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Affaire Mahjoub Mahjoubi: menacée d’expulsion, la mosquée de Bagnols-sur-Cèze continue de se battre

-Après un prêche dans lequel l’ancien imam expulsé vers la Tunisie il y a plus d’un an, dénonçait le nationalisme, la municipalité a décidé de résilier le bail de la mosquée, qui dispose de 6 mois pour quitter les lieux

Feiza Ben Mohamed  | 23.04.2025 - Mıse À Jour : 23.04.2025
Affaire Mahjoub Mahjoubi: menacée d’expulsion, la mosquée de Bagnols-sur-Cèze continue de se battre

France

AA/Bagnols-sur-Cèze/Feïza Ben Mohamed

Un an après l’expulsion menée à grand renforts de médias, de l’imam Mahjoub Mahjoubi vers la Tunisie après un prêche dans lequel il dénonçait le nationalisme, la mosquée At-Tawba, dans laquelle il officiait, se retrouve à nouveau dans la tourmente.

La municipalité de Bagnols-sur-Cèze a en effet pris la décision unilatérale de résilier le bail qui la lie à l’AMGR (Association des Musulmans du Gard Rhodanien), avec comme seul grief, les diverses déclarations de Mahjoub Mahjoubi, datées d’il y a plus d’un an et alors même que l’imam a démissionné de ses fonctions et qu’il a quitté le territoire national en février 2024.

La tribunal administratif de Nîmes, qui a validé l’expulsion en considérant que le bail n’était pas valable pour des considérations juridiques de forme, a laissé un délai de 6 mois à l’association pour quitter les lieux.

Anadolu s’est rendu sur place pour rencontrer les gestionnaires du lieu de culte, pour qui « la démarche du maire n’a aucun sens ».

Rachid Alloul, membre du Bureau de l’AMGR, désormais démissionnaire dans l’attente de la désignation d’une nouvelle équipe dirigeante, explique avoir fait appel de la décision rendue en première instance par le tribunal administratif et espère trouver une solution pour que les quelque 600 fidèles qui sont accueillis dans les lieux, ne se retrouvent pas orphelins de leur salle de prière.

« L’imam Mahjoub Mahjoubi a été expulsé et nous avons subi de plein fouet les retombées de cette polémique » grince cet associatif musulman pour qui cette « punition collective » passe mal.

Selon lui, la mairie a d’abord demandé à l’AMGR de procéder à des modifications dans son organisation, avant de rompre le dialogue et d’opter pour la voie contentieuse en résiliant le bail.

« L’imam Mahjoubi a toujours défendu les valeurs de la France, il a participé à de nombreuses actions positives pendant des années sur la commune, et même quand il y a eu des émeutes après la mort de Nahel, les autorités ont pu compter sur lui pour appeler les jeunes au calme. S’il a commis une infraction, il répondra de ce qu’il a fait devant la justice, mais pourquoi punir toute la communauté musulmane de Bagnols-sur-Cèze? » interroge Rachid Alloul.

Dans le détail, il relève que les deux mosquées qui existent dans la commune, ne suffisent déjà pas, notamment durant les fêtes de l’Aïd où des centaines de fidèles sont contraints à prier dans les rues.

Pointant une « différence de traitement flagrante », il cite l’exemple de Bétharram, et note que « quand un prêtre est mis en cause, jamais une Eglise n’a été fermée ».

Et de poursuivre: « Les fidèles sont tristes et en colère. Ils ne sont pas d’accord avec la manière dont les choses sont faites. La plupart des musulmans de la ville ont voté pour ce maire, qui a toujours été proche de cette mosquée et qui a retourné sa veste du jour au lendemain ».

Affirmant vouloir « continuer à se battre pour sauver la mosquée », il assure avoir récolté plus de 1 000 signatures dans le cadre d’une pétition lancée pour faire reculer la mairie.

« On ne punit pas toute une communauté pour une seule personne. C’est impossible d’accepter ça. Mahjoub Mahjoubi a déjà subi des conséquences lourdes, mais pourquoi maintenant s’attaquer à la mosquée alors qu’il n’existe aucun trouble à l’ordre public » conclut Rachid Alloul qui « prône l’apaisement et veut à tout prix éviter que les habitants de Bagnols-sur-Cèze ne se divisent et ne soient divisés par cette affaire qui pourrait créer de l’amertume ».

À ce stade, une médiation doit se tenir dans les prochains jours entre la municipalité et l’AMGR, tandis que les deux parties attendent désormais une date d’audience pour la procédure en appel.

Si l’association venait à être expulsée, l’AMGR ne dispose d’aucune solution de repli et ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour acquérir de nouveaux locaux. La situation pourrait ainsi devenir particulièrement compliquée pour les musulmans de Bagnols-sur-Cèze, qui seraient ainsi privés de leur lieu de culte alors que la commune est déjà en carence.

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