Tunisie/HWR: l'affaire Kilani, une étape alarmante dans la confiscation des libertés civiques
- Le juge d'instruction près le tribunal militaire de première instance de Tunis avait émis, mercredi 2 mars, un mandat de dépôt contre l'ancien bâtonnier des avocats, Abderrazek Kilani.

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AA / Tunis
L'organisation non gouvernementale, Human Rights Watch (HRW) a réagi à l'affaire de l'ancien Bâtonnier tunisien Abderazzak Kilani, incarcéré le 02 mars dernier, à l’issue de sa comparution devant un juge d’instruction du tribunal militaire de première instance de Tunis pour, notamment, "commettre un trouble à l’ordre public dans l'intention de s’opposer à l'application de la loi et atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions".
"L’emprisonnement d’un avocat de premier plan, le 2 mars 2022, pour s’être querellé avec des membres des forces de sécurité, est une nouvelle étape alarmante dans la confiscation des libertés civiques depuis que le président tunisien Kaïs Saïed s’est arrogé des pouvoirs extraordinaires le 25 juillet 2021", a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
A rappeler que le juge d'instruction auprès du tribunal militaire de première instance de Tunis avait émis un mandat de dépôt contre l'ancien bâtonnier des avocats, Abderrazek Kilani.
Ce dernier avait été incarcéré, mercredi 2 mars, à l’issue de sa comparution devant un juge d’instruction du tribunal militaire de première instance de Tunis pour, notamment, avoir pris part à "un attroupement de nature à troubler la paix publique et dont l'objet est de commettre une infraction ou de s'opposer à l'exécution d'une loi, d'une contrainte ou d'un jugement."
Abderrazak Kilani, 67 ans, a été ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec l’Assemblée constituante, de 2011 à 2013. Il a également occupé les fonctions de bâtonnier de l’Ordre des avocats et d’ambassadeur auprès des Nations Unies à Genève. Il est actif au sein de Citoyens contre le coup d’État, un groupe informel de citoyens tunisiens qui s’opposent ouvertement aux pouvoirs exceptionnels du président Saïed.
Depuis le 25 juillet dernier, Saïed a commencé à imposer des "mesures exceptionnelles", notamment le gel des compétences du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la destitution du gouvernement.
La majorité des forces politiques et civiles en Tunisie rejettent ces mesures et les considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent, y voyant un "redressement de la révolution de 2011", qui a renversé le président de l'époque Zine Abidine Ben Ali.
*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi