France : Quand le ''séparatisme'' arménien a le vent en poupe
Alors que le ministre français de l'Intérieur a annoncé lundi sa proposition de dissolution du groupe des « Loups gris » accusé d'être agressif, le groupuscule d'extrême droite FRA Nor Seround continue d'agir sur le territoire en toute impunité.
France
L’exécutif français pratiquerait-il le deux poids, deux mesures en matière de radicalité politique ?
Le ministre français de l'Intérieur avait annoncé lundi qu'il proposerait prochainement au Conseil des ministres, la dissolution d'un groupe qui serait constitué d'une poignée de jeunes franco-turcs et qui serait connu sous le nom de "Loups Gris", du fait de son "agressivité".
Le ministre Gérald Darmanin n'annonçait cependant aucune sanction suite aux innombrables violences commises au cours des mois et des jours passés, par les militants extrêmement agressifs d'associations franco-arméniennes s'inspirant d'idéaux racistes et fascistes, ouvertement institutionnalisés par l'État arménien.
- Les pressions exercées par les lobbys arméniens sur les médias français
Dans un contexte de tensions géopolitiques entre la France et la Turquie, de nombreux titres de la presse française, s'ajoutant aux déclarations et tweets de politiciens populistes, opèrent une propagande ouverte de diffamation à l'égard de la Turquie et de l'Azerbaïdjan.
Depuis la reprise, le 27 septembre, des combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh et les 7 autres régions azerbaïdjanaises occupées par les forces arméniennes depuis plus de 28 ans, les lobbys et groupuscules franco-arméniens ont redoublé leurs efforts visant à exercer des pressions sur les médias et les élus français afin de nourrir leur propagande mensongère, faisant passer l'envahisseur arménien pour victime d'une prétendue "agression azerbaïdjanaise de territoires arméniens".
L'Agence Anadolu (AA) avait rapporté, vendredi 23 octobre [1], la suppression d'une information impartiale diffusée par une chaîne de télévision française traitant de l'opération azerbaïdjanaise de libération de ses territoires occupés par l'Arménie.
Comme cela avait pu être documenté par plusieurs médias [2], la suppression du reportage de « TF1 » faisait suite à des pressions agressives, voire parfois menaçantes, exercées par des lobbyistes franco-arméniens, notamment sur les réseaux sociaux. Les auteurs des faits répréhensibles n'étaient pas poursuivis par la Justice française.
Franck Papazian, coprésident du Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF), ne manquait pas de souligner sur le réseau social « Twitter » que le directeur des programmes de TF1, Ara Aprikian "est un ami" et que "ce soir après le reportage, il a œuvré...".
Sans tarder, le reportage était supprimé du site Internet de la chaîne de télévision ainsi que des réseaux sociaux et autres plateformes sur la toile.
- Apologie du terrorisme impunie par les autorités françaises
Le CCAF est un groupement d’associations franco-arméniennes exerçant notamment un lobbying pro-arménien dans l'Hexagone. Constitué par les représentants en France de plusieurs partis politiques d'Arménie, à partir des années 1990, le CCAF est notamment contrôlé par la branche franco-arménienne de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA), également connu sous le nom de « Dachnak », un parti national-socialiste arménien, particulièrement raciste et xénophobe, ainsi que des représentants franco-arméniens des partis Hentchak et Ramgavar.
La branche jeunesse de la FRA, la FRA NOR Seround ("Nouvelle Génération" en arménien), connue particulièrement pour ses actes violents commis sur le territoire français, fait également partie du groupe.
Interrogé mardi par l'Agence Anadolu, l'historien Maxime Gauin note que "La FRA Nor Seround a été en pointe dans l’apologie des CJGA [groupe armé terroriste arménien], via son mensuel « Haïastan », et dans l’organisation de manifestations en faveur de terroristes appartenant à ce groupe, notamment à Max Hraïr Kilndjian et Hampig Sassounian".
L'historien ajoute que la branche jeunesse de la FRA commémore toujours l’attentat terroriste de Lisbonne commis le 27 juillet 1983 contre l'ambassade de Turquie, et ayant coûté la vie au chargé d’affaires, Yurtsev Mıhçıoğlu, à son épouse Cahide Mıhçıoğlu ainsi qu’à un policier portugais.
"Il reste toutes les vidéos de la FRA Nor Seround commémorant l’attentat suicide de Lisbonne. Et tous les articles du site Web « Armenews » célébrant des terroristes de l’ASALA", souligne l'historien qui évoque une "impunité relative" de l'apologie du terrorisme en France, "poursuivie de leur propre initiative par les parquets qu’en cas d’attentats récents sur le sol français".
