Culture et Arts

France: Lyon, des ateliers de la soierie à l'épicerie turque

Lyon, capitale des Gaules et 2éme ville de France, connue pour sa gastronomie et les frères Lumières, qui y ont inventé le cinéma, abrite une communauté turque estimée à plus de 30 mille âmes et qui a récemment érigé un centre cultuel remarquable

1 23  | 12.04.2018 - Mıse À Jour : 12.04.2018
France: Lyon, des ateliers de la soierie à l'épicerie turque ( Freelancer - Anadolu Ajansı )

Tunis

AA/France/Fatih Karakaya

Arrivés à Lyon dans les années 70, les premiers Turcs se sont installés dans les quartiers des Terreaux et de la Part-Dieu, situés en centre-ville.

Ici, les appartements bon marché, ont été conçus de façon à pouvoir profiter de la lumière du jour le plus longtemps possible, grâce aux plafonds surélevés et aux grandes fenêtres, conditions nécessaires pour pratiquer l’art du tissage. Activité que les nouveaux arrivants ont commencé à exercer rapidement pour faire face aux besoins de main d’œuvre dans le secteur.

Ces mêmes quartiers ont été rasés au XIXe siècle et reconstruits selon le style haussmannien, traversés par de larges avenues pour permettre le déplacement des forces armées à cheval, dont la mission était de réprimer les révoltes, qu’a déjà connues la ville, et d’éviter qu’elles ne se répètent.

Les immeubles reconstruits disposaient de grandes fenêtres et de plafonds élevés afin de faciliter l’activité des canuts, ces tisserands qui se sont révoltés à plusieurs reprises au XIXe siècle, pour dénoncer leurs conditions de travail.

Dans les années 80, les travailleurs turcs, des hommes célibataires, ont fait venir leur famille et ont commencé à quitter le centre-ville de Lyon pour la banlieue et les communes avoisinantes, non sans avoir introduit dans ces quartiers les restaurants rapides que l’on appelle les « Kébabs ».

Les travailleurs ayant retrouvé les leurs, ont migré dans ces zones afin d’offrir un meilleur cadre de vie à leur famille dite « regroupée ».

C’est ainsi que la ville de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise, accueille aujourd’hui une forte communauté turque.

Cette communauté considérée comme recluse sur elle-même par certains commence toutefois à être de plus en plus visible.

Une visibilité qui ne dépend plus seulement des commerces et restaurants, que l’on reconnait grâce aux noms à consonance turque, mais aussi grâce à la mise en place d’institutions telles qu’écoles, mosquées, associations, regroupées en un seul et même lieu.

La plus remarquable des institutions de la communauté turque dans la région lyonnaise est sans aucun doute le complexe de Eyup Sultan. La communauté l’a d’ailleurs construit en le finançant intégralement mais aussi en contribuant physiquement aux travaux.

Disposant de 4 800 m2 de surface et d'une coupole de 16 mètres de diamètre et quatre mini minarets, le complexe d'inspiration ottomane est un centre islamique caractérisé par une salle de prière de 750 m² et une mezzanine pour les femmes. Les fidèles y trouvent également des salles de cours pour enfants et adultes, une bibliothèque, des salles de réunion et de conférence, des commerces, ainsi que des salles de jeux.

L’établissement a été conçu pour satisfaire non seulement les besoins spirituels mais aussi pour répondre aux besoins qu’ont les personnes issues de contrées lointaines et leur permettre ainsi de créer un semblant de chez soi où se retrouvent produits et senteurs du pays d’origine.

Dès que le portail est franchi, les narines des fidèles sont titillées par différentes effluves envoûtantes que les initiés identifient sans difficulté. Le mélange d’odeurs de plats cuisinés et de thé turc « demli » provient du restaurant du complexe qui se situe juste à l’entrée et du salon de thé situé juste en face de ce dernier.

Les quelques mètres qui séparent le portail de la porte du bâtiment principal, qui donne par la suite sur un large couloir menant au restaurant, permet au visiteur d’imaginer les différentes spécialités qui y sont servies.

Ce complexe ou ‘’kulliye’’ en turc, outre le salon de coiffure en son sein, héberge également une épicerie où sont commercialisées toutes sortes de produits en provenance de Turquie.

Le travailleur célibataire des années 70, qui logeait dans les appartements miteux du centre-ville, s’est d’abord mué en un travailleur acharné avant de devenir un entrepreneur avisé et a fini sa mutation en institutionnalisant sa présence.

Présence qui contribue au vivre ensemble et à la paix sociale selon E E, âgé d’une quarantaine d’années et qui fréquente la mosquée depuis sa construction.

Au-delà de sa fonction cultuelle, la mosquée offre selon ce dernier, grâce notamment à son restaurant et à son épicerie, un cadre idéal pour se fournir en produits du pays et retrouver les spécialités culinaires turques.

Il note que la mosquée a été intégralement financée par les Turcs de la région et que les nombreux artisans, que composent la communauté, ont contribué activement à sa construction.

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