Un "avion-restaurant" donnera des ailes à l'activité touristique sur Cotonou
Le promoteur de ce projet ambitionne la même réussite qu'a connue un avion-restaurant similaire au Ghana.
AA/ Cotonou/ Serge David Zouémé
Sur un domaine boisé offrant un paysage de jeunes cocotiers à Cotonou, séjourne un impressionnant aéronef, dont le destin va bientôt échouer dans le tourisme gastronomique béninois, pour ainsi décoller vers un pallier supérieur.
Griffé « Barakah », cet avion atterri sur la plage de Cadjéhoun, à 300 mètres de la mer juste derrière l’aéroport de la capitale béninoise, mesure une vingtaine de mètres et offre 345 places assises et entrera en fonction dans les semmaines à venir.
Après des travaux de restauration, le jumbo-jet sera transformé en un véritable complexe de loisirs et de divertissement qui permettra aux Béninois ainsi qu’à des étrangers, de voyager au bout de la gastronomie béninoise et des ambiances africaines. Les principaux plats typiques du Bénin à déguster sont entre autres l'Amiwo, pâte de maïs rouge, le fromage peulh, à base de lait de bœufs et le Gari, semoule à base de farine de manioc émincée finement.
« Je veux ouvrir un avion-restaurant, comme c’est le cas au Ghana », a confié Mickael Kèkè à des médias béninois. Selon lui, toutes les démarches à suivre ont été franchies avec succès et il ne lui reste que l’inauguration de ce projet qui offrira de l’emploi à la jeunesse béninoise.
Pour certains usagers de la plage de Cotonou rencontrés par Anadolu, ce projet aura le double mérite de procurer du plaisir aux Béninois qui manquent, de plus en plus, de cadres de loisirs et de distractions, et d’offrir la chance à ceux qui n’ont jamais pris l’avion, d’y passer du temps à moindre coût.
« Je n’ai jamais directement vu un avion ! Avec ce projet, c’est une aubaine qui m’est offerte d’y passer de bons moments», confie tout enthousiaste, Emile T, un jeune agent de l’Etat, rencontré sur la plage de Cadjéhoun.
Sosthène Capo-Chichi, Chef service marketing, communication et prospection touristique de la Direction du Développement et de la Promotion Touristique du Ministère de la culture et du tourisme, déclare, à ce propos, que l’avion-restaurant de Cotonou boostera significativement le tourisme interne.
« Je dirais tourisme interne parce qu’il y a beaucoup de Béninois qui ne sont jamais entrés dans un avion », argumente le responsable. De ce point de vue, il fait observer que les clients béninois seront attirés autant par la forme dudit futur complexe de loisirs que par les services qu’il dispensera, "dans les quelques prochains mois", espère-t-il.
Ce projet salué par certains Béninois, n’est pas, toutefois, le bienvenu chez une autre frange sociale. Les pêcheurs de la communauté « Xla » trouvent que le projet menace leur gagne-pain.
« Nous logeons ici sur la berge, c’est notre lieu de vie. Nous n’avons plus où aller », s’exprime à Anadolu, le sexagénaire Ahoué. M, avec l’acquiescement de ses collègues. L’activité de pêche nécessite, poursuit-il, le calme et les poissons ont besoin de silence pour venir à la surface de l’eau. Ce qui sera peu faisable avec ce projet qui drainera davantage de marées humaines.
Se prononçant sur l’emplacement de l’avion-restaurant, Edmond Sossoukpè, directeur général de l’Agence béninoise pour l’environnement « Abe », a indiqué à la presse qu’il sera procédé à une étude minutieuse du dossier relatif au projet pour vérifier l’engagement du promoteur à respecter les conditions fixées, à savoir, la garantie de l’hygiène des lieux et la propreté de l’environnement. Abondant dans le même sens, le responsable béninois a fait observer que des plants de cocotiers ont été semés, dans le cadre d’un boisement de la plage qui accueille l’aéronef.
Le projet s’avère, de là, impatiemment attendu par les Béninois désireux de voir le tourisme de leur pays décoller, mais il semble cependant regardé de travers par ceux qui craignent pour leur gagne-pain.
En 2013, date des dernières statistiques, ont été enregistrées 230.946 arrivées contre 191.870 en 2012, selon Septime Biadja, de la Direction béninoise du Développement et de la Promotion Touristique, ce chiffre comprend des touristes d'Afrique de l'Ouest, du Maghreb et de l'Europe.
Reste à signaler que l’histoire de ce Lockheed Martin, immatriculé 9L-LFB, parait un peu étrange. Selon une enquête du journal béninois « Le Matinal » publiée le mois dernier, l’appareil a été loué par l’Etat béninois d’une compagnie privée camerounaise pour transporter des pèlerins béninois à la Mecque (Arabie saoudite), en 2005. Mais, a défaut d’autorisation pour s’envoler, l’avion a été signalé et l’Arabie Saoudite lui a interdit d’atterrir sur son territoire. L’avion est donc resté coincé au Bénin et le prestataire de services camerounais n’a pas pu rembourser les pèlerins qui ont saisi la justice béninoise.
Depuis lors, abandonné aux intempéries sur le tarmac de l’Aéroport international de Cotonou, l’appareil a été finalement vendu à un prix "dérisoire", selon les médias béninois, à un opérateur économique béninois, qui compte investir pour donner des ailes à l’activité touristique sur Cotonou.