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Burundi: le carrefour régional de Rumonge est désormais un port-fantôme

Ce port construit, il y a une trentaine d'années, a perdu de sa dynamique depuis l'instauration d'une forte taxation sur les produits commerciaux.

11.12.2014 - Mıse À Jour : 11.12.2014
Burundi: le carrefour régional de Rumonge est désormais un port-fantôme

AA/ Rumonge/ Rénovat Ndabashinze

Jadis synonyme de lieu d'échange florissant des produits de la région des Grands Lacs, le port de Rumonge (sud de Bujumbura, capitale burundaise) est désormais un port fantôme, déserté qu'il a été par les commerçants en raison de la forte taxation.

"C'était un grand point de rencontre de commerçants qui venaient de la Tanzanie, de la RDC, vendre leurs leurs tissus, leurs matelas, leurs pagnes, et des produits agricoles comme le maïs, la farine de manioc, le riz," se souvient encore Issa Gahungu, commerçant burundais, habitué de ce port.

 «Des produits divers, des commerçants congolais, tanzaniens, zambiens faisaient des activités commerciales via le petit port de Rumonge», appuie Venant Birorimana, secrétaire communal de Rumonge, qui se souvient d’une certaine époque où le trafic à ce port était très fructueux.

Situé au bord du Lac Tanganyika, à 73 km au sud de Bujumbura, le port de Rumonge a perdu de sa splendeur. Le flux commercial a sensiblement baissé depuis la hausse des frais de douane avec l’arrivée de l’Office burundais des recettes (OBR), en 2010.

« Pour un sac de 50 kg de riz, on doit désormais payer l'équivalent de 4 dollars USD, un sac de charbon paie plus d’un dollar tandis qu’un bidon de 20 litres d’huile de palme donne plus d’un dollar en taxes. Toutes ces taxes n’existaient pas avant la venue de l’OBR" se plaint Ernest Maliyamungu, un commerçant congolais.

Beaucoup de commerçants sont tombés en faillite, alors que d’autres ont préféré carrément aller exercer leurs activités en RDC ou en Tanzanie. 

Pour Venant Birorimana, la caisse communale a été la première victime de ces prélèvements étatiques qui sont venues se substituer aux siens, "très abordables" selon le secrétaire communal qui affirme que les entrées communales, via ce port, ont connu une baisse remarquable autour de 70%.

Cette nette régression est également constatée par l’Autorité Maritime Portuaire et Ferroviaire (AMPF-Burundi). Son directeur, Joseph Baruhawe, a constaté, que durant les deux derniers mois, seules 173 pirogues ont accosté à ce port en provenance de la Tanzanie et du Sud-Kivu de la RDC.

Les portefaix ou les échangeurs de monnaie ont été aussi victimes de cette situation. Beaucoup d’entre eux ont migré vers d’autres localités comme l’affirment certains d’entre eux rencontrés à l’entrée du port de Rumonge.

Benjamin, un échangeur, indique que certains de ses amis sont partis pour Kigoma en Tanzanie : «Avant, je parvenais à avoir au moins 100 dollars de bénéfice par jour parce que le port travaillait tous les jours. Mais aujourd’hui, on attend seulement les lundis et les jeudis pour exercer notre métier ».

Même cri d’alarme chez Bédouin, alias "Gangster", un portefaix au port de Rumonge « Dans le temps, je rentrais chaque jour avec plus de dix dollars mais actuellement, j’ai à peine dix voire moins de dix dollars par semaine. C’est devenu très difficile de faire vivre ma famille ».

Devant la demande des commerçants, burundais ou étrangers, de revoir à la baisse les taxes sur les produits transitant par ce port afin de permettre à plusieurs personnes de continuer leur activité commerciale, la réponse de l'OBR est toujours négative.

« Les populations ainsi que les commerçants doivent comprendre que le paiement de taxes est un devoir », leur lance un des responsables du bureau de l’OBR à Rumonge" Ce que vous payer aide au paiement des fonctionnaires, à la construction des infrastructures d’intérêt public."

Quand des commerçants congolais sont venus exposer leurs doléances au bureau de l'OBR, un responsable leur a rappelé que "la RDC n’est pas membre de la Communauté de l’Afrique de l’Est et qu'à ce titre, elle s'expose à des taxes encore plus importantes. « Les Congolais doivent payer les droits de douane à 100% contrairement aux Tanzaniens qui paient des taxes moins importantes ».

Pas de constructions dans ce port, même vétustes, pas de hangars pour les besoins du stockage des marchandises, non plus. Les sacs du sel sont ainsi laissés en plein air. Même les quelques bâtiments qui étaient sous la gestion communale sont à présent délaissés. Les habitants craignent ainsi que ce port, construit dès 1982, outre d'être dépourvu d'infrastructures nécessaires, ne soit dépourvu, désormais, d'avenir.

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