des combats au Sud-Kivu.
« Si l’on tient compte du passé, cela pourrait potentiellement dégénérer en conflit régional plus vaste », a-t-il estimé citant à titre d'exemple le durcissement de ton des derniers jours entre le Rwanda et l’Afrique du Sud, suite à un sommet virtuel de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), le 29 janvier, auquel le chef de l'Etat de la RDC, Félix Tshisekedi, n'a pas participé.
À cette occasion, le Président rwandais, Paul Kagame, a accusé son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, de « tordre la réalité », voire même de « mentir », rappelle l'ONU.
Lacroix s’est également dit préoccupé par une déclaration de Corneille Nangaa, le chef de l'Alliance Fleuve Congo, une coalition anti-gouvernementale affiliée au M23, qui s’est dit prêt, jeudi lors d'une conférence de presse, « à avancer vers Kinshasa », la capitale de la RDC.
Pour éviter toute escalade, Lacroix a indiqué que la MONUSCO multiplie les efforts visant à trouver une solution politique au conflit.
Le chef des opérations de paix a également salué l’effervescence diplomatique régionale des dernier jours pour tenter de sortir de la crise, qu’il s’agisse du sommet extraordinaire des chefs d’État de la SADC, organisé vendredi au Zimbabwe, ou de la réunion d’urgence du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), qui a eu lieu le 28 janvier.
Au moins 700 personnes ont été tuées et 2800 autres blessées lors des affrontements pour le contrôle de la ville de Goma entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, entre dimanche 26 janvier et jeudi 30 janvier, selon un bilan donnée vendredi par l'ONU.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.