Tunis
AA/Tunis/Majdi Ismail
Un tribunal tunisien a imposé vendredi une interdiction de voyager au président de l’Assemblée des représentants du peuple dissoute et du parti d’obédience islamique Ennahdha, Rached Ghannouchi, suspecté d’entrave à la justice dans le cadre de l’affaire dite de « l’organisation secrète » d’Ennahdha, en lien avec les assassinats de deux figures éminentes de l’opposition de gauche en 2013.
Le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de l’Ariana (banlieue de Tunis) a émis, vendredi, une décision d’interdiction de voyager à l’encontre de 34 suspects dans l’affaire dite de « l’organisation secrète » d’Ennahdha, dont le président du parti Rached Ghannouchi, ont rapporté plusieurs médias locaux qui citent, la porte-parole de la juridiction, Fatma Boukattaya.
Selon le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, - deux figures de la gauche tunisienne assassinées respectivement le 6 février 2013 et le 25 juillet 2013 -, l’« organisation secrète » d’Ennahdha, serait une structure de collecte de renseignements, parallèle aux appareils de l’État, détentrice d’informations sensibles sur la vie politique et diplomatique de la Tunisie, ainsi que sur l’activité d’individus radicaux.
Le comité de défense accuse Ennahdha d’être impliqué dans cette double liquidation après avoir mobilisé sa structure parallèle à cet effet, alors que le mouvement d’obédience islamique a toujours protesté de son innocence et nie s’être jamais livré à des activités « hors du cadre de la loi ».
Une enquête a été diligentée par la justice tunisienne le 22 janvier dernier contre les 34 suspects pour dissimulation d’information liée aux assassinats de Belaïd et Brahmi.
Tard vendredi, le mouvement Ennahdha a démenti l’information en affirmant que son chef de file, Rached Ghannouchi, n’a pas été averti de la décision d’interdiction de voyager émise à son encontre.
Par voie de communiqué, le parti a souligné que Rached Ghannouchi sera toujours à la disposition de la justice indépendante et impartiale, faisant observer que son président demeure convaincu que l’affaire dite de « l’organisation secrète » d’Ennahdha est une affaire « montée de toute pièce ».
La formation d’obédience islamique a assuré que Ghannouchi n’a aucune intention de voyager à l’étranger, malgré les invitations qu’il a reçues pour participer aux manifestations internationales, dont le Forum de Davos en Suisse.
Ennahdha a mis en garde contre les pressions continues qu’exerce le président de la République, Kaïs Saïed, sur le pouvoir judiciaire, dénonçant « une tentative de détourner l’opinion publique des vraies préoccupations des Tunisiens et de la crise politique et économique provoquée par « le coup d’État contre la Constitution ».
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