Afrique

RDC: Trois humanitaires tués avant un sommet sur la crise dans le pays

- La Tanzanie accueille un sommet conjoint de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la SADC pour discuter de la situation à Goma.

Mevlüt Özkan, Riyaz Khaliq Khaliq  | 07.02.2025 - Mıse À Jour : 10.02.2025
RDC: Trois humanitaires tués avant un sommet sur la crise dans le pays

Istanbul

AA / Istanbul / Mevlut Ozkan

Trois travailleurs humanitaires affiliés à une organisation caritative internationale ont été tués dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que les dirigeants africains doivent se réunir ce vendredi pour discuter de l'aggravation de la situation dans cette région frontalière du Rwanda.

L’organisation "Swiss Church Aid" a fermement condamné l’attaque et annoncé la suspension de toutes ses activités dans la province du Nord-Kivu.

Depuis l’attaque de Goma, la capitale provinciale, par les rebelles du M23, plus de 3 000 personnes ont perdu la vie et des milliers d’autres ont été blessées.

Dans un communiqué adressé à Anadolu, Dieter Wuthrich, porte-parole de Swiss Church Aid, a précisé que trois employés locaux de l’organisation ont été tués mercredi lors d’une mission humanitaire dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.

L’ONG a indiqué ne pas être en mesure d’identifier les responsables de l’attaque, alors que des affrontements sporadiques opposent toujours les rebelles du M23 aux forces armées congolaises.

Le mois dernier, un membre du personnel de Médecins Sans Frontières a également été tué à Goma.

Cette attaque contre des travailleurs humanitaires survient alors que les dirigeants de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) doivent discuter de l’escalade du conflit dans l’est du Congo lors d’un sommet conjoint à Dar es Salaam, la plus grande ville de Tanzanie.

Les principaux diplomates des deux blocs régionaux se réuniront ce vendredi, avant que leurs dirigeants se retrouvent samedi pour évoquer un éventuel cessez-le-feu.

Les autorités congolaises décrivent la situation à Goma comme "catastrophique", avec près de 3 000 morts et des milliers de blessés depuis la mi-janvier dans les affrontements entre l'armée congolaise et les rebelles.

D’après les Nations Unies, environ 2 900 personnes ont été tuées dans ces combats.

En outre, 20 casques bleus, dont 14 Sud-Africains, ont également perdu la vie à Goma dans ces affrontements armés.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir les rebelles et d’avoir déployé ses troupes à Goma.

Kigali, tout en rejetant ces accusations, n’a toutefois pas nié explicitement la présence de ses soldats dans la ville.

Les rebelles du M23 affirment contrôler Goma, mais ont violé leur propre cessez-le-feu en s’emparant de la ville de Nyabibwe, dans la province du Sud-Kivu.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba

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