À Marseille, les habitants consternés espèrent « que le gouvernement va prendre conscience » de l’enjeu des quartiers
- La cité phocéenne a été l’une des villes les plus touchées par les émeutes cette nuit de vendredi à samedi et le ministère de l’intérieur a été poussé d’envoyer des renforts sécuritaires après minuit, à la demande du maire de la ville, Benoît Payan
Ankara
AA/Marseille/Feïza Ben Mohamed
Marseille a été le théâtre, dans la nuit de vendredi à samedi, de scènes de saccages, de violences et d’incendies dans le centre-ville mais également dans les quartiers Nord.
Alors que les pompiers sont toujours sur place pour éteindre les derniers feux samedi matin, Anadolu est allé à la rencontre des habitants du 14ème arrondissement, bouleversés par les événements.
Un jeune homme, qui habite à proximité de l’hypermarché Aldi, attaqué à la voiture bélier avant d’être pillé et incendié, s’est déplacé pour constater les dégâts.
« On espère que le gouvernement va prendre conscience de la situation » dans les quartiers et « que la police se calme quand elle vient ici » déclare le trentenaire, qui n’a pas souhaité donné son identité.
Il assure être lui-même régulièrement victime d’une attitude hostile des forces de l’ordre qui le « braquent parfois alors (qu’il est) toujours en règle ».
« Dès qu’ils nous voient ils sont agressifs » dit-il, en y voyant l’ombre « du racisme » qui doit disparaître.
Autour du supermarché détruit et calciné, les habitants ont afflué tout au long de la matinée pour se faire une idée des dégâts et mesurer l’ampleur de ce qu’ils ont découvert à travers les réseaux sociaux.
« Ça fait de la peine de voir notre quartier dans cette état, nos commerces détruits. Où est-ce qu’on va faire nos courses maintenant? » se demande une maman venue faire ses achats avant de rebrousser chemin.
Dans une déclaration à Anadolu, un marin-pompier fait savoir que 350 effectifs ont été déployés dans la nuit de vendredi à samedi de manière permanente avant qu’un renfort d’une cinquantaine de pompiers ne soit envoyé pour mener les opérations de secours avec principalement des interventions sur des incendies.
« On a fait énormément d’interventions notamment sur des petits feux, des poubelles, des barricades etc » mais « la violence n’est pas dirigée contre nous » a néanmoins tempéré le soldat du feu.
S’il reconnaît que « l’ambiance est tendue ponctuellement », le marin-pompier assure que les opérations de secours se passent globalement bien.
« Cette nuit on a rappelé 50 personnes en renfort pour nous appuyer, ce qui n’est pas énorme puisque ça représente environ 15% d’effectifs supplémentaires » note le pompier auprès d’Anadolu avant de préciser qu’il s’agit « d’une des plus grosses nuits en terme d’activité depuis très longtemps » à Marseille.
La cité phocéenne a été l’une des villes les plus touchées cette nuit de vendredi à samedi et le ministère de l’intérieur a été poussé d’envoyer des renforts sécuritaires après minuit, à la demande du maire de la ville, Benoît Payan.
« À Marseille, les scènes de pillages et de violence sont inacceptables. Je condamne avec une totale fermeté ces actes de vandalisme et demande à l’État l’envoi immédiat de forces de maintien de l’ordre supplémentaires » a-t-il publié un peu avant minuit.
Plusieurs zones commerciales, dans le quartier du Merlan mais aussi sur la Canebière et dans le quartier de Belsunce, ont été vandalisées et pillées malgré l’important déploiement sécuritaire, qui incluait la mobilisation de la BRI et du RAID (unité d’élite de la police nationale et de la gendarmerie).
Au total, 95 personnes ont été interpellées à Marseille pendant la nuit et 31 policiers blessés selon la préfecture du département des Bouches-du-Rhône.
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