L'historien, citant l'apologie du groupe armé terroriste PKK/YPG ainsi que des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), note également qu'il s'agit d'un "problème qui dépasse le cas arménien" en France.
Gauin note encore que "les dachnaks [Fédération révolutionnaire arménienne] sont très rarement poursuivis", l'historien ajoutant qu'il a "fait condamner Movsès Nissanian à Lyon en 2010 pour injure" et que "Sırma Oran a fait condamner Laurent Leylekian à Paris en 2013-2014 pour diffamation ; et c’est à peu près tout", résume le chercheur français.
- Pressions, menaces et agressions exercées par des nationalistes arméniens de France
Interrogé par AA sur d'éventuelles pressions exercées sur des intellectuels par des groupes franco-arméniens, l'historien rétorque qu'il est harcelé depuis douze ans, ce dernier citant la condamnation de Nissanian ainsi que les nombreuses "menaces et injures par messagerie Facebook, Instagram, etc [...] reçues ces derniers jours".
Gauin rappelle également qu'en « décembre 2019, il y a eu des pressions et des menaces pour faire déplacer puis annuler une conférence » à laquelle il a participé en Lituanie.
Interrogé sur l'auteur de ces actes répréhensibles, le chercheur explique que "l’ambassade d’Arménie en Lituanie s’en est ouvertement occupée".
Gauin rappelle également les pressions exercées par les nationalistes arméniens de France sur les historiens Pierre Nora et Marc Ferro.
Interrogé lundi par AA, un journaliste azerbaïdjanais de France, préférant taire son nom, a fait état de menaces et violences physiques exercées par des groupuscules arméniens à son encontre, lors d'un événement culturel organisé il y a deux ans à Paris :
"Je peux même témoigner comment ils ont fait intrusion il y a 2 ans dans un concert à l'Église Saint-Eustache de Paris", déclare le journaliste qu'on appellera « Mustafa » pour des raisons de sécurité.
"On avait organisé un concert à la mémoire des victimes du génocide de Khojali à l'Église Saint-Eustache. Malgré une importante sécurité les jeunes « Fra Nor Seround » sont entrés dans l'église avec des pancartes et des mégaphones", se souvient Mustafa.
"Ils ont tout fait pour empêcher le déroulement du concert, il y a eu des agressions verbales puis physiques de leur part, puis des bagarres après les insultes", note encore le journaliste.
"Il criaient « dehors les Turcs, rentrez chez vous ». Pourtant c'était un concert azéri", note encore Mustafa qui déplore un parti pris de la part des forces de sécurité :
"La police les a sortis au bout d'une heure, surtout que la police protégeait les intrus, pas nous", conclut le journaliste azerbaïdjanais.
L'historien Maxime Gauin rappelle également les violences exercées par les nationalistes arméniens de France au cours de manifestations illégales organisées cet été par la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) devant les ambassades d'Azerbaïdjan et de Turquie [3] [4] suite à la reprise des hostilités entre Érévan et Bakou.
Contrairement à la propagande des militants de la FRA, cette reprise des hostilités avait été initiée par des tirs de missiles provenant d'Arménie et ayant visé la région de Tovouz en Azerbaïdjan.
- Séparatisme des nationalistes arméniens de France
Interrogé mardi par l'Agence Anadolu (AA) sur le danger que peut représenter le nationalisme arménien de France, le député Jérôme Lambert note d'abord l'intensité des actions entreprises par une partie de la communauté arménienne de France :
"Les Français d’origine arménienne sont en partie constitués en « communautés » très actives sur le territoire français. Je suis opposé, comme la plupart des Français, au communautarisme car nous considérons que les Français ayant une origine ou une culture étrangère doivent avant tout avoir le devoir de s’intégrer à la communauté nationale, les valeurs de notre République, plutôt que d’aller chercher des références à l’étranger", explique le député.
"Bien entendu, la France accepte pour autant l’expression des différences, mais quand elles ne sont pas fondées sur le séparatisme entre les origines ou les religions, par exemple", ajoute Lambert avant d'étayer ses commentaires sur le séparatisme auquel il fait référence :
"Une partie très nationaliste de la communauté arménienne est souvent plus encline à défendre le point de vue politique de l’Arménie qu’à défendre le point de vue français quand celui-ci est différent de celui de l’Arménie", déplore l'élu de Charentes.
"Pour ma part, je n’accepte pas cela de Français, quelques soient leurs origines. Ce qui doit primer c’est l’intérêt de notre pays commun, pas l’intérêt du pays qui représente la culture de nos ancêtres", conclut Lambert dans un appel à la cohésion nationale française.
