Riche en ressources naturelles, la République démocratique du Congo aspire à la stabilité
- Le pays est depuis plusieurs années en proie aux actions de nombreux groupes armés
Istanbul
AA / Istanbul - Yaoundé / Tufan Aktas / Ahmet Emin Donmez
La République démocratique du Congo (RDC) regorge de minerais précieux tels que le cobalt et le coltan, prisés par les géants mondiaux de la technologie. Les autorités tentent depuis des années de protéger ces richesses sorties clandestinement du pays par des groupes armés et des contrebandiers.
Selon les Nations unies (ONU), l'argent, le cuivre, le cobalt, l'or, le coltan et les diamants ne sont que quelques-uns des dizaines de métaux précieux extraits dans le pays, dont les réserves souterraines intactes représentent environ 24 000 milliards de dollars.
Le pays est en effet considéré comme le leader mondial de la production et des réserves de minéraux utilisés dans les équipements électroniques et les batteries des véhicules électriques, ainsi que dans la technologie 5G. Les multinationales de l'énergie font déjà la queue pour les réserves de pétrole du pays qui attendent d'être extraites.
Alors que le gouvernement de la RDC poursuit les négociations de paix avec des dizaines de groupes armés, il accuse notamment le Rwanda voisin de soutenir directement certains mouvements.
En outre, l'annonce de la tenue des élections présidentielles en fin 2023 et la potentielle candidature de l'ancien président Joseph Kabila augmentent le risque de tension politique dans le pays.
Des dizaines de géants de la technologie, dont Tesla, BMW, Apple ou encore Samsung, lorgnent sur les mines à extraire de ce pays en raison de la demande croissante de mines utilisées dans les batteries.
La RDC vit cependant sous la menace de dizaines de groupes armés aux motivations ethniques et politiques.
La MONUSCO, la force de maintien de la paix la plus importante et la plus ancienne des Nations unies, compte actuellement environ 20 000 hommes en service et coûte à l'ONU plus d'un milliard de dollars par an.
Les rapports dévoilés par les experts du Conseil de sécurité de l'ONU sur la RDC en 2020 et 2021 révèlent l'ampleur de la contrebande de minéraux et pointent du doigt les revenus générés par les pays voisins.
Les minerais sont acheminés vers des négociants intermédiaires, puis traversent la frontière vers d'autres pays sans les certificats nécessaires pour identifier l'origine des minerais.
Le coltan (columbite-tantalite), grâce aux minéraux qu'il contient, constitue l'une des parties indispensables des chargeurs après traitement.
En raison du faible contrôle exercé par le gouvernement en RDC, qui produit à elle seule environ 80 % du coltan mondial, ce minerai est principalement transporté par des groupes rebelles à de petits commerçants et, de là, à des sociétés intermédiaires qui l'acheminent dans le monde entier. Le minerai est principalement trouvé dans toute la partie orientale du pays et est souvent exploitée à la main, sans recours à la technologie.
Plus de 70 % du minerai de cobalt utilisé dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques et autres appareils électroniques. Selon l'US Geological Survey, la RDC représentait à lui seul 120 000 des 170 000 tonnes de cobalt produites dans le monde en 2021, suivi par la Russie (7 600 tonnes) et l'Australie avec (5 600 tonnes).
De nombreux groupes armés tirent leurs revenus de l'or de la contrebande, souvent acheminé vers l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda, la Tanzanie et les Émirats arabes unis.
En 2019, 18 personnes dont les enfants ont été tués ou blessés dans une mine de cobalt dans le sud du pays et des compensations ont été demandées à des entreprises comme Apple, Google, Tesla, Microsoft et Dell aux États-Unis.
Il existe actuellement des dizaines de groupes rebelles dans le pays, dont certains se distinguent par l'ampleur de la menace qui pèse sur le gouvernement.
- Le mouvement du 23 mars (M23)
Le mouvement rebelle du 23 mars (M23), fondé par d'anciens membres de l'armée de la RDC, est actif dans l'est du pays.
