AA/Tunis/Hend Abdessamad

Figure incontournable de la scène artistique arabe de par ses talents d’acteur et ses rôles interprétés dans des séries télévisées à succès, le Tunisien Dhafer L’Abidine, réalise son rêve de toujours en mettant en scène son premier long-métrage de fiction « Ghodwa » (Demain).

Dans cette première expérience derrière la caméra, Dhafer L’Abidine, cumule les rôles. Il met en scène et se met en scène, à la fois en tant que réalisateur et acteur, mais encore coscénariste et co-producteur.

Dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu, à l’issue d’une projection de presse du film « Ghodwa » tenue, samedi, au CinéMadart Carthage (banlieue nord de la capitale Tunis) L’Abidine a partagé son sentiment en tant qu’acteur et metteur en scène de ce nouveau film :" vivre l'expérience de l’acteur-cinéaste, était mon rêve depuis 24 ans qui s'est enfin réalisé, au moment où je me sentais réellement prêt pour cette expérience, ce n'est pas facile d'être devant et derrière la caméra à la fois, mais j'ai vraiment apprécié".

« Ghodwa » traite de la psychose d'un homme d'un certain âge souffrant de paranoïa suite aux exactions infligées sous la dictature de l'ancien régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui a gouverné la Tunisie (1987-2011), mettant en exergue la vie mutilée des sans-noms de l’histoire, - comme Habib, personnage principal incarné par Dhafer L’Abidine -, qui n'ont pas été indemnisés jusqu'à aujourd'hui.

« Ghodwa » rend compte également de la nature de la relation entre père et fils, à travers le récit de Ahmed, un adolescent de 15 ans, qui prend soin de son père atteint de troubles de stress post-traumatique ayant conduit à la dégradation de son état de santé.

Dhafer L'Abidine a opté dans son film pour un casting totalement tunisien composé notamment de Ahmed Berrhouma, Najla Ben Abdallah, Rabeb Srairi, Bahri Rahali, et Ghanem Zrelli.

Le film est marqué de plans longs qui donnent au spectateur l'impression d'endurer la temporalité des événements dans les moindres détails. Pour justifier le recours à cette technique non conventionnelle, le cinéaste a affirmé à l'Agence Anadolu que "cette lenteur est un marqueur de la mise en scène, dans la mesure où il s'agit de faire vivre au spectateur le quotidien du personnage principal avec son lot de trauma".

Connu pour son image emblématique de dandy, Dhafer L'Abidine interprète le rôle de Habib, un quinquagénaire barbu aux cheveux décoiffés, avec un visage défait par l'agencement concret du pouvoir despotique et un corps marqué à jamais par la névrose traumatique.

"Ce rôle n'a pas été principalement écrit pour briser cette image (...) Le personnage de Habib est certes différent de ceux que j'ai interprétés, mais chaque acteur doit savoir interpréter des rôles différents", a expliqué la vedette tunisienne, faisant observer qu'il avait joué plusieurs rôles dans des productions internationales qui ne déclinent aucunement cette image du beau gosse tiré à quatre épingles.

Le comédien a invité à cet effet son large public en Tunisie et dans le monde arabe à découvrir ses multiples apparitions dans des opus à l'échelle internationale.

Avant d'entamer sa carrière d'acteur dans le monde arabe, Dhafer L'Abidine avait déjà réussi à percer comme comédien en Occident, où il a participé à de nombreuses productions cinématographiques internationales, comme "Children of Men", "Sex and the City 2" ou encore "Centurion".

L'acteur tunisien a également pris part à des productions internationales télévisées, notamment la série américaine "The Looming Tower", qui a obtenu 4 nominations aux Emmy Awards, et décroché un rôle important dans la série musicale sur la plateforme Netflix "The Eddy".

La star tunisienne joue actuellement dans la série télévisée libanaise à succès "Arous Beirut" qui reçoit des critiques favorables dans le monde arabe, après les échos positifs des séries égyptiennes "Layali Eugénie" et "Halawet Al Donia", pour lesquelles il a remporté le Murex D'or du meilleur acteur arabe dans une série télévisée.

Il convient de noter que "Ghodwa" a remporté le Prix du meilleur film décerné par la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI) au Festival international du film du Caire, dont les prix sont attribués par la critique internationale dans les principaux festivals de cinéma internationaux (Cannes, Berlinale, Mostra de Venise, Toronto).

Le film a été également sélectionné dans la section ” Arab Spectacular ” du Festival international du film de la mer Rouge (Red Sea International Film Festival), organisé en Arabie saoudite.