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France : Mélenchon met en garde contre une nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon (Synthèse)

- Olivier Faure, de son côté, dément l'existence de divisions au sein du Parti socialiste.

Ümit Dönmez  | 29.08.2024 - Mıse À Jour : 10.09.2024
France : Mélenchon met en garde contre une nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon (Synthèse)

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Le fondateur de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a pris la plume ce jeudi pour partager ses préoccupations concernant l'avenir politique de la France.

Dans un texte intitulé "Le soumettre ou le démettre", publié sur son blog, le coprésident de l'Institut La Boétie a longuement disserté sur les scénarios possibles après la dissolution récente de l'Assemblée nationale.

Parmi les hypothèses évoquées, celle d'une nomination de Bernard Cazeneuve (ancien ministre et Premier ministre socialiste de François Hollande) en tant que Premier ministre suscite particulièrement son inquiétude.

Mélenchon estime qu'une telle nomination "ferait des dégâts dans les rangs parlementaires du PS" et "affaiblirait (...) mécaniquement" le Nouveau Front populaire (NFP), la coalition formée par LFI, le PS, Europe Écologie Les Verts (EELV) et le Parti communiste français (PCF).

Pour l'ancien candidat à la présidentielle, cette décision serait une erreur stratégique de la part du Président Emmanuel Macron, qui ne ferait qu'aggraver la crise politique actuelle. "Pour autant, si cela se faisait, rien ne serait stabilisé en général d'aucune façon", a-t-il prédit.

Dans ce même texte, Mélenchon souligne que, selon lui, le chef d'État français ne dispose d'aucune légitimité pour nommer un autre Premier ministre que Lucie Castets, la candidate proposée par le NFP. "Si Macron ne trouve pas les moyens d’une coalition formellement établie plus nombreuse en députés que le Front populaire, il n’a aucune légitimité pour nommer quelqu’un d’autre que Lucie Castets", écrit-il, insistant sur le fait que la stabilité du pays est en jeu.

L'ancien chef de file des Insoumis ne mâche pas ses mots lorsqu'il évoque la possibilité d'une coalition entre les "macronistes" et la droite (notamment Les Républicains), qualifiant cette éventualité de "nouvelle erreur" de la part du Président français.

Il affirme que la radicalisation politique en France est "tout simplement celle de la droite, du centre et des milieux médiatiques", ce qui, selon lui, ne ferait qu'alimenter l'instabilité actuelle.


- Faure dément toute division au sein du PS

Pour sa part, face la polémique médiatique à propos d'éventuelles divisions au sein de son parti, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), a réagi en assurant qu'il n'y a aucune division. Interrogé lors des journées d'été du PS à Blois, il a balayé d'un revers de main les rumeurs faisant état de tensions internes.

"Nous ne sommes pas divisés du tout", a-t-il affirmé aux journalistes présents, démentant l'existence de divergences quant à la stratégie à adopter face à Emmanuel Macron.

Faure a également tenu à préciser que, lors de discussions avec le locataire de l'Élysée, aucun nom n'avait été mentionné en tant que potentiel candidat au poste de Premier ministre.

"Je n'ai jamais entendu le moindre nom prononcé par la propre bouche d'Emmanuel Macron", a-t-il assuré, ajoutant que "vous entendez des bruits, des voix", en référence aux rumeurs circulant dans la presse.

Selon lui, le Parti socialiste est déterminé à respecter le vote des Français et à ne pas devenir "les supplétifs de la Macronie".

Il a souligné que le PS avait pour mission de "rompre avec la politique menée depuis sept ans" et qu'il serait prématuré de parler d'une quelconque alternative à Lucie Castets à ce stade.

"Je comprendrais parfaitement qu'étant censurés, étant battus dans les textes que nous présentons, n'arrivant pas à trouver des compromis ou des amendements qui permettent de mettre tout le monde d'accord, on cherche une autre solution. Mais pour l'instant, j'aimerais qu'on commence par respecter le vote des Français", a-t-il déclaré.


- Une crise politique de plus en plus profonde

Dans son texte, Jean-Luc Mélenchon ne se contente pas de critiquer les "manœuvres" politiques actuelles. Il esquisse également une analyse de la crise politique en cours, affirmant que celle-ci touche désormais au régime lui-même. "Une nouvelle étape de la crise politique du pays est ouverte par le refus du résultat des élections par le Président.

Elle touche au régime lui-même", écrit-il, faisant référence aux tensions entourant la légitimité du gouvernement actuel.

Pour Mélenchon, la France est à un tournant, et les choix qui seront faits dans les prochaines semaines auront des conséquences durables sur l'avenir du pays. Il appelle donc à une mobilisation populaire pour soutenir le NFP et faire respecter les décisions électorales. "La mobilisation du 7 septembre, dans toutes les villes-préfectures, sera le premier temps populaire de l’action", annonce-t-il, précisant que cette mobilisation sera suivie du dépôt des motions de censure et de destitution visant à renforcer la légitimité du NFP.

Le leader de LFI conclut en réaffirmant son engagement envers le projet de la VIe République, qu'il considère comme la seule solution pour sortir de la crise actuelle.

"Telle est notre conception de la vie politique en démocratie, où la scène déborde les institutions quand celles-ci se montrent inaptes à régler un défi de cet ordre fondamental", écrit-il, appelant à une réponse collective face à ce qu'il perçoit comme une attaque contre le projet démocratique français.


- Paysage politique français

Le Président français Emmanuel Macron a écarté, ce lundi, la formation d'un gouvernement soutenu par le Nouveau Front Populaire (NFP) après une série de consultations avec les responsables des partis et les présidents des chambres parlementaires.

Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron a annoncé "un nouveau cycle de consultations" dès ce mardi, avec pour objectif de trouver une issue acceptable à cette crise politique inédite sous la Vᵉ République.

Les consultations entre le chef d'État français et les dirigeants des groupes politiques ont débuté ce vendredi 23 août. Ces échanges ont marqué la première étape d'une série de discussions visant à établir une coalition stable, nécessaire pour la gouvernance du pays après des élections législatives marquées par une absence de majorité absolue, selon une déclaration de l'Élysée à Anadolu.

"Le verdict des urnes contraint tout le monde à changer de logique et à rentrer dans une logique de coalition", selon la Présidence française.

Pour rappel, lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, la coalition du NFP (gauche) a réuni le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale, avec 72 députés LFI (La France Insoumise), 66 députés socialistes et apparentés, 38 députés pour le groupe Écologiste et social, 17 députés GDR (Gauche démocrate et républicaine), soit un total de 193 sièges sur 577.

La coalition présidentielle se positionne en deuxième force politique de l’Assemblée nationale avec 99 députés Ensemble pour la République, 36 députés Les Démocrates, 31 députés Horizons & Indépendants, soit un total de 166 sièges.

Le RN et ses alliés, pourtant largement vainqueurs du premier tour des législatives, arrivent en troisième position avec 126 députés affiliés au groupe RN et 16 députés du groupe À Droite, présidé par Éric Ciotti, soit un total de 142 sièges.

Les centristes du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) occupent 21 sièges, tandis que la Droite républicaine recense 47 sièges.

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