France : Une intérimaire voilée refusée par un gérant de magasin
- L'incident suscite un large débat sur la "neutralité religieuse" en entreprise.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La controverse enfle après qu'une vidéo montrant un gérant de magasin à Strasbourg (Bas-Rhin) refusant une intérimaire portant le voile a été massivement partagée sur les réseaux sociaux.
Cet événement a ravivé les discussions sur la neutralité et la laïcité dans les espaces privés en France.
La vidéo, diffusée jeudi, révèle le gérant en conversation téléphonique, expliquant que la tenue de la jeune femme ne correspond pas aux exigences du magasin en raison de son voile. Selon lui, même si une autre employée porte une croix, celle-ci n'est pas visible, insistant sur le fait que le magasin est un "lieu privé" et que les règles y sont différentes. La jeune femme rétorque, clarifiant qu'elle ne compte pas rester après que le gérant lui a demandé de partir, tout en insistant sur la déformation de ses propos.
Selon le ministère du Travail, du plein-emploi et de l'insertion, dans le cadre d'une entreprise privée, une politique de neutralité peut justifier une telle interdiction. Cette politique doit toutefois être appliquée de manière égale à tous les signes religieux, politiques et philosophiques, et uniquement pour les employés en contact direct avec la clientèle.
L'affaire a suscité une vive réaction en ligne, la vidéo ayant été visionnée plus d'un million de fois. Le débat s'étend sur la notion de laïcité dans les entreprises privées, un principe appliqué dans les institutions publiques en France, mais dont l'application varie grandement dans le secteur privé.
Interrogé par BFMTV, Florian Ribar, juriste pour SOS Racisme, a souligné que l'exigence du patron requérant l'abandon du voile dans le magasin n'est pas justifiée. "Les seules possibilités pour lesquelles on peut interdire le port du voile, sont des raisons de santé ou de sécurité", a-t-il précisé.
Le juriste a ajouté que "ça n'a pas l'air d'être le cas" dans le magasin en question. Florian Ribar a mentionné que le principe de laïcité dans une entreprise privée ne peut être invoqué que s'il s'agit d'un "représentant de l'État". Il a estimé, en outre, que le principe de "neutralité" ne peut pas, non plus, être retenu, pour ce magasin, notamment s'il n'est pas précisé dans le règlement intérieur de l'enseigne.