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À Nice, fief de la droite et de l’extrême-droite, de nombreux électeurs scandalisés par l’inéligibilité de Marine Le Pen

« On va se faire voler l’élection présidentielle » estime Jean-Marc, commerçant.

Feiza Ben Mohamed  | 03.04.2025 - Mıse À Jour : 03.04.2025
À Nice, fief de la droite et de l’extrême-droite, de nombreux électeurs scandalisés par l’inéligibilité de Marine Le Pen

Provence-Alpes-Cote d Azur

AA / Nice / Feïza Ben Mohamed

La peine d’inéligibilité de Marine Le Pen avec exécution provisoire a eu l’effet d’une bombe pour de nombreux électeurs à Nice, où la droite et l’extrême-droite remportent habituellement la majorité des scrutins.

Depuis lundi, au-delà de la peine de 4 ans de prison dont 2 ans ferme qu’elle pourra effectuer sous bracelet électronique, pour détournement de fonds publics, c’est bien l’élection présidentielle à venir qui est dans tous les esprits.

Au cœur de la 5ème circonscription des Alpes-Maritimes, remportée en juillet dernier par la candidate soutenue par le RN (Rassemblement National), Christelle d’Intorni, les visages sont serrés au moment d’évoquer l’élimination de Marine Le Pen, dans la course à l’Élysée.

Pour Jean-Marc, commerçant niçois, la peine ordonnée par le tribunal judiciaire de Paris « est un scandale, une honte pour la France ».

« À cause de ces juges, on va se faire voler l’élection présidentielle » grince le quinquagénaire pour qui « les magistrats sont évidemment politisés ».

Il considère qu’il « n’y avait aucune nécessité absolue d’assortir la peine d’inéligibilité, d’une mesure d’exécution provisoire » et que cette disposition a été mise en place « pour priver la candidate de toute possibilité de recours jusqu’au prochain procès ».

Maryse, coiffeuse, est du même avis. Auprès d’Anadolu, elle confie sa « colère » et accuse la justice d’avoir voulu « priver les électeurs de la candidate favorite de tous les sondages ».

« On sait très bien qu’elle gagnerait la présidentielle si elle pouvait se présenter, alors ils ont voulu l’éliminer. C’est clair comme de l’eau de roche », lance la jeune mère de famille qui assume être électrice du RN.

Et de poursuivre: « Quoi qu’il arrive, je voterai pour le candidat du RN mais j’aurais voulu que ce soit Marine. 2027 devait être notre année, déjà qu’on s’est fait voler les législatives à cause de leurs magouilles d’alliances pour nous barrer la route! ».

Pour rappel, Marine Le Pen a fait appel de sa condamnation prononcée lundi par la justice dans l’affaire dite des emplois fictifs des assistants parlementaires du RN.

25 personnes dont 9 eurodéputés et 12 assistants parlementaires du RN (ex Front National), ont été reconnus coupables de « détournement de fonds publics » et « recel de détournement de fonds publics » pour un montant estimé à 4,1 millions d’euros.

Les accusés, dont le procès avait démarré fin septembre 2024, se sont retrouvés au cœur d’un système de détournement de fonds publics entre 2004 et 2016, en employant des assistants parlementaires alors que leurs tâches bénéficiaient en réalité au RN (anciennement Front National).

Ils étaient jugés pour ces faits signalés en 2015 par le parlement européen, qui s’est constitué partie civile.

Si l’appel suspend automatiquement la condamnation, cette suspension ne concerne pas la peine d’inéligibilité, frappée d’une mesure d’exécution provisoire ordonnée par le tribunal judiciaire de Paris ce lundi.

Face à l’enjeu, la Cour d’Appel de Paris a annoncé dès mardi, qu’elle prévoyait un audiencement du procès de manière à ce qu’une décision puisse être rendue « à l’été 2026 ».

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