AA / Paris / Ümit Dönmez

"La corruption est une menace mondiale en constante évolution qui ne se limite pas à saper le développement – elle est une cause majeure du déclin de la démocratie, de l’instabilité et des violations des droits humains", affirme Transparency International dans son dernier Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024.

L’ONG indique que la France enregistre une chute significative dans le classement, se classant désormais 25ᵉ avec un score de 67, soit cinq places de moins que l’année précédente. "Autant le score (historiquement bas) que l’ampleur du recul sont inédits pour la France", souligne Transparency International, qui classe le pays "en dessous de la moyenne des États pleinement démocratiques".

- Une confiance en berne et des scandales à répétition

"Plus des deux tiers des pays obtiennent désormais un score inférieur à la moyenne", note Transparency International, mettant en avant la dégradation de la situation en France, où les perceptions de corruption se sont amplifiées en raison de plusieurs scandales politico-financiers et d’un "affaiblissement des structures de gouvernance".

"L’instabilité politique, les négociations en coulisses et les controverses sur le maintien de responsables mis en examen dans leurs fonctions" figurent parmi les causes identifiées par l’ONG. Par ailleurs, l’étude mentionne les "enjeux liés au financement politique et aux conflits d’intérêts, qui continuent d’alimenter la méfiance des citoyens envers les décideurs".

- Des risques pour l’intégrité du système démocratique

"La corruption constitue un obstacle majeur à la résolution des crises actuelles", insiste Transparency International, soulignant que la perte de confiance envers les institutions peut "affaiblir la capacité des États à garantir une gouvernance efficace et équitable".

L’ONG s’inquiète également de la place de la France par rapport aux autres démocraties européennes : "Avec un score de 67, la France est désormais distancée par plusieurs pays voisins, dont l’Allemagne (75), le Royaume-Uni (71) ou encore la Belgique (69)".

- Des recommandations urgentes pour restaurer la transparence

Face à cette situation préoccupante, Transparency International appelle la France à "prendre des mesures immédiates et structurelles pour renforcer la lutte contre la corruption". L’ONG recommande notamment :

- "Un renforcement des moyens du Parquet National Financier (PNF)", qui, selon elle, "reste notoirement sous-doté".
- "L’instauration d’une transparence obligatoire des rencontres avec les lobbies", afin de "limiter l’influence indue des intérêts privés sur les décisions publiques".
- "La mise en œuvre d’un Plan national pluriannuel de lutte contre la corruption, piloté par le Premier ministre, avec des objectifs clairs et mesurables".

- « Aucun pays n’est à l’abri »

Transparency International avertit que "la corruption, lorsqu’elle n’est pas combattue avec fermeté, entraîne des conséquences directes sur la stabilité politique et la confiance citoyenne".

"Chaque pays a un rôle à jouer pour l’éradiquer", martèle l’ONG, ajoutant que "les démocraties les plus solides sont celles qui protègent l’État de droit et garantissent un espace civique ouvert et transparent".

Avec cette nouvelle baisse de l’IPC, la France fait face à "une alerte démocratique qu’elle ne peut plus ignorer".