Tunisia
AA/Tunis
Le mouvement tunisien Ennahdha a annoncé, jeudi, son rejet du projet de Constitution proposé par le Président Kais Saïed, et appelé au boycott du référendum de fin juillet.
C'est ce qui ressort de la conférence de presse du porte-parole du mouvement, Imed Khemiri, tenue dans la capitale, Tunis.
Aucun commentaire immédiat des autorités tunisiennes n'a été émis à ce sujet.
Khemiri a déclaré que le mouvement rejette le projet de Constitution parce qu'il "affecte l'état civil, la loi, et instaure l'autocratie".
"Ennahda appelle au boycott du référendum sur la Constitution et le considère comme illégitime et illégal étant donné qu'il est le fruit d'un coup d'État", a-t-il ajouté.
Mardi, Saïed avait appelé les Tunisiens à voter "oui" pour le projet de Constitution, qui doit être soumis à un référendum populaire le 25 juillet, et qui, selon lui, "ne menace pas les droits et les libertés".
Dans un autre contexte, Khemiri a estimé que "l'autorité derrière le coup d'État cherche à déformer le mouvement d'obédience islamique par des campagnes médiatiques systématiques et ce, en raison de son opposition au putsch".
Il a estimé que "tout cela s'inscrit dans une tentative de légitimer et de constitutionnaliser ce coup d'État".
"Cibler le leader du mouvement en personne, Rached Ghannouchi, vise à détourner l'attention des gens des problèmes économiques et sociaux que connaît la Tunisie", a-t-il ajouté.
Mardi, la commission des analyses financières de la Banque centrale de Tunisie a annoncé le gel des comptes bancaires et des avoirs financiers de Ghannouchi (le président du parlement dissous) et de 9 autres personnes.
Mercredi, le mouvement Ennahda a estimé que le gel des avoirs de son président est "une insistance de l'autorité putschiste à mettre son nom dans les dossiers judiciaires dans le but de déformer et de créer des accusations malveillantes".
Le même jour, la justice tunisienne a convoqué Ghannouchi en tant que suspect dans l'affaire de l'association caritative "Namaa Tounes", accusée par le ministère de l'Intérieur de blanchiment d'argent.
Le référendum sur le projet de Constitution s'inscrit dans le cadre de mesures exceptionnelles que Saïed a commencé à imposer le 25 juillet 2021, notamment la destitution du gouvernement, la dissolution du Parlement et du Conseil judiciaire, la promulgation de lois par décrets présidentiels et la tenue d'élections parlementaires le 17 décembre.
Certaines forces politiques tunisiennes considèrent ces mesures comme un "coup d'État contre la constitution", tandis que d'autres lles voient comme une "correction du processus de la révolution de 2011" qui a renversé le président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Le Président Kais Saïed, qui a entamé en 2019 un mandat présidentiel de 5 ans, a quant à lui déclaré que ses mesures "s'inscrivent dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État d'un danger imminent", soulignant que "les droits et libertés ne doivent pas être violés".
*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi
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