AA / Tunis / Yemna Salmi

Le chef du parti tunisien d'obédience islamique Ennahdha, Rached Ghannouchi, a déclaré, vendredi, qu'au second tour des élections présidentielles, son parti soutiendra Kaïs Saïd, le candidat indépendant, soutenu par les forces qui ont choisi le camp de la révolution et en qui il voit le « représentant des valeurs et des principes de la révolution ».

M. Ghannouchi a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue au siège du mouvement à Tunis, que si le peuple renouvelait sa confiance en son parti, lui offrant la première place lors des élections législatives prévues pour le 6 octobre, Ennahdha « s'alliera aux forces de la révolution et aux forces engagées dans la lutte contre la corruption ».

« Si le peuple renouvelle sa confiance en Ennahdha, nous dirigerons le pays avec des partis qui luttent contre la corruption. Nos alliances se feront sur la base de la lutte contre la corruption et l'éradication de la pauvreté et nous ne nous allierons avec aucun parti au sujet duquel planeraient des soupçons de corruption », a-t-il ajouté.

Ghannouchi a estimé que le mouvement « Ennahdha est le parti le plus habilité et le mieux organisé pour gouverner. Un parti dont aucun responsable n'a été accusé de corruption ».

Et de poursuivre dans le même contexte: « Nous sommes à quelques jours des élections législatives et il semble évident que le résultat des urnes donnera l'avantage à des forces qui incluront Ennahda et "le cœur de la Tunisie" », parti dirigé par le candidat Nabil Karoui, qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle.

Ghannouchi a déclaré que ces élections législatives seront « un nouvel examen et nous verrons qui d'Ennahda ou du parti "le cœur de la Tunisie" arrivera en tête ».

« Si "le cœur de la Tunisie" remporte les élections législatives et que Kaïs Saïd est élu président, il y aura certainement un affrontement à la tête du pouvoir, qui ne contribuera pas à atteindre les objectifs de la révolution. » a-t-il ajouté

Ghannouchi a mis en garde contre ce scénario qui, selon lui, « ne convient pas à la Tunisie », appelant les électeurs à « renouveler leur confiance en Ennahda, seule à même de travailler en bonne intelligence avec Kaïs Saïd s'il est élu président ».

Il a souligné, dans le même contexte, que son mouvement « a la capacité d’œuvrer à la conciliation entre le système politique et les forces révolutionnaires, afin qu'elles ne mènent pas le pays vers l'inconnu, de façon à préserver la stabilité et que la Tunisie demeure un état de modération, dont la révolution prône la raison et le rassemblement ».

Concernant le programme d'Ennahdha pour les élections législatives, Ghannouchi a déclaré que celui-ci reposait sur « un projet socio-économique visant essentiellement à éradiquer la pauvreté et les disparités entre les régions, à promouvoir le développement, à améliorer les services, entre autres en matière d'éducation, de santé et de transport, ainsi qu'à lutter contre la corruption qui constituera la base de nos alliances futures ».

L'instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) avait annoncé, le 17 septembre, que le candidat indépendant Kaïs Saïd, professeur de droit constitutionnel, s'était qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle avec 18,4% des voix, suivi de Nabil Karoui avec 15,58%.

Des élections législatives se tiendront en Tunisie le 6 octobre, alors que le 13 du même mois devrait être la date du scrutin pour le second tour de l'élection présidentielle entre Saïd et Karoui.