RDC: Vent d’indignation après la profanation de paroisses catholiques dans le Kasai
- Une dizaine de paroisses vandalisées entre avril et Juillet
Kinshasa
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Les autorités congolaises et autres personnalités ont condamné, lundi, la profanation de paroisses catholiques dans la province du Kasai Oriental (Centre) fief du Président Félix Tshisekedi alors que l’Eglise est à couteaux tirés avec le pouvoir.
Une dizaine de paroisses ont été vandalisées, des objets sacrés et ornements liturgiques emportés entre le mois d’avril et Juillet, a affirmé dans un communiqué, l’évêque du diocèse de Mbuji - Mayi, Mgr Bernard Kasanda. Une poignée de jeunes a tenté de vandaliser la résidence du cardinal Fridolin Ambongo, dimanche à Kinshasa, l’accusant d’être opposant au régime en place.
« Le gouvernement de la république condamne fortement les actes de profanations, de violence et de vandalisme qui ont été observés à Kinshasa et à Mbuji Mayi contre l’église catholique. Le vandalisme et la violence n’ont aucune place dans le Congo d’aujourd’hui », a réagi le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde.
L’ancien gouverneur de la province du Katanga (Sud - Est) actuellement membre de la coalition présidentielle, Moïse Katumbi, a affirmé que « jamais pareils actes sacrilèges ne s'étaient produits avec une telle intensité en RDC ».
« Je condamne avec la plus grande fermeté les profanations d'Eglises au Kasaï, ainsi que les pressions exercées devant la résidence du cardinal Fridolin Ambongo. Il faut mettre fin à l'intolérance » , a-t-il déclaré sur son compte Twitter.
L’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba a jugé « inadmissibles » ces « comportements qui doivent être impérativement sanctionnés ».
Depuis un hôpital, Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi, condamné dans une affaire de détournement de fonds, a prévenu que ces actes et ces discours « incendiaires risquent de replonger le pays dans le chaos des années 60 » marqués par la sécession. Il a appelé à « un sursaut patriotique pour la cohésion et à bâtir un Congo où il fera beau vivre, sans exclusion ». L’opposant Martin Fayulu, qui revendique toujours sa victoire à la présidentielle du 30 décembre 2018 en RDC, a affirmé, quant à lui, que ces « actes inacceptables sont l’œuvre d'une catégorie de personnes en perdition qui doivent très vite se ressaisir ».
Dans un communiqué de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), le cardinal, les archevêques et évêques se sont dits « peinés » par les attaques contre les paroisses au Kasai et « choqués » par l’attaque contre la résidence du cardinal Fridolin Ambongo. « C’est une entorse à la démocratie », d’après la CENCO.
Dans le Kasai, les autorités ont convoqué, lundi, une réunion du conseil de sécurité à laquelle l’évêque du diocèse de Mbuji-Mayi a été convié.
L’Eglise catholique a toujours été au cœur du combat politique en RDC où elle avait organisé des marches à travers des paroisses à Kinshasa et autres villes du pays pour réclamer le départ de Joseph Kabila en 2018 et l’organisation des élections.
L’Eglise avait également contesté les résultats de la présidentielle donnant Félix Tshisekedi pour vainqueur. Pour l’Eglise, les résultats n’exprimaient pas la volonté “du peuple”.