Tunisie - La Kasbah du Kef : Une Citadelle ottomane qui défie le temps
- Erigée en 1600 par les Ottomans, la Citadelle du Kef domine comme « une couronne dorée » la colline du «Djebel Addir» de la ville tunisienne du Kef (Nord-ouest).
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AA / Le Kef (Tunisie) / Yosra Ouanes
Erigée en 1600 par les Ottomans, la Citadelle du Kef domine comme « une couronne dorée » la colline du «Djebel Addir» de la ville tunisienne du Kef (Nord-ouest).
La «Citadelle de la Kasbah» ou la «Kasbah du Kef» est considérée comme un joyau brillant sur cette ville calme et est restée debout et inébranlable quatre siècles durant, malgré les invasions, ouvrant ses bras comme un ange gardien qui la protège des menaces extérieures.
Pour visiter ce monument et se plonger dans son passé, le visiteur n’a qu’à monter la colline, nichée à 735 mètres d’altitude du Djbel Addir et se trouvera en face d’un gigantesque portail au milieu d’une épaisse muraille avec une fenêtre aux dimensions énormes.
Ce portail est en bois ciselé au style ottoman. L’intérieur est une fresque historique, avec à gauche de l’entrée des restes de Canons de l’époque rangés comme prêts à repousser toute attaque intempestive.
En face, se trouve un long couloir menant à de grandes chambres « Oudha ». Les unes servaient de dépôts d’armes et de munitions, d’autres utilisées comme cuisines et chambres à coucher et d’intendance.
Ce couloir se termine à sa droite par une porte donnant sur une vaste cour utilisée, aujourd’hui, pour organiser des festivals et autres manifestations culturelles qui ont vu monter sur les planches des artistes de Tunisie et d’ailleurs ; ainsi que des expositions de l’artisanat local et régional.
La partie couverte de la Kasbah, considérée comme une tour de défense, est d’une superficie de 2000 m2. La colline dépassant les 5000 mètres carrés. Mohamed Tlili, chercheur et historien tunisien, originaire du Kef, a déclaré à Anadolu que la construction du monument remonte à l’an 1600 sous le règne de Othman Dey.
Tlili, qui supervise les travaux de restauration, a fait savoir que la date de construction est gravée sur le portail d’entrée ; passant en revue les différentes étapes historiques de la Kasbah. Il a ajouté que le Califat ottoman a pu en 1574 reprendre l’Ifrikia (nom donné à l’espace géographique allant de Tripoli en Lybie à Constantine en Algérie) qui était alors sous domination Hafside et de là à s’étendre aux régions environnantes.
Au début, une simple tour fut érigée en 1600 puis d’autres bâtisses ont suivi, surtout en 1637, après la victoire de l’armée turque sur la tribu tunisienne des Bani Channouf, ce qui les obligea à construire un deuxième point de défense : le premier avait été réservé aux tribus des « Zouwawa ».
Le nombre de soldats de cette garnison s’élevait, à cette époque, à 500 et aux dires de notre interlocuteur, on donna l’ordre au « Diwan » (Office) des troupes turques en Tunisie d’occuper toutes les régions environnantes du Kef et de tracer la frontière avec l’Algérie voisine.
C’est dire l’importance stratégique de la ville du Kef et son grand rôle, dans la défense du pays joué des siècles durant. Pendant le conflit Husseinite et sous le règne de Ali Pacha (1735-1756) la Kasbah a enregistré des travaux de restauration et d’agrandissement, selon Tlili, avant de connaitre par la suite des destructions, des dommages et des sièges à la suite des conflits et des guerres.
Elle ne reprit son rôle que sous Hammouda Pacha en 1807 et fut de nouveau restaurée et agrandie et prit ses structures et aspects définitifs, a-t-il précisé. L’historien a, par ailleurs, relevé que la garnison du Kef était d’une grande importance et à chaque fois que cette citadelle tombe, le pouvoir change de mains et à chaque fois qu’elle tient bon aux envahisseurs, le pouvoir ne vacille pas et ses derniers envahisseurs furent les français en 1881 qui à leur tour y ont installé une garnison en 1882.
Le Royaume berbère de Numidie en 2022 Av. JC saisissait déjà l’importance de la colline de « Djebel Addira » et la choisit comme lieu pour contrôler toute la région, a-t-il relevé. Quant à la ressemblance des appellations entre la Kasbah d’Alger d’une part et la Kasbah de Tunis et la Kasbah du Kef d’autre part, Tlili a expliqué que la Kasbah d’Alger c’est la Médina (ancienne ville) et la Kasbah de Tunis et de Kef sont des lieux de pouvoir et des lieux militaires, et ce selon le concept des Almohades (dynastie d’origine berbère qui régna sur le Maghreb et sur l’Andalousie de 1121 à 1269).
La Kasbah est devenue la fierté des habitants de la province du Kef car elle leur rappelle leurs rôles prépondérants joués depuis des siècles et afin de préserver cette histoire, la Kasbah est devenue un lieu de tourisme et de culture.