RDC : près de 30 cas de violences sexuelles recensés par jour en 2020 (MSF)

Kinshasa
AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa
L’organisation médicale et humanitaire internationale, Médecins sans frontières (MSF), a affirmé avoir pris en charge près de 11 000 victimes de violences sexuelles en 2020 dans six des 26 provinces de la République démocratique du Congo (RDC) où le viol est considéré comme une arme de guerre notamment par les groupes armés.
Ce chiffre colossal ne représente que la pointe émergée de l’iceberg, souligne MSF dans un communiqué parvenu jeudi à l’agence Aanadolu.
En 2020, précise le texte, « les équipes de MSF, en collaboration avec le ministère de la Santé, ont pris en charge près de 11 000 victimes de violences sexuelles, soit près de 30 par jour, dans six des 26 provinces de la RDC »
MSF précise en outre que « 4 078 victimes ont été prise prises en charge dans le Nord-Kivu ; 3 278 dans le Kasaï-Central ; 1 722 dans le Maniema ; 907 dans le Sud-Kivu ; 768 en Ituri et 57 dans le Haut Katanga ».
« L’ampleur des violences sexuelles en RDC est reconnue et dénoncée par de nombreux acteurs nationaux comme internationaux », souligne Juliette Seguin, cheffe de mission de MSF en RDC.
Elle regrette que ces condamnations « peinent à être suivies d’actes concrets, que ce soit en termes de prévention, de prise en charge ou de protection des personnes ».
En ce qui concerne la prise en charge, elle affiche des lacunes : « personnel médical pas ou peu formé ; indisponibilité de médicaments et traitements ; soutien socio-économique et juridique aux survivants largement insuffisant », égrène MSF, tirant la sonnette d’alarme quant au manque de soutien.
Suite à leur agression, note encore le communiqué, « beaucoup de victimes, par peur de retourner travailler aux champs ou au marché ou rejetées par leur communauté, s’enfoncent alors dans un cycle de pauvreté », mais peu de programmes de soutien économique sont disponibles pour leur venir en aide.
« Les besoins immédiats et à long terme sont gigantesques, mais les approches et les financements qui permettraient d’y répondre font dramatiquement défaut », déplore Seguin.
Moins de 6% des financements internationaux demandés pour répondre aux besoins humanitaires en matière de santé en RDC ont été déboursés, à peine 18% des montants demandés en matière de protection des populations et de droits humains, d’après MSF, qui note que cette tendance se poursuit en 2021.
MSF appelle les autorités congolaises, la société civile et leurs partenaires internationaux à « redoubler » d’efforts pour assurer une prise en charge complète et de bonne qualité des survivants de violences sexuelles – médicale, psychologique, socioéconomique et juridique.
« Le narratif des violences sexuelles comme ‘arme de guerre’ a tendance à gommer le fait que ces violences sont aussi perpétrées par des hommes non-armés et dans des régions plus stables où peu d’acteurs sont présents pour offrir un appui », explique Juliette Seguin.
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