Raisons et conséquences éventuelles des tensions sur le front Azerbaïdjan - Arménie (Analyse)
- L’Arménie occupe actuellement près de 20% des terres azerbaïdjanaises, le Haut Karabagh, malgré les résolutions de l’ONU demandant la fin sans conditions de l’occupation.
Istanbul
AA - Istanbul - Araz Arslanli
Les attaques de l’armée arménienne contre la région azerbaïdjanaise du Tovuz Rayon ont du jour au lendemain bousculé l’actualité internationale, faisant craindre une nouvelle guerre régionale. Les affrontements entre les deux parties, qui ont démarré le 12 juillet et qui cause de nombreuses pertes humaines et militaires des deux côtés, semblent s’être réduits le 15 juillet. L’Azerbaïdjan a enregistré la mort d’un de ses généraux.
Ces attaques de l’Arménie ont provoqué la colère d’Ankara, qui a très fermement condamné, par l’intermédiaire du Président Recep Tayyip Erdogan, du chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu ou encore du ministre de la Défense Hulusi Akar, invitant l’Arménie à respecter le droit international.
Cavusoglu a mis en garde Erevan déclarant que la Turquie soutiendra de toutes ses forces l’Azerbaïdjan dans ses choix pour sauver ses terres.
De son côté, la Russie a appelé les parties au calme, se proposant pour jouer le rôle de médiateur.
Les États-Unis, l’Angleterre et d’autres pays occidentaux ont appelé à la retenue. Le Pakistan a exprimé son soutien à Bakou. L’Ukraine et la Moldavie ont invité l’Arménie à se retirer des terres azerbaïdjanaises, comme prévu dans les résolutions 822, 853, 874 et 884 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
L’Iran a appelé les deux pays à la retenue, tout en rappelant l’unité territoriale de l’Azerbaïdjan.
- Des tirs en continue sur le front :
L’Arménie occupe actuellement près de 20% des terres azerbaïdjanaises, le Haut Karabagh, malgré les résolutions de l’ONU demandant la fin sans conditions de l’occupation. Même l’accord de cessez-le-feu signé en 1994 n’aura changé les choses, l’Arménie continue d’occuper et d’attaquer l’Azerbaïdjan, convaincue du soutien militaire de la Russie. Mais la question du Haut Karabagh reste en suspens, comme nombre de problèmes hérités de l’ère soviétique.
Mais l’intervention russe de 2008 en Géorgie a montré au monde entier que ces problèmes hérités menacent la région et plus généralement le monde.
Le 2 novembre 2008, un nouvel accord de cessez-le-feu est signé à Moscou, co-signé par la Russie. Une première que nombres d’observateurs considérait comme essentielle pour la résolution du conflit.
Mais ces dernières années les violations du cessez-le feu se sont multipliées, et elles ont généralement eu lieu au moment des pourparlers entre les deux parties, comme ce fut le cas en juin 2010, en août 2014, en novembre 2014 ou encore en décembre 2015.
Malgré les pertes des deux côtés et les tensions extrêmes, à chaque fois, un retour à la normale a été constaté quelques jours après.
Les plus importants affrontements ont eu lieu en avril 2016. En réponse à des provocations de l’Arménie, l’Azerbaïdjan a riposté et infligé de lourdes pertes à son ennemi, récupérant à l’occasion quelques territoires. Un tournant psychologique en faveur de Bakou, une première dans le conflit qui dure depuis 30 ans.
Ces dernières années, l’Azerbaïdjan s’est renforcé du point de vue économique, militaire et diplomatique.
- Les provocations de l’Arménie :
Du point de vue militaire et économique, l’Azerbaïdjan est nettement supérieur à l’Arménie, et l’occupation de ses terres par l’Arménie est contraire au droit international. Ce qui veut dire que l’Azerbaïdjan peut à tout moment évoquer l’article 51 du traité de l’ONU pour reprendre ses terres occupées.
Inquiète face à cette situation, l'Arménie cherche à engager l’Azerbaïdjan dans une guerre à laquelle la Russie participerait aussi.
La question du Haut Karabagh est très complexe, et le seul fautif n’est pas la Russie, même si son soutien à l'Arménie rend les choses plus difficiles.
La Russie ne veut probablement pas régler le problème car celui-ci lui confère les moyens de poursuivre son influence dans le Caucase. Mais Moscou ne peut pas non plus se permettre de laisser éclater un conflit plus vaste dans la région.
- La détermination de la Turquie change la donne :
Mais depuis un certain temps, Ankara est plus active sur le sujet, ce qui dérange les pays qui veulent que le statuquo se poursuive.
Ainsi, la supériorité militaire et économique de l’Azerbaïdjan, à laquelle s’ajoute le soutien clair et franc de la Turquie, changent la donne en faveur de Bakou.
Dorénavant, le « pas de paix, pas de guerre » des pays qui voulaient garder le statuquo pour leurs propres intérêts dans la région, n’est plus tenable. La conjoncture actuelle peut donc pousser les pays concernés et les puissances régionales à accélérer le processus de résolution de la question du Haut Karabagh.
*Araz Aslanli est responsable au sein de l’Académie nationale des Douanes en Azerbaïdjan, il est aussi le président du Centre des recherches stratégiques et des relations internationales pour le Caucase (QAFSAM).
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