Tensions en RDC : la France exige "le retrait intégral des troupes du M23 et des troupes rwandaises"
– Le porte-parole du Quai d'Orsay a rappelé que le chef de la Diplomatie française est actuellement en tournée en RDC et au Rwanda.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La France a réitéré son opposition à l'offensive du M23 et à la présence des forces rwandaises sur le sol congolais. Lors du point presse hebdomadaire du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a précisé la nature de l'engagement diplomatique français dans la région.
« Nous condamnons très fortement et vigoureusement la présence des troupes du M23 sur le sol congolais », a-t-il déclaré, rappelant que le Président français Emmanuel Macron s’était entretenu avec ses homologues congolais et rwandais pour réaffirmer cette position.
Selon lui, la visite en cours du ministre Jean-Noël Barrot en République démocratique du Congo (RDC) puis au Rwanda s’inscrit dans un « effort français sur le plan diplomatique », en soutien aux processus de paix de Luanda et Nairobi.
Interrogé sur la mission de Barrot à Kigali, Lemoine a souligné que « le ministre redira cette position et demandera au président Kagame le retrait intégral des troupes du M23 et des troupes rwandaises », insistant sur la nécessité de stabiliser la région.
- Vers des sanctions contre le Rwanda ?
Face aux questions des journalistes sur d’éventuelles mesures de rétorsion, Lemoine a souligné le rôle actif de la France au Conseil de sécurité des Nations unies. « C’est la France qui a demandé une réunion d’urgence au Conseil de sécurité dimanche dernier », a-t-il souligné, précisant que les discussions sont « encore en cours ».
Sur l’éventualité de sanctions contre le Rwanda, il a temporisé : « Beaucoup d’options sont sur la table, mais l’objectif est bien d’arriver à une solution diplomatique ». Toutefois, il a insisté sur la gravité de la situation humanitaire, évoquant les déplacés et la dégradation des conditions de vie.
Lemoine a également exprimé le soutien de la France à la Mission des Nations unies en RDC (MONUSCO), soulignant l’importance de la protection des populations civiles : « Nous apportons notre plein soutien à la MONUSCO. Les personnels et les emprises des Nations unies doivent être respectés ».
- Le M23 prend le contrôle de Goma
Pour rappel, après plusieurs semaines de combat entre les Forces armées de la RDC (Fardc) et les rebelles du M23, ces derniers ont pris le contrôle de la ville de Goma, suscitant la colère des Congolais qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur soutien à leur armée et déplorer la position passive des puissances internationales à l'égard de cette agression.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) avait été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Fardc, appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.