Tension entre Alger et Paris : L’organisation patronale algérienne annule sa visite en France pour rencontrer le MEDEF
- Selon l’organisation, les autorités françaises « ont déconseillé fortement à un dirigeant d’une entreprise française de se rendre en Algérie ».

Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
Le Conseil du Renouveau économique algérien (CREA), confédération des patrons algériens, a annoncé, ce mardi dans un communiqué, l’annulation de la visite qu’il devait effectuer en France, en mai prochain, où il était prévu de rencontrer le Mouvement des entreprises de France (MEDEF).
Cette décision, a précisé la même source, « intervient à la suite d’une mesure prise par les autorités françaises, déconseillant fortement à un dirigeant d’une entreprise française de transport maritime de se rendre en Algérie pour concrétiser un projet d’investissement ».
« Cette annulation, provoquée et justifiée par les autorités françaises au motif de la ‘’crise entre les deux pays’’, contredit les déclarations officielles appelant à l’apaisement et à la normalisation des relations algéro-françaises », a souligné le communiqué.
L’organisation algérienne a jugé « paradoxal que les mêmes autorités françaises, qui expriment des préoccupations quant à la participation limitée des entreprises françaises aux appels d’offres internationaux en Algérie, prennent des mesures qui entravent les initiatives d’investissement privées ».
« Face à cette situation incohérente et aux signaux négatifs adressés aux acteurs économiques algériens », le CREA a estimé qu’il « n’est pas opportun de maintenir sa visite en France ni sa rencontre avec le MEDEF ».
Poursuivant, l’organisation patronale algérienne « réaffirme son engagement en faveur de partenariats internationaux fondés sur la réciprocité, la transparence et le respect mutuel et demeure mobilisée pour défendre les intérêts de l’économie algérienne et de ses acteurs ».
Le déplacement de la délégation des patrons algériens en France a été annoncé à l’issue de l’échange téléphonique entre le président algérien, Abdelmadjid Tebboune et son homologue français, Emmanuel Macron, le 31 mars dernier.
Les deux présidents s’étaient entendus pour reprendre le dialogue, après mois de crise diplomatique entre les deux pays. Quelques semaines après, les tensions reprennent entre les deux pays.
Elles sont provoquées par l’arrestation, puis le placement, il y a quelques jours, en détention provisoire d'un agent consulaire algérien par la justice française, l'accusant d'implication dans l'affaire d'enlèvement et de séquestration de l’influenceur et réfugié politique algérien, Amir Boukhors, dit « Amir Dz ». Les faits remontent à 2024. Samedi dernier, l’Algérie a réagi en dénonçant l'arrestation de son agent consulaire et en exigeant sa « libération immédiate ».
Lundi l’Algérie a décidé d’expulser 12 agents de l’ambassade et des consulats de France de son territoire, en représailles à l’emprisonnement du fonctionnaire algérien à Paris. L’Algérie et la France ont traversé, pendant huit mois, une crise diplomatique inédite.
En effet, les relations entre les deux pays se sont dégradées à l'été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français, dont l'influenceur algérien Doualemn.
Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot qui menaçaient de recourir au « rapport de force ».
Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour « défendre les intérêts des Français ».
Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'appel téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, fin mars, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril courant, marquant « une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal » entre la France et l’Algérie.
Reçu par le chef de l'Etat algérien, le chef de la diplomatie française a affirmé que les deux pays avaient « décidé de tourner la page ».
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