Tunisie / Affaire Abderrazak Kilani : le Conseil des barreaux français saisit l'ONU
- Le CNB rappelle que l'ancien Bâtonnier Abderazak Kilani a été incarcéré le 02 mars dernier, à l’issue de sa comparution devant un juge d’instruction du tribunal militaire de première instance de Tunis
France
AA / Paris / Fatih KARAKAYA
Le Conseil national des barreaux français annonce, dans un communiqué, avoir saisi, samedi 5 mars, les Nations Unies au sujet de Abderrazak Kilani, ancien bâtonnier tunisien, arrêté par le tribunal militaire.
Dans son communiqué de presse, le Conseil national des barreaux français (CNB) explique avoir « saisi officiellement le rapporteur spécial des Nations Unies sur l’indépendance des juges et des avocats», affirmant continuer « à soutenir nos confrères tunisiens en difficulté, vigie des libertés publiques et individuelles, particulièrement exposés dans le contexte politique tunisien actuel.»
Le CNB rappelle que l'ancien Bâtonnier Abderazak Kilani a été incarcéré le 02 mars dernier, à l’issue de sa comparution devant un juge d’instruction du tribunal militaire de première instance de Tunis pour, notamment, avoir pris part à «un attroupement de nature à troubler la paix publique et dont l'objet est de commettre une infraction ou de s'opposer à l'exécution d'une loi, d'une contrainte ou d'un jugement.»
Indiquant suivre « avec une attention particulière la situation des avocats menacés dans le cadre de leurs fonctions », le CNB informe qu’en janvier dernier, « il avait déjà été alerté des violences policières dont a été victime M. le Bâtonnier Abderrazak Kilani et des poursuites dont il a fait l’objet, à la suite d’une manifestation à laquelle il participait, en sa qualité d’avocat, contre l’interdiction faite au député Bhiri de sortir de chez lui alors qu’aucune assignation à résidence ne lui avait été communiquée ».
Après avoir affiché leur soutien à leur confrère lors de l’Assemblée générale du CNB en date du 04 février dernier, le CNB indique avoir « organisé une mission d’observation des audiences devant le tribunal militaire, afin de soutenir la profession d’avocat et expliquer les garanties y attenantes en formulant des observations orales ».
-- Indignation de l’ensemble de la profession
Assurant que « l’ensemble du Barreau français exprime aujourd’hui sa vive indignation et inquiétude », les avocats regrettent « que cette procédure, devant une juridiction militaire, ne respecte pas les garanties devant être assurées aux avocats dans l’exercice légitime de leurs fonctions, et telles qu’elles sont protégées par les normes internationales ».
Après avoir renouvelé son soutien « au Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Tunisie de 2010 à 2012, institution récompensée en 2015 par le prix Nobel de la Paix pour son rôle joué dans la transition démocratique », les avocats accusent la Tunisie de poursuivre Abderazak Kilani « à cause de sa qualité d’avocat dans la défense de M. Noureddine Bhiri, ancien Ministre de la Justice, vice-président d’un parti d’opposition de Tunisie et actuellement assigné à résidence ».
Après avoir rappelé les droits fondamentaux des avocats selon les principes de base des Nations Unies le CNB affirme avoir saisi officiellement le rapporteur spécial des Nations Unies » pour non-respect de ces principes de base.
Le juge d'instruction auprès du tribunal militaire de première instance de Tunis avait émis, mercredi 2 mars, un mandat de dépôt contre l'ancien bâtonnier des avocats, Abderrazek Kilani.