RDC: Une école pas comme les autres qui aplanit le handicap
Unique établissement du genre, l'école "Nguvu Yet", située à Kiwanja, offre, outre un cursus de base, des formations en maçonnerie, menuiserie, couture, photographie, ouvrant à ses pensionnaires les portes d'un marché de l'emploi plutôt verrouillé

Congo, The Democratic Republic of the
AA/RDC/Joseph Tsongo
Sourd-muets de naissance, Ancet, Biriko, Kavira et bien d'autres jeunes du territoire de Rutshuru dans l'Est de la RDC ont pu dépasser leur handicap et apprendre un métier grâce à l'école "Nguvu Yet", notre Force en Kiswahili local.
Unique établissement du genre, l'école située à Kiwanja, localité du Rutshuru, offre, outre un cursus général de base, des formations en maçonnerie, menuiserie, couture, photographie, ouvrant à ses pensionnaires les portes d'un marché de l'emploi plutôt verrouillé, notamment face aux porteurs de handicaps.
"Les apprentis issus de notre école sont très appréciés par la population et les employeurs qui font de plus en plus appel à eux", affirme, fièrement, le responsable de ce centre, Audacieux Ntaumenya Jimmy.
D'ailleurs même des jeunes valides, viennent désormais suivre nos formations, ajoute la même source notant que ce choix est, surtout, motivé par la qualité de la formation.
C'est également bénéfique pour les porteurs de handicap dans la mesure où elle leur permet de communiquer avec des personnes valides et de mieux s'intégrer, plus tard, en société, souligne encore le responsable, ajoutant que cette mixité permet aux jeunes non-porteurs de handicaps d'apprendre le langage des signes.
Ancet Kambale, 28 ans a suivi une formation en menuiserie dans le centre de Nguvu Yetu. Aujourd'hui il est célèbre dans sa commune et même ailleurs.
"Les gens ont été séduits par son savoir faire oubliant au passage son handicap", se réjouit son père.
Contremaître en maçonnerie, Innocent Biriko reconnait pour sa part faire souvent appel à des ouvriers sourd-muets formés à "Nguvu Yetu".
"Jusque-là, très peu de sourd-muets pouvaient prétendre vivre d’un métier dans notre province du Nord-Kivu, et encore moins espérer fréquenter une école spécialisée", rappelle-t-il, notant que "la société a toujours eu peu d’égard à leur endroit alors que leurs familles les considéraient souvent comme une charge de trop", note Innocent.
Aujourd'hui les choses commencent à changer et on reconnait, de plus en plus, le savoir faire des sourd-muets qui dépasse, des fois, celui de personnes valides, déclare, pour sa part, Kavira Mauta, enseignante dans cet établissement spécialisé.
Rachel Kavira, couturière formée également à "Nguvu Yet", est un autre exemple de réussite." Pour la confection de tous nos uniformes, nous faisons appel à Rachel ", témoigne Hortense Kalamata, agent dans une ONG locale.
Le succès de Rachel, d'Ancet et de bien d'autres jeunes sourd-muets, s'explique outre leur ferme volonté de dépasser leur handicap par la qualité de la formation fournie au sein de cette Nguvu Yetu, souligne le directeur de cet établissement.
Expliquant la méthode d'apprentissage adoptée au sein de son école, Audacieux Ntaumenya Jimmy, indique que "pour une meilleure intégration sociale, les sourds-muets et les apprenants valides suivent des cours communs chaque mardi de la semaine".
Grâce à la méthode appelée "logopédie", on apprend aux sourd-muets comment prononcer les mots et les jeunes valides profitent de leur côté pour apprendre le langage des sourds, note-t-il encore.
Une méthode qui n'a pas manqué de séduire les parents et même ceux d'enfants sans handicap.
"J’ai inscrit mon fils dans cette école spécialisée parce qu'elle offre une formation de qualité à un coût abordable, soit 30 dollars par an" , témoigne à Anadolu Chiruza Shyaka, maman du jeune Peter qui ne porte aucun handicap.
Un avis partagé par Kamwite wetu, un jeune papa qui a décidé également d'inscrire son fils dans cette école.
Aujourd'hui l'école Nguvu Yetru compte 150 sourd-muets et près d'une cinquantaine de jeunes non porteur de handicap, précise Audacieux Ntaumenya. S"'agissant du nombre de sourd(muets dans tout le territoire, il indique qu'aucune statistique exhaustive n'a été conduite pour les recenser.