Tunisie: des centaines de personnes manifestent en solidarité avec le peuple palestinien
- A l’appel du Front de salut national, une coalition de l’opposition et du Parti destourien libre qui revendique l'héritage des présidents Bourguiba et Ben Ali, les manifestants déploraient également la "dégradation de la situation politique"

Tunis
AA / Tunis / Majdi Ismail
Des centaines de personnes ont manifesté, mercredi, dans le centre-ville de Tunis en solidarité avec le peuple palestinien et contre la ‘’dégradation de la situation politique’’ en Tunisie.
Deux rassemblements distincts étaient organisés sur l’avenue Habib Bourguiba, l'un, par le Parti destourien libre (PDL) et, l’autre, par le Front de Salut national (FSN), une coalition de l’opposition, à l'occasion de la commémoration des martyrs du soulèvement du 9 avril 1938 contre la France coloniale.
Une troisième manifestation a été organisée à l'appel de l’Ordre national des avocats de Tunisie pour dénoncer les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les civils de Gaza, et qui a vu la participation du leader du Front populaire (gauche) Hamma Hammami.
Les manifestations ont été essentiellement motivées par le bilan de la guerre israélienne déclarée contre le mouvement Hamas dans la bande de Gaza, s'élevant à ce jour à 50 846 morts et 115 729 blessés, depuis le 7 octobre 2023, selon le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne.
Israël avait repris, en effet, le 18 mars sa guerre génocidaire dans ce territoire en y lançant des frappes d’une ampleur et d’une violence sans précédent depuis l’entrée en vigueur, le 19 janvier dernier, du cessez-le-feu obtenu par la médiation du Qatar avec l’aide des États-Unis et de l’Égypte.
"Gaza, Gaza… notre fierté", "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Palestine", "La Palestine est arabe, pas de capitulation ni compromis", "Résistance, résistance, pas de paix, pas de compromis", sont, entre autres slogans, scandés par les manifestants, dont beaucoup portaient un keffieh et agitaient des drapeaux tunisiens et palestiniens.
-- Complot contre la sûreté de l'Etat ?
D’autres manifestants scandaient "Libertés, libertés... contre une justice aux ordres", dénonçant l'emprisonnement de figures de l'opposition, d'avocats, de journalistes et hommes d’affaires, dont certains sont accusés de "complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et adhésion à une organisation terroriste".
Le 14 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed, avait accusé certains prévenus d’être impliqués dans un complot contre la sûreté de l’Etat, les tenant, en outre, pour responsables de la pénurie des produits de base et de la flambée des prix en Tunisie.
Le 2 mai 2024, la chambre d'accusation chargée de l'examen des affaires de terrorisme près la cour d'appel de Tunis avait décidé de déférer 40 accusés dans l’affaire de "complot contre la sûreté de l’Etat" devant la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme près le tribunal de première instance de Tunis, et de rejeter toutes les demandes de libération des prévenus.
Les tensions politiques actuelles en Tunisie remontent au 25 juillet 2021, lorsque le président Kaïs Saïed avait décidé de "geler les prérogatives" de l'Assemblée des représentants du peuple, de dissoudre le gouvernement et du Conseil supérieur de la magistrature et de légiférer par décrets-lois.
Cette action a été qualifiée par plusieurs partis politiques comme un coup de force contre la démocratie en Tunisie, alors que d'autres opinions la qualifiaient comme un réajustement du processus révolutionnaire déclenché le 17 décembre 2010 et soldé par la fuite de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011.
Kaïs Saïed a fait adopter une nouvelle constitution par référendum le 25 juillet 2022 et parvenu à remporter un deuxième mandat de 5 ans en octobre 2024.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.