Le M23, également connu sous le nom d'"Armée révolutionnaire congolaise", né après la rupture de l'accord de paix le 23 mars 2009, est composé de Tutsis, la tribu de Paul Kagame, qui dirige le Rwanda.
Les troupes de la Communauté d'Afrique de l'Est établissent actuellement un tampon face au M23 dans le Nord-Kivu, où un cessez-le-feu a été déclaré en raison des accords de paix.
- "Mai-Mai Kata Katanga"
"Mai-Mai Kata Katanga" est connu comme le groupe rebelle qui lutte pour l'indépendance du Katanga, la province la plus riche du pays.
Les "Mai-Mai Kata Katanga" ont choisi Lubumbashi, la plus grande ville de la province du Katanga, comme capitale, et utilisent leur propre drapeau dans la région.
Le groupe aurait été fondé en septembre 2011 sous la direction de Kyungu Mutanga, un évadé de prison condamné pour crimes contre l'humanité.
Le groupe rebelle, qui est très présent dans la région de Mitwaba au Katanga, compterait plus de 3 000 combattants. Après 2015, le groupe a formé un parti politique et a tenté des moyens pacifiques pour l'indépendance.
Selon l'ONU, le groupe tire l'essentiel de ses revenus des mines d'or qu'elle détient.
- Forces démocratiques alliées
Les Forces démocratiques alliées (ADF), considérées comme une organisation terroriste par l'Ouganda et la RDC, ont été fondées en Ouganda à la fin des années 1990 et ont ensuite commencé à opérer en RDC voisine.
Les ADF ont été fondées par d'anciens membres de mouvements tels que l'Armée nationale de libération de l'Ouganda (NALU), l'Armée musulmane de libération de l'Ouganda et le mouvement Tablighi Jamaat.
Le groupe, qui recevrait un soutien financier extérieur, reste actif en dépit des opérations militaires de grande envergure des armées congolaise et ougandaise. Les ADF ont intensifié leurs actions violentes sous la direction de Musa Baluku, qui a pris la tête du groupe après l'arrestation de son chef Jamil Mukulu en 2015.
Les ADF sont divisées en deux factions, la faction Mukulu, qui privilégie les politiques plus souples, et la faction Baluku, qui préconise le radicalisme.
L'objectif de l'organisation serait d'établir un État islamique dans la région.
Des milliers de civils auraient été tués et 100 000 personnes auraient été déplacées depuis 2014 à la suite des attaques des ADF, qui tentent de gagner de l'espace en profitant de l'absence d'autorité dans l'est de la RDC.
- Forces démocratiques pour la libération du Rwanda
Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), actives dans l'est de la RDC depuis les années 2000, sont principalement composées de Hutus qui s'opposent aux Tutsis.
Les FDLR comprennent des membres de l'armée de l'ancien régime rwandais renversé en 1994, et ont été tenues responsables de nombreuses attaques terroristes. Certains de leurs anciens dirigeants comparaissent devant la Cour pénale internationale.
Des milliers de soldats sont affiliés à ce groupe, qui vise à renverser le gouvernement rwandais actuel et constitue une menace pour la RDC.
- Coopérative pour le développement du Congo
La Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), fondée à l'origine en 1970 par Bernard Kakado en tant que coopérative agricole, s'est transformée en un mouvement rebelle armé prétendant défendre les droits de l'ethnie Lendu.
La branche armée de la Codeco, qui opère dans la province d'Ituri, dans l'est de la RDC, aurait été créée pour récupérer leurs terres, qui auraient été prises par un autre groupe ethnique de la région, les Hema, et pour empêcher les étrangers d'exploiter les ressources du pays.
Les attaques de la Codeco contre l'ethnie Hema dans la région de l'Ituri, auraient fait des milliers de morts. Plusieurs dirigeants du groupe ont été accusés de crimes de guerre par l'ONU.
* Traduit du turc par Alex Sinhan Bogmis
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