Sénégal : Sonko condamne le livre d'une historienne française sur la Casamance, dénonçant "un projet de déstabilisation"
- "Si la France veut donner des archives, elle n'a qu'à nous donner les archives de ses exécutions sommaires au Sénégal pendant la colonisation", a martelé le Premier ministre sénégalais
Dakar
AA / Tunis / Fatma Ben Amor
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a condamné le livre d'une historienne française sur la Casamance, annonçant qu'il ne sera pas autorisé au Sénégal et dénonçant "un projet de déstabilisation". Il s'agit du livre " L’idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", de Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse française au Centre national de la recherche scientifique.
"Ce livre-là, personne n'en fera la promotion ici au Sénégal. Si cette Française veut écrire, elle n’a qu’à aller écrire sur la Corse qui demande son indépendance à la France. Elle n’a qu’à aller écrire sur la Nouvelle-Calédonie qui réclame son indépendance, mais elle n’a pas à écrire sur le Sénégal", a déclaré Sonko lors d'un meeting de campagne tenu le 1er novembre dans la soirée, à Ziguinchor, capitale de la Casamance.
"Je veux dire à la France : je ne sais pas qu'est-ce qu'il y a derrière cette affaire. Parce que la France avait témoigné dans la fin des années 90 avec Jacques Charpy, en clarifiant la question de l'appartenance totale et intégrante de la Casamance au Sénégal. Maintenant qu'il y a un régime -comme je l'ai toujours dit- qui n'est pas anti-français, qui est pro-sénégalais simplement, un régime qui dit : nous voulons notre souveraineté, nous n'accepterons plus d'être des valets de qui que ce soit, on nous sort un livre", a ajouté le Premier ministre sénégalais, tête de liste du parti Pastef aux élections législatives du 17 novembre.
Et de poursuivre : "Et puisqu'ils ne peuvent pas revenir sur leur témoignage, ils ne peuvent plus parler d'indépendance, ils glissent sur la notion d'autonomie. On ne veut pas d'autonomie, ce n'est pas ça la question. Nous sommes un Etat unitaire du nord au sud, de l'est à l'ouest, les mêmes réalités vont s'appliquer sur chaque portion du territoire national".
"Ce livre-là ne sera pas autorisé au Sénégal, ne sera pas commercialisé au Sénégal", a-t-il insisté, dénonçant "un projet de déstabilisation pour venir nous parler de ce qui nous concerne nous Sénégalais".
"Si la France veut donner des archives, elle n'a qu'à nous donner les archives de ses exécutions sommaires au Sénégal pendant la colonisation, des guerres qu'elle a menées ici, des tortures qu'elle a menées, des travaux forcés. C'est ça qu'on attend de la France. Qu’elle nous donne les archives de Thiaroye 44 (massacre des tirailleurs sénégalais, dans le camp de Thiaroye, en décembre 1944, NDLR), mais pas des archives sur une prétendue autonomie de la Casamance", a-t-il martelé.
La Casamance, coupée du nord du Sénégal par la Gambie, est secouée depuis 1982 par une crise née de la volonté du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) de recourir aux armes pour l’indépendance de la région. Des milliers de victimes civiles et militaires ont été enregistrées depuis lors. Les pourparlers entre l’Etat et des factions du mouvement n’ont jamais abouti à une paix définitive pour la région qui dispose de potentialités économiques importantes.
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