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A l’école ivoirienne Dar al-Hadith, on enseigne, en arabe, un Islam de paix et d’union

Dans cette école mixte de la ville de Bouaké, capitale ivoirienne de l'Islam cosmopolite, on prépare des baccalauréats en études islamiques et en français.

02.01.2015 - Mıse À Jour : 02.01.2015
A l’école ivoirienne Dar al-Hadith, on enseigne, en arabe, un Islam de paix et d’union

AA/ Bouaké (Côte d’Ivoire) / Issiaka N’Guessan

Dar al-Hadith (ou Dar El-Hadisse), l’une des plus anciennes écoles d’enseignement confessionnel de la Côte d’Ivoire de la ville de Bouaké (Centre-Nord), se distingue par son apprentissage de la langue arabe et d’un Islam qui prône la paix et l’union, pour un développement personnel efficient, selon Sidibé Abdoulaye, son troisième Directeur Général, rencontré par Anadolu.

Dar al-Hadith est située entre les quartiers populaires Sokoura et Belleville, dans une zone marécageuse de la ville de Bouaké, deuxième grande ville ivoirienne (379 Km d’Abidjan, région de Gbèkè, Centre-Nord)  qui cultive avec ses 900  mosquées et  ses radios religieuses, sa position de capitale ivoirienne de l’islam cosmopolite.

L’école d’enseignement confessionnel fondée en 1960 par El Hadj Mory Moussa Camara qui voulait «transmettre la connaissance acquise au cours de ses nombreux voyages», selon Abdoulaye, fait figure d’exception avec ses cinq bâtiments, sa mosquée, et sa vaste cour enherbée: Elle contribue à fonder un Islam qui se veut intellectuel et pacifique.

Ici, l’apprentissage est mixte, jeunes garçons et filles vêtus de tenues vertes et noires, rejoignent la cour tôt le matin mais se séparent, selon le genre, pour entrer en classe.

 Dans chaque salle,  près de 80 élèves, assis par deux ou trois à chaque table, viennent recevoir un savoir prisé.

Dans les classes, garçons et filles suivent les enseignements donnés en arabe par des enseignants de tous les âges, de simples prédicateurs où des imams reconnus, à l’instar de Oumar Traoré, imam de la grande mosquée de Dar Es Salam (Tanzanie).

La quasi-totalité des enseignants de l’école sont eux-mêmes d’anciens pensionnaires, formés par la suite en Arabie Saoudite ou au Maroc.

« On ne peut comprendre l’Islam sans comprendre l’arabe », explique Sidibé Abdoulaye, issu lui-même de la 2è promotion de Dar El Hadisse.

« Nous avons un défi de taille à relever pour répondre aux défis du ministère de l’Education Nationale et anticiper sur le futur de la jeunesse ivoirienne» affirme le Directeur Général qui appréhende les difficultés d’insertion socioprofessionnelle de la plus jeune génération.

D’après Abdoulaye, Dar al-Hadith a été fondée dans le souci «de purifier l’Islam que nous avons reçu, sur le fondement du dogme, par le bannissement du maraboutage et de l’idolâtrie ».

«Nous sommes conscients que nous sommes dans un pays laïc et que nous devons vivre dans la paix avec les autres, nous avons beaucoup de défis à relever afin de sauvegarder les acquis du passé» soutient le Directeur Général.

Si Dar al- Hadith prépare les jeunes à l’avenir, elle n’est pas encore en mesure de briser certaines traditions qui pèsent sur les jeunes générations, notamment les mariages précoces.

 «Cela nous arrive souvent de refuser de libérer une jeune fille que les parents veulent marier de force mais comme il s’agit de problèmes d'ordre privé et que l'objectif des familles est de sauvegarder des valeurs en refusant que leurs filles tombent dans les bras d’un impie, alors nous ne pouvons que céder», poursuit-il.

«Cela nous choque que des familles nous arrachent des filles de nos classes» révèle-t-il, déplorant «la triste réalité».

En cette année scolaire 2014-2015, l’école en est à sa 28è promotion de Terminale.

Pour l’enseignant Malamine Kéïta, issu de l’Université de Médine(Arabie Saoudite), c’est une belle réussite. «Les parents envoient nombreux leurs enfants», se réjouit-il.

Mais Dar al-Hadith souffre de certains problèmes, notamment d’ordre pratique. Si le contingent pakistanais de l’Onuci (opération des Nations unies en Côte d'Iivoire), basé à Bouaké, avait un temps tenté de trouver réponse au problème de l’impraticabilité de la cour à cause de l’eau qui y stagne par exemple, le problème est de retour, au grand dam d’Abdoulaye.

Les latrines, le point d’eau, la bibliothèque ont besoin d’être rénovés tandis que les bâtiments ne refuseraient pas de nouvelles couches de peintures. Le système d’éclairage a lui aussi besoin d’être revu.

Pour le directeur, la priorité reste encore l’augmentation de bourses pour les jeunes qui achèvent leurs études secondaires avec à la clé deux diplômes, «un baccalauréat en études islamiques et  un autre en français» précise Sidibé Abdoulaye fier du chemin et du travail réalisés par son école.

« Si l’on doit faire le bilan du travail du fondateur, c'est une franche réussite. L’école a façonné l’Islam en Côte d’Ivoire, et ce, surtout grâce à la signature de partenariats avec des instituts d’enseignement islamique du Moyen-Orient et du Maghreb», se réjouit Sidibé.

Face à l’influence de plus en plus croissante des groupes «djihadistes» tels que Boko Haram, Daesh ou Aqmi, le directeur général de Dar El Hadisse se veut catégorique: « Quand on se réfère au Saint Coran et à la Sûnna, à notre histoire, l’Islam, ce n’est pas violence. Le Prophète a d’ailleurs vécu avec trois communautés dans la paix ».

Selon lui, « l’Islam ne se développe pas dans le sang et dans la violence, ni par les groupes armés,les Ivoirien ne veulent pas d'islam radical. Ils optent plutôt pour un Islam de paix et de développement à tous les enfants du pays ».

« C’est dans la paix qu’on réussit son développement personnel » soutient encore le directeur général de Dar al- Hadith.

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