
AA/Bouaké (Côte d'Ivoire) /Issiaka Nguessan
Bouaké, deuxième grande ville ivoirienne (379 Km d’Abidjan, Région de Gbèkè, Centre-Nord) cultive avec ses 900 mosquées et ses radios religieuses, sa position de capitale ivoirienne de l’islam cosmopolite .
El Hadj Touré Bajawari, imam de la grande mosquée de Bouaké, tiens à diriger lui-même la prière. La mosquée proche du marché de la ville voit converger vers elle des centaines de fidèles de différentes origines.
Avec ses 900 mosquées et ses 51 autres grandes mosquées Bouaké revendique fièrement son statut de fief ivoirien de l’islam cosmopolite.
« Toutes les ethnies et tous les ressortissants de l’espace Cedeao-Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest sont tous représentés au sein de la communauté musulmane a Bouake », a précisé à Anadolu, le grand Imam Touré Bajawari.
La communauté musulmane est en effet en majorité composée des ressortissants du Nord ivoirien et de fidèles venus des pays limitrophes: Burkina Faso, Mali, Niger et Guinée. Il y a toutefois une forte pénétration de l’Islam dans les autres communautés ethniques Akan, Mandé du Sud ou Krou. Les Mandé du Nord étant à l’origine la population pratiquante de l’Islam en Côte d’Ivoire où cohabitent religion chrétienne et pratiques traditionnelles propres à chaque peuple.
« L’islam est entré pour la première fois en Côte d’Ivoire, au 11ème siècle. Parti de l’Arabie Saoudite, en passant par les circuits du moyen orient, l’islam est arrivé en Egypte, puis couvert l’Afrique du Nord, et traversé le Sahara par le biais du commerce jusqu’à Tombouctou au Mali, pour ensuite atteindre la Côte d’Ivoire depuis les villes de Kong Bouna et Bondoukou », écrit Marie Miran dans son livre Islam, histoire et modernité en Côte d'Ivoire (Kharthala Edition, 2006 ) avant d’ajouter « C’est Bouaké ville nouvelle en pleine expansion et carrefour d’influences au centre du pays qui prit la tête de la propagation et de la rénovation de l’Islam .
9e grand Imam de Bouake, El Hadj Touré Bajawari s’investit dans « l’entente entre les musulmans et entre les musulmans et les autres pratiquants des autres religions ».
Grâce à sa foi et sa vision pacifiste, aucune tension ne vient perturber la paix qui règne sur les relations au sein de la communauté musulmane de la région de Gbèkè qui a pour chef-lieu Bouake ; le chef de la communauté sunnite, El Hadj Koné Seydou étant son vice-président au sein de la délégation régionale du conseil supérieur des imams (Cosim) dont le premier responsable est le Cheick Boikary Fofana.
Construite en 1889, la grande mosquée de Bouaké est située dans le quartier de Sokoura, à coté du marché de gros, elle est seule grande mosquée qui flotte sur le vaste terrain qui accueille les fidèles d’Allah.
Cette mosquée centenaire à la peinture défraichie, attend l’aide des bonnes volontés pour sa réhabilitation, l’achèvement des travaux des bureaux de l’imam et du Cosim ainsi que celui des résidences envahis par la broussaille.
Deux radios confessionnelles, Al Firdaws dont les locaux sont situés dans l’enceinte de la grande mosquée et Al Bayane entretiennent la foi des musulmans dans toutes les langues parlées en Côte d’Ivoire. Si la première appartient à la communauté musulmane de Bouaké, la deuxième revendique fièrement un statut national.
Bouaké, est une ville du pays Baoulé dont la population était en 2010 estimée à 727.674. Ville industrielle, elle a été pendant huit ans, le fief politique et militaire de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles. A la fin de la crise en côte d’Ivoire c’est à Bouaké qui est revenu le rôle de sceller la paix avec la cérémonie de la Flamme de la paix organisée pour la première fois au Stade Municipal de Bouaké rebaptisé depuis Stade de la Paix.
A l’aube de l’indépendance la position de grand centre intellectuel islamique dont jouissait Bouaké était solidement assise .En 1960 la Côte d’Ivoire comptait entre 14 et 20% de musulmans contre 43 % officiellement en 1993. Onze ans plus tard, la communauté musulmane ivoirienne est forte de millions de fidèles. Sur les 21 millions de personnes que comptait le pays en 2010, 38,60% étaient de confession musulmane.