- Le fascisme arménien est ouvertement institutionnalisé
Interrogé par AA sur une éventuelle collaboration voire complicité entre les groupes nationalistes arméniens de France et les institutions de l'État arménien, Gauin rappelle que "le CCAF ne se cache pas de coopérer avec le ministère arménien de la diaspora". Le chercheur français souligne également que de nombreux personnages ouvertement racistes, ainsi que plusieurs collaborateurs nazis et auteurs de crimes de guerre, sont officiellement célébrés et idolâtrés par l'État arménien.
"Au moins cinq monuments de Garéguine Nejdeh ont été édifiés en Arménie depuis l’indépendance. La statue édifiée en 2016 n’est que l’exemple le plus connu. Il faut y ajouter la seconde place la plus vaste d’Erevan et la station de métro située en dessous, qui ont également reçu le nom de ce doctrinaire du nazisme à l’arménienne ; et le mausolée de Drastamat « Dro » Kanayan, inauguré en 2000."
Durant la Seconde Guerre mondiale, Nejdeh crée avec "Dro" Kanayan, la Légion arménienne, un corps de l'armée nazie constitué d'une dizaine de milliers de combattants arméniens.
"Nejdeh et Kanayan ont recruté des volontaires qui ont participé à l’écrasement de maquis de Résistance, en URSS mais aussi en France", rappelle l'historien. Ils étaient connus pour leur admiration des régimes fascistes d'Europe, à commencer par l'Allemagne d'Adolf Hitler et l'Italie de Benito Mussolini.
"Aujourd’hui, l’Allemagne et l’Italie sont fortes car, comme nations, elles vivent et respirent en termes de race" [5], avait notamment déclaré Nejdeh à l’« Hairenik Weekly », revue de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA). Nejdeh était par ailleurs fondateur du mouvement jeunesse de la FRA aux États-Unis et au Canada.
"L’affirmation selon laquelle ces monuments [érigés par l'État arménien en hommage à ces personnages] ne seraient pas dus à l’engagement nazi de Dro et Nejdeh, mais à des actions antérieures, n’a aucun sens.", note Gauin précisant que "les idées, ils les avaient déjà avant 1933 ; et les ouvrages de doctrine politique publiés par Nejdeh à l’époque du nazisme sont réimprimés aux frais de l’État arménien depuis 1998, pour instruire les jeunes générations", souligne encore le chercheur français qui déplore l'institutionnalisation et l'érection en héros de personnages ouvertement racistes, devenus complices des crimes les plus horribles de l'histoire humaine.
"En France, la branche de jeunesse a eu parmi ses fondateurs Armik Djamalian, qui a collaboré avec l’Allemagne nazie lui aussi, mais à un degré de responsabilité moindre", note encore l'historien.
Gauin ajoute qu'"en France, c’est surtout Hratch Papazian qui est célébré aujourd'hui. Il a été un des tueurs de Némésis, le groupe terroriste entretenu par la FRA de 1920 à 1922 ; puis agent de renseignement pour le Troisième Reich", observe encore Gauin.
L'historien constate le « séparatisme fascisant » prôné par les nationalistes arméniens de France et appelle, « en tant que citoyen », le gouvernement français ainsi que les autorités judiciaires du pays, à davantage de vigilance face aux violences exercées par ces groupuscules loyaux à des États étrangers, aux dépends des intérêts de la France et de sa cohésion nationale.
Notes
[1] Un reportage impartial sur le Haut-Karabagh supprimé du site d'une chaîne de télévision française – Agence Anadolu (AA)
https://www.aa.com.tr/fr/monde/un-reportage-impartial-sur-le-haut-karabagh-supprim%C3%A9-du-site-dune-cha%C3%AEne-de-t%C3%A9l%C3%A9vision-francaise-/2017267
[2] Quand le "bon" terrorisme a droit de parole en France - Turquie-News
https://www.turquie-news.com/quand-le-bon-terrorisme-a-droit-de-parole-en
[3] Les violences commises par des manifestants arméniens à Paris et Los Angeles (juillet 2020) – Blog « Question arménienne »
http://question-armenienne.blogspot.com/2020/07/les-violences-commises-par-des.html?m=1
[4] Se croyant tout permis, les nationaux-socialistes arméniens ont organisé à Paris une manifestation sans autorisation préfectorale – Blog « Question arménienne »
http://question-armenienne.blogspot.com/2020/07/se-croyant-tout-permis-les-nationaux.html?m=1
[5] La popularité du fascisme italien et du nazisme dans la diaspora arménienne et en Arménie même – Blog « Question arménienne »
http://question-armenienne.blogspot.com/2020/05/la-popularite-du-fascisme-italien-et-du.html?m=1