Élections en Afrique du Sud : l'ANC perd la majorité absolue, la fin d'une ère
Les Sud-africains se sont rendus aux urnes le 29 mai dernier afin d'élire les membres de l'Assemblée nationale, ainsi que ceux des assemblées provinciales des neuf provinces que compte le pays.
Afrique du Sud
Les résultats de ces élections marquent un tournant historique pour le pays, car elles mettent fin à trois décennies de domination du Congrès national africain (ANC).
Jusqu'à présent, l'ANC, tout-puissant, avait remporté chaque élection nationale avec une large majorité. Mais la désillusion des 62 millions de Sud-Africains a cette fois vaincu une loyauté longtemps infaillible envers le mouvement qui a libéré le pays du joug de l'apartheid. L'ANC n'avait déjà rassemblé que 57 % des suffrages exprimés aux dernières législatives de 2019, contre 70 % en 2004.
Les élections ont vu la participation de plus de 50 partis politiques. Les résultats définitifs donnent l'ANC vainqueur avec un peu plus de 40 % des voix exprimées, perdant ainsi sa majorité absolue pour la première fois. L'Alliance démocratique (DA) a obtenu environ 21 % des voix, suivie du parti uMkhonto weSizwe (MK) de l'ancien président Jacob Zuma avec 14 %. Les Combattants pour la liberté économique (EFF) de Julius Malema obtiennent près de 9 %.
L'ANC reste le plus grand parti avec 159 sièges au Parlement, mais doit former une coalition pour gouverner. La DA, avec 87 sièges, et le MK, avec 49 sièges, sont des partenaires potentiels pour une coalition. Les négociations sont en cours, avec la DA cherchant à éviter une coalition entre l'ANC et les partis de gauche radicale comme le MK et l'EFF.
L'ANC a été au centre de la lutte contre l'apartheid, menant à la libération de Nelson Mandela et à l'établissement de la démocratie en 1994. Depuis lors, l'ANC a gouverné l'Afrique du Sud avec une majorité absolue, remportant chaque élection nationale avec des suffrages significatifs.
Cependant, le parti a été marqué par plusieurs scandales de corruption et des défis économiques importants. La pauvreté, le chômage élevé, et les coupures fréquentes d'eau et d'électricité ont contribué à une baisse de la confiance du public.
Les scandales de corruption ont particulièrement entaché l'image du parti. L'incarcération de Jacob Zuma pour outrage à la justice en 2021, qui a déclenché des émeutes faisant plus de 350 morts, a été un autre événement marquant. Zuma, maintenant à la tête du parti MK, continue de critiquer ouvertement le président Cyril Ramaphosa et l'ANC.
La fin de la majorité absolue de l'ANC ouvre une nouvelle page de l'histoire politique de l'Afrique du Sud, et le prochain gouvernement apportera de nouveaux éléments de réponse aux défis économiques et sociaux de la nation arc-en-ciel.