En Allemagne, on quitte sa religion pour payer moins d’impôts
400 mille fidèles catholiques et protestants ont quitté l'Eglise à cause d'une nouvelle règle fiscale entrée en vigueur en 2015.

AA/Tunis/Esma Ben Said
Être membre de l’Eglise coûte cher en Allemagne. C’est le constat établi par plus de 400 mille fidèles catholiques et protestants qui ont officiellement renoncé à la maison de Dieu, afin d’échapper à une nouvelle règle fiscale entrée en vigueur en 2015.
En Allemagne, depuis le Moyen-Âge, les chrétiens paient un impôt sur la religion, appelé « la Kirchensteuer ». Le taux de l’impôt, prélevé à la source sur le salaire est d'environ 8 à 9 % de l'impôt sur le revenu, qui se situe généralement entre 0,2 % et 1,5 % du revenu total.
Aucun contribuable baptisé – automatiquement classé «membre» de l’Eglise – ne peut d'ailleurs y échapper. Cette argent prélevé est aussitôt redistribué aux Eglises afin de financer leurs activités en tout genre, de l’entretien des lieux de culte, personnel, aux actions sociales etc.
Seul moyen d’être exonéré d’impôts : renoncer via une déclaration formelle à être membre d’une Eglise. Dès lors, les fidèles n’auront plus accès à la confession, à la communion, à des funérailles religieuses, au statut de parrain religieux, où même à certaines écoles.
Le phénomène de défections n’est pas nouveau en Allemagne. En 2012, celles-ci avaient déjà touché 256 mille membres de l’Eglise mais la nouveauté cette année, c’est que «la Kirchensteuer» est désormais étendue aux revenus du capital (intérêts des placements), rapporte l’hebdomadaire français « l’Express » mardi soir, citant un article paru récemment dans le quotidien britannique The Telegraph.
«Alors que dans le passé, les défections étaient surtout le fait de jeunes adultes renonçant à la religion de leurs parents, en 2014 les retraités ont été nombreux à effectuer la démarche, craignant un "braquage" des revenus de leur épargne», explique l'"Express".
Cette nouvelle mesure, devrait rapporter 160 millions d’euros aux Eglises catholiques et protestantes qui ont déjà récolté près de 10 milliards d’euros en 2013, ajoute l'hebdomadaire français.
Près de 30,8 % des Allemands, (soit 24,7 millions de personnes), sont catholiques tandis que 30,3% (soit 24,3 millions de personnes), sont protestants, selon le recensement de 2011.