Les mariages israélo-palestiniens, "une menace" pour l’Etat Hébreu!
Le 17 août dernier, des ong juives ont tenté d'empêcher la célébration d'un mariage entre un palestinien et une israélienne en scandant "Mort aux Arabes", "Traîtres à l'Etat Juif".

AA/ Jérusalem/Julie Couzinet
En Israël, les mariages entre palestiniens et israéliens sont vus d’un très mauvais œil, voire, assimilés à « un péché » par certaines ONG juives qui considèrent toute union de ce genre, comme véritable "menace" à « la survie de la terre promise » et à « la perpétuité de leur genre».
Alors que le conflit israélo-palestinien bat son plein faisant plus de 2000 morts et 10 000 blessés palestiniens contre 67 morts israéliens, selon des bilans officiels, "le racisme" est de plus en plus exacerbé l’encontre des Palestiniens et semble commun chez bon nombre d’Israéliens, observe, David Sheen, journaliste et activiste israélien.
Ainsi, le 17 août dernier, l’union d’un musulman palestinien, Mahmoud Mansour (26 ans), et d’une juive israélienne convertie à l’Islam, Morel Molka (23 ans), a été fortement troublée par une manifestation qui a réuni près de 200 israéliens d’extrême droite, à Rishon Letzion, au sud de Tel Aviv.
La manifestation avait été organisée par le groupe "Lehava", une association israélienne luttant contre "les mariages inter-religieux et l’assimilation", et dont l’objectif principal est "de maintenir une majorité juive en Israël".
Dans une déclaration à Anadolu, l'avocat du couple, Yaniv Segev, a expliqué que "d’après la cour suprême israélienne, personne n'avait le droit d’empêcher cette manifestation" d'un point de vue juridique.
Segev a cependant réussi à obtenir une mesure de restriction de la manifestation auprès de la Cour de magistrature de Rishon Letzion, ce qui est « une victoire sans précédent », a-t-il affirmé.
Le rassemblement s’est donc tenu à une distance de 200 mètres de la cérémonie, avec la présence de la police . Les manifestants ont scandé des slogans tels que « Mort aux Arabes », « Mort aux militants de gauche », « Traîtres à l’Etat juif » ou encore « L’assimilation est un Holocauste ».
Pour Segev, "cette manifestation n’est pas un droit d’expression, c’est un crime majeur, du racisme pur ". "Heureusement que la police avait assurée la protection de la cérémonie sinon, cela aurait été un massacre de masse", a-t-il commenté.
Suite à ce rassemblement, six "militants" ont été arrêtés, selon des sources policières.
En plus du corps policier, treize gardes du corps avaient également été recrutés, afin de protéger le couple dans ses déplacements. Pour cette protection, les mariés ont dû débourser environ 17 000 shekels, (4 800 usd), la moitié étant prise en charge par le hall accueillant la cérémonie, ont confirmé des sources proches des époux.
Quelques jours précédant l’union de Morel et de Mahmoud, un autre groupe israélien luttant contre les mariages inter-religieux, « Yad l’Achim », avait également voulu empêcher ce mariage. Une page Facebook avait ainsi été créée à cet effet, le 13 août dernier, et avait recueilli environ 2 000 mentions « j’aime ». Près de 4 000 lettres auraient aussi été envoyées à la jeune femme, selon l'association.
Pour ces ONG juives, ces pressions et rassemblements n'ont "rien de discriminatoire". Elles sont juste un moyen "de protéger" l'Etat d'Israël.
« Plusieurs centaines de filles juives se marient chaque année avec des membres de la minorité et chaque année, des milliers d’enfants naissent de ces unions mais leur connexion avec le peuple juif est au mieux ténue, au pire carrément hostile» avait ainsi soutenu Rav Shmuel Lifschitz, l’un des leaders de Yad l’Achim, pour qui ce phénomène est semblable aux tunnels et roquettes du mouvement palestinien "Hamas", rapporte le quotidien israélien « Israel Ayom ».
« Notre position n’est pas raciste », a estimé pour sa part un jeune représentant de l'ONG Lehava, interviewé par Anadolu à Jérusalem.
« Nous voulons juste montrer que le peuple juif est fort et qu’il le restera autant que possible, principalement contre les antisémites, qui sont, pour la plupart, des arabes » a ajouté le jeune homme, qui arborait un tee-shirt imprimé du logo de Lehava et un collier de la Ligue de Défense Juive, mouvement considéré comme terroriste et interdit en Israël et aux Etats-Unis.
« Si les palestiniens viennent en Israël et pensent que cette terre est la leur et s’ils pensent pouvoir nous attaquer, nous devons les attaquer en retour», argue-t-il encore.
Le mariage de Morel et Mahmoud s’est rapidement transformé en affaire nationale, avec la présence à la cérémonie de la Ministre israélienne de la Santé, Yael German.
Pour la ministre, "la manifestation, tout comme le mariage constituent une expression démocratique".
En revanche, pour David Sheen, journaliste et militant israélien, ce type de manifestations ont un degré de gravité certain.
"Les appels au nettoyage ethnique, au génocide, et à la violence sont en forte augmentation", encouragés ou à l’initiative d’officiels israéliens, a-t-il estimé, dans une déclaration à Anadolu.
Il s'agit d'une véritable banalisation du racisme dans le pays : « C’est une cause perdue (...). La société devient de plus en plus raciste et de moins en moins d’Israéliens ont un problème avec ça. » a-t-il encore déploré.
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