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Bénin: Ouidah, une ville historique sous la protection des pythons

La moyenne des visiteurs et touristes qui viennent au temple des pythons de Ouidah est estimée à 1.100 personnes par an.

14.01.2015 - Mıse À Jour : 14.01.2015
Bénin: Ouidah, une ville historique sous la protection des pythons

AA/ Cotonou/ Serge-David Zouémé

La ville historique de Ouidah, bastion de la culture vaudou (religion endogène) au Bénin, est réputée pour son rôle dans la traite négrière, mais aussi ses sites patrimoniaux comme le temple des pythons, légendaire de part le statut de divinité et rôle protecteur des pythons.  

Située à environ 42 kilomètres au Nord-Ouest de Cotonou, elle héberge des bâtis de type colonial et traditionnel à valeur culturelle et touristique (le Fort portugais devenu musée d’histoire de Ouidah, la Villa Ajavon construite en 1922 par un riche commerçant togolais immigré, puis restaurée récemment par la Fondation Zinsou pour abriter le premier musée d’art contemporain d’Afrique), mais aussi des sites patrimoniaux comme la ‘Route des esclaves’ et surtout le temple des pythons. 

Erigé à l’origine sur plusieurs hectares, le domaine du temple, sérieusement rogné en raison des besoins d’urbanisation et d’habitations privées et familiales, s’étend aujourd’hui sur plusieurs mètres carrés, et se dresse majestueux devant la Basilique de Ouidah (la plus grande Eglise catholique de la ville) au quartier Dangbé houè (lieu de résidence des pythons).

Ce temple originel de culte traditionnel et sacré, seulement accessible aux initiés, a connu au fil des ans une mutation partielle, devenant un centre d’attraction cultuelle et un grand carrefour touristique pour les visiteurs de diverses nationalités et de différents continents qui défilent chaque année.

A l'entrée du temple, tout visiteur se fait accueillir par un arbre sacré de 600 ans qu’est l’ « Iroko ». Revêtu de lianes, cet arbre dont on dit qu'il détient un pouvoir mystique reçoit sacrifices et libations surtout à l’occasion de la fête du Vaudou (religion endogène), célébrée tous les 10 janvier depuis 1992 au Bénin et à laquelle participent les populations, les garants de la tradition (prêtres, prêtresses et adeptes de Vaudou) et touristes venus du monde entier.

Selon le régent (chef) du culte et gestionnaire du temple, Dangbé Kpohoun, à l’occasion de cette fête traditionnelle, un prêtre qui dirige le temple des pythons égorge un cabri dont le sang est versé sur une toile blanche qui entoure l’iroko en guise de sacrifice.

Outre l’iroko, se trouve renversée dans la cour du temple une jarre âgée de plus de 200 ans. Selon Kpohoun, elle s’emploie une fois tous les 7 ans après consultation de la divinité python, pour purifier la ville de Ouidah, chasser les mauvais esprits, éviter les morts précoces et demander une bonne saison pluvieuse.

Il y a aussi dans l’enceinte, une case qui est le magasin du vaudou et qui contient des calebasses, les verres et les poubelles sacrées.

La principale attraction du temple, ce sont les pythons qui sont « nos divinités que nous adorons et qui protègent la ville de Ouidah », a confié le régent du culte. Selon lui, il y a deux sortes de pythons dans le temple. Le « kpohoun » (python male) qui mesure parfois jusqu’à 10 mètres de longueur et le « Dangbé Drè » (python femelle) dont la longueur ne dépasse pas 1mètre 50. «Ils sont inoffensifs et on ne leur donne pas à manger, ils sont une divinité vaudou et leur nombre atteint la centaine», a-t-il indiqué à Anadolu.

« Une fois par semaine, on ouvre les portes du temple pour leur permettre de sortir, et ceux qui ont faim peuvent aller dans les maisons voisines déjà sensibilisées ; ils se nourrissent des insectes et des rats. Si le python ne revient pas au-delà de 72 heures, il est chaque fois ramené par la population parce qu’il est notre divinité et tous les autochtones de Ouidah en sont conscients. Il peut vivre pendant 10 ans, 20 ans ou même 50 ans avant de mourir», a-t-il expliqué.

A en croire ses propos, il existe un couvent, encore appelé cimetière pour les pythons, à l'intérieur du temple. « Quand le python meurt, il est enterré par les dignitaires après des sacrifices », a déclaré le régent et gestionnaire du temple.

En dehors de ces deux types de pythons, a-t-il précisé, il y a d’autres pythons invisibles qui, eux, sont dans la nature. Il s’agit de : « daglé-houéssi », « likpo », « kessou », « agnin », « ahouèhoun ».

« Ce temple autrefois forêt, date du 18e siècle et a été construit par nos aïeuls. Mais, on l'a modernisé, depuis 1992, en changeant la toiture du couvent des pythons par des tuiles et le mur intérieur qui est soutenu par des grilles. Avant, nos parents ne partaient pas à l’église. Ils venaient ici prier avec le vaudou et lui faire des offrandes comme des cabris et du haricot préparé », a-t-il martelé.

Pour le gestionnaire, la moyenne des visiteurs et touristes qui viennent au temple des pythons de Ouidah est estimée à 1.100 personnes par an. "Ils viennent des cinq continents du monde" a-t-il précisé ce qui lui donne, selon lui, une renommée internationale.

« Les périodes où les visiteurs affluent au temple sont les périodes des fêtes de fin d’année, pendant les vacances d’été et les congés », a affirmé le régent du culte qui avance le montant de 5 millions Francs CFA (près de 9000 USD) comme recette annuelle du temple des pythons.

« Cette recette peut fluctuer selon les ans, il s’agit juste d’une moyenne », a-t-il déclaré à Anadolu, martelant que 10% des recettes annuelles sont perçus par la municipalité de Ouidah pour financer en partie les initiatives liées au développement local.

 
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