Burundi: Natasha, une vedette de la chanson alliant tradition et modernité
"Etant burundaise je dois m'arranger pour que mes morceaux traduisent des éléments de la culture africaine" Natasha.

AA/ Bujumbura/ Rénovat Ndabashinze
Tout comme sa musique, moderne d'inspiration traditionnelle, Natasha, lauréate de la dernière édition du festival béninois des Stars de l'Intégration Culturelles Africaines (SICA), sait bien s'adapter à la mondialisation sans y être assimilé, et garde jalousement ses racines.
Sapée d'un accoutrement à base d’écorce de ficus, arbre habillant les premiers Burundais, à Cotonou, lors de la dernière édition des SICA, en mars dernier, la jeune chanteuse de 28 ans a présenté son tube "Burundi Bwacu" (Notre cher Burundi, en kirundi, langue locale) appelant les Burundais au développement et la sauvegarde de la paix.
Portant le nom de Ngendabanka, ("malgré eux, j’avance" en kirundi) Natasha, mère de deux enfants, ne cache pas sa satisfaction d'un parcours qui l'a conduit à cette consécration.
« Cela a été une journée inoubliable pour moi. Ce qui m’a donné un nouvel élan pour avancer » se rappelle-t-elle, dans un entretien avec Anadolu.
Au mois de décembre de la même année, désormais porte-bonheur pour la jeune artiste, une maison de production locale, Ikoh Multiservice, l'a nommée meilleure chanteuse de l’année 2014 au Burundi. Une nouvelle occasion en or lui permettant de réaliser que son travail est prometteur.
Souriante, dans son complet jeans, au bord du lac Tanganyika, Natasha retrace son parcours qui l'a mené aux plateformes régionales. Un rêve qu’elle poursuivait dès son jeune âge. D’après son témoignage, cette originaire de la commune Kinama, dans le Nord de Bujumbura, a débuté son aventure au sein d'une chorale de l'église de son quartier.
Pour se lancer, Natasha mémorise plusieurs chansons de Whitney Houston (artiste américaine), Brenda Fassy (artiste sud-africaine), Lukua Kanza (artiste de la République démocratique du Congo). Dès 2005, elle commence à intégrer d’autres groupes locaux comme le groupe ‘"Troubadours". Malgré les préjugés accompagnant une telle percée, elle a su persévérer.
« Prisonniers de quelques traits de la culture burundaise, en voyant une femme sur scène, certains Burundais pensaient à une fille de mauvaises moeurs», se souvient-elle lors de ses premières apparitions sur scène à l’âge de 14 ans.
Dans des bars de la capitale, Natasha ensorcelle le public avec sa voix envoûtante et sa gestuelle théâtrale. En 2012, Natasha Ngendabanka sort un album titré ‘’Mawe Mwiza’’ (Belle maman), un véritable éloge à sa mère, pour cette orpheline de père depuis l'âge de 12 ans. Son deuxième album est prévue pour le courant 2015.
Ses thèmes préférés se rapportent surtout à la société, aux souffrances, à l’amour, mais également la vie quotidienne des paysans burundais. Un ancrage bien national, et une africanité bien revendiquée.
« Je ne suis pas contre les cultures occidentales. Mais, pour produire mes chansons, je fais un tri. Etant burundaise, donc africaine, je dois m'arranger pour que mes morceaux traduisent des éléments de la culture africaine», témoigne-t-elle, affirmant, cependant, qu’elle se sert d'instruments de musique modernes, tels que la guitare.
A Bujumbura, la chanteuse est devenue la préférée de nombre d'Organisations Non-Gouvernemtnales (ONG) qui ont recours à ses chansons pour faire passer leur message. C’est le cas du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) avec qui elle a déjà produit cinq chansons, notamment, pour la sensibilisation des femmes sur le planning familial et la lutte contre l’ignorance.
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