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L'Afrique de l’Ouest nouvelle plaque tournante pour le trafic de drogue mondial

Le commerce de drogues en Afrique de l’ouest est actuellement estimé à 1,25 milliard de dollars US, « un montant largement supérieur au budget annuel de plusieurs États de la région»

12.06.2014 - Mıse À Jour : 12.06.2014
L'Afrique de l’Ouest nouvelle plaque tournante pour le trafic de drogue mondial

AA/Desk Français /Fethi Djebali

L’Afrique de l’Ouest est en passe de devenir une plaque tournante du trafic de drogue et non seulement une zone de transit, selon un rapport indépendant de la Commission Ouest-Africaine sur les Drogues publié jeudi sur son site officiel.

Fruit d’une année de recherche, le rapport  examine l’augmentation du trafic et de la consommation de drogues en Afrique  de l’Ouest et leur impact sur l’État et la société à travers une combinaison de données chiffrées officielles de plusieurs états, de recherches d’experts, de données d’instances sécuritaires et de  témoignages d’usagers de drogues.

Selon le rapport, le commerce des drogues en Afrique de l’Ouest est actuellement estimé à 1,25 milliard de dollars US – « un montant largement supérieur au budget annuel de plusieurs États de la région où la plupart des pays  comptent toujours parmi les plus pauvres du monde »,  pointent les  auteurs du rapport.  

Ces quantités proviennent notamment  du Venezuela, de la Colombie et du  Brésil, et ont été acheminées essentiellement vers l’Europe. Sur les 172 tonnes  de cocaïne pure entrées en Europe en 2010, 18 tonnes  ont transite par l'Afrique de l'Ouest, révèle  le rapport.

Dans certains pays, les élites au pouvoir, les services  de sécurité ou des groupes extrémistes, se sont  livrés à une concurrence parfois violente pour se tailler une part du gâteau dans le trafic de drogues, aggravant ainsi l’instabilité politique, indique le rapport.

Selon la commission, « le crime organisé, sous la forme du trafic de drogues, a fait des incursions profondes dans les États ouest-africains, y compris aux plus hauts niveaux » .Les narcotrafiquants ont, notamment,  pu profiter de protection au plus haut niveaux des Etat en finançant les compagnes électorales de certains leaders politiques. Le rapport n'a pas précisé de noms.

Malgré que des  craintes aient été  exprimées quant au fait que certains pays pourraient  devenir des « narco-États » violents, dominés par  des cartels de drogue et autres bandes criminelles, avec, dans certains cas, la complicité d’organisations  terroristes, le rapport reconnait que seule la Guinée- Bissau est le seul pays à revêtir certaines des caractéristiques du « narco-État », au sens où  les institutions étatiques ont été profondément ébranlées par les trafiquants de drogues.

Le rapport relève également que le profil du "narco trafiquant" africain est aussi un peu particulier en comparaison avec celui qui prévaut en Europe ou en Amérique latine où les profils sont plutôt bas. Selon le rapport « Le « baron de la drogue ouest-africain » peut aussi bien être avocat, un cadre supérieur ou un homme politique qu’un  jeune déscolarisé ou un passeur de diamants »

Dans son rapport la Commission Ouest-Africaine sur les Drogues pointe du doigt également les relations de plus en plus étroits, même s’ils ne sont pas encore vérifiées, entre les groupes armés notamment ceux  d’obédience religieuse et les trafiquants de drogues, la drogue faisant office de base arrière financière pour ces groupes.

En février 2012, le Conseil de sécurité des Nations  Unies a publié une déclaration présidentielle,  reconnaissant « les graves menaces qui pèsent sur la paix et la stabilité internationales » en Afrique  de l’Ouest et dans la région du Sahel en raison  du «terrorisme qui entretient, dans certains cas, des liens de plus en plus étroits avec la criminalité  transnationale organisée et le trafic de drogues », rappelle le rapport  en précisant que ce phénomène est encore cantonné à certains pays comme le Mali et la Guinée Bissau.

Dans ces recommandations pour faire face à la montée du narcotrafic en Afrique de l’ouest, le rapport préconise notamment de décriminaliser la consommation de  la drogue.

« Les usagers de drogues ont besoin d’aide et non de sanctions. Nous estimons que la consommation et la détention de drogues pour un usage personnel ne devrait  pas constituer un crime »,  conclut le  rapport.

 
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