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Le Sénégal à la mode jusqu’au bout du pagne

La mode sénégalaise a permis d'offrir une nouvelle vie au pagne tissé.

30.06.2015 - Mıse À Jour : 30.06.2015
Le Sénégal à la mode jusqu’au bout du pagne

AA/ Dakar/ Babacar Dione

Au cœur du travail des stylistes et couturiers sénégalais, le pagne tissé a fait de Dakar une des plaques tournantes de la mode africaine.  

Le pagne tissé a en effet pris un nouvel envol au Sénégal avec le choix, ces dernières années, des stylistes ou couturiers d’utiliser ces tissus pour bien embellir les tenues traditionnelles.

A Colobane, un quartier populaire dakarois où les tisserands ont installé leurs quartiers, les pagnes tissés trouvent davantage d’acheteurs qu’avant.

« Nous avons des clients venant des quatre coins du pays. Les femmes sénégalaises achètent les pagnes tissés pour des écharpes ou pour en faire des tenues en les mélangeant avec des basins riches », explique à Anadolu Kabanta Mama Nanki,  un tisserand qui capitalise 30 ans de métier.

« C’est surtout depuis que les stylistes utilisent de plus en plus les pagnes tissés dans les défilés de mode que nous avons augmenté nos revenus », ajoute M. Nanki.

Le recours aux pagnes tissés dans la mode a en effet boosté l’activité des tisserands s’accordent-ils tous à dire.

« Nous avons des variétés de pagnes. Les prix varient entre 11 000 Fcfa et 25 000 Fcfa (22 et 55 USD). Je ne peux pas vous dire ce que je gagne chaque mois, mais Dieu merci, cela me permet de faire vivre décemment ma famille et mes enfants », ajoute M. Nanki.

Dans ce quartier de Dakar, tous les tisserands sont de l’ethnie manjaque, une minorité qui vit dans le sud du Sénégal et en Guinée Bissau, héritiers du métier de père en fils.

D’autres ethnies sénégalaises, notamment les sérères, une ethnie présente principalement dans le centre du Sénégal, comptent aussi en leur sein de nombreux tisserands. Chez les sérères, il faut être griot pour exercer ce métier qui est également hérité de père en fils.

Pour pratiquer ce métier artisanal, les acteurs ont comme supports des fils de toutes les couleurs. Des bâtons sont supportés sur deux côtés et entre ces bâtons, est étalée une ligne de fils qui s’étend sur une vingtaine de mètres.

Assis sur un petit banc, le tisserand utilise deux objets remplis de fils qu’il croise. Au fur et à mesure qu’il accomplit son geste, le pagne se forme.

A deux mètres de lui, un jeune utilise un autre bâton pour ajuster les fils.

Les deux acteurs guettent l’arrivée d’un acheteur pour écouler la marchandise qui est exposée en face d’une route amplement fréquentée par les riverains.  «Nous produisons plusieurs motifs. Nous insistons sur les tissus brillants qui sont très prisés par les femmes », explique Kabanta Mama Nanki.

Dans le milieu de la mode, certains stylistes n’hésitent pas à embaucher des tisserands dans leurs ateliers. «Certains recrutent des tisserands. D’autres collaborent directement avec ceux qui ont leurs propres ateliers. Quand ils passent une commande, le tisserand est obligé de tout faire pour les satisfaire très rapidement», souligne Nanki.

«Il nous arrive d’avoir des clients qui veulent les pagnes utilisés pour des tenues traditionnelles. Quand on achète un tissu brillant, ça permet d’avoir un grand boubou traditionnel très joli », confie Mame Lô, une couturière.

M. Nanki, précise que les clients se manifestent le plus durant la période hivernale. « Nous avons plus d’acheteurs entre décembre et janvier. Quand il fait froid, les femmes préfèrent les écharpes lourdes », fait savoir Diez Sa, un autre tisserand.

En plus de donner un cachet plus africain à la mode sénégalaise, les pagnes tissés sont aussi utilisés pour leurs vertus « thérapeutiques. »

«Chez les manjaques, les  pagnes protègent contre le mauvais sort. C’est pourquoi, les femmes mariées les portent. Ils sont aussi utilisés pour les baptêmes», souligne M. Nanki.

« Nous avons souvent des clients qui veulent des tissus 100% coton. Là, nous utilisons le coton transformé traditionnellement pour avoir des fils. Nous arrivons à avoir des tissus blancs. Ces pagnes sont utilisés par les lutteurs et les hommes comme  couverture. Selon le croyance populaire, ils protègent contre le mauvais oeil », explique Kabanta Mama Nanki.

Si l’on suit la croyance populaire, les acheteurs sont doublement gagnant puisque en plus d’embellir leurs tenues, les pagnes protègent contre le mauvais œil.

Vérité ou pas, les tisserands vivent aisément de leurs ventes. 

 
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