Tunisie : Des centaines d'opposants manifestent pour exiger le "départ" de Saïed
- Lors d'une marche de protestation des partisans du "Front du salut national", coïncidant avec le 12ème anniversaire de la chute du régime de l'ancien Président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011)
Tunisia
AA / Tunisie / Marwa Sahli
Des centaines de partisans du "Front du salut national" ont participé, samedi, à une marche de protestation dans la capitale, Tunis, pour exiger le "départ" du président Kaïs Saïed, et pour défendre la liberté et la démocratie.
Le correspondant de l'Agence Anadolu a déclaré que la marche coïncidait avec le 12ème anniversaire de la chute du régime du défunt Président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Le Front comprend 5 partis : Ennahda, Qalb Tounes, la Coalition Al-Karama, Hirak Tounes Al-Irada, Amal, la campagne contre le coup d'Etat, ainsi qu'un certain nombre de membres du parlement dissous.
Au milieu d'une forte présence sécuritaire, les manifestants ont scandé divers slogans tels que "(Saïed) dégage", "Révolution, révolution jusqu'à la victoire" et " Non à l'arrestation des personnalités politiques".
Dans un discours prononcé lors de la manifestation, le chef du Front, Ahmed Nejib Chebbi, a appelé à "mettre fin au processus du 25 juillet 2021 (mesures d'exception de Saïed)", le qualifiant de "coup d'État odieux".
Il a affirmé que "ce putsch a confisqué le pouvoir, détruit l'économie et abusé des Tunisiens", accusant l'État "d'être responsable de la cherté de la vie et des traitements abusifs infligés au peuple."
Et d'ajouter : "Kaïs Saïed doit partir, et son règne est révolu (...) Le salut de la Tunisie passe par l'union de tout le spectre politique et sa mobilisation pour le départ de Kaïs Saïed."
La Tunisie commémore le 14 janvier de cette année le 12e anniversaire de la révolution populaire qui a débuté le 17 décembre 2010 et s'est achevée par la chute du régime de Ben Ali le 14 janvier 2011.
Dans ce contexte, des centaines de personnes ont manifesté dans la capitale, réclamant la "chute du régime de Kaïs Saïed", à l'invitation du "Parti des travailleurs", du "Pôle démocratique moderniste (Qotb)", du "Courant Démocrate", du "Parti Républicain (Jomhouri)", et du "Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol)".
Dans une interview accordée à Anadolu, le Secrétaire général du Parti des travailleurs, Hamma Hammami, a déclaré : "12 ans se sont écoulés depuis la révolution tunisienne, et la voie révolutionnaire est toujours bloquée et chancelante (...) Nous sommes passés d'un système réactionnaire à un autre, et tous ont tourné le dos aux revendications de la révolution."
Et d'ajouter : "Saïed n'est pas différent de ceux qui l'ont précédé, car il veut instaurer un régime tyrannique (...) un système de famine, d'appauvrissement et de dépendance, et son sort sera semblable à celui des autres."
Il a précisé que leur principale revendication "est la mobilisation populaire générale pour le renversement du régime de Kaïs Saïed."
Et de conclure : "Nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle phase de la révolution tunisienne pour parvenir au travail, à la liberté et à la dignité nationale."
Jusqu'à 12h10 (GMT), les autorités tunisiennes n'ont pas commenté ces déclarations, mais elles ont l'habitude de nier ces accusations et d'affirmer leur attachement à la liberté et à la démocratie dans le pays.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a imposé des mesures d'exception, notamment la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, l'adoption d'une nouvelle Constitution par voie de référendum en juillet 2022 et la tenue d'élections législatives anticipées en décembre dernier.
La majorité des forces politiques et civiles en Tunisie rejettent ces mesures et les considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent et y voient une "correction du cours de la révolution de 2011", qui avait renversé le régime du président Ben Ali.
Quant à Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, il a déclaré que ses mesures sont "légales et nécessaires" pour sauver le pays d'un "effondrement total."
*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj