Algérie : 38 prévenus condamnés à la peine capitale pour le meurtre de Djamel Bensmaïl
- Le verdict a été prononcé par la Cour d'appel d'Alger à l'issue du procès en appel des 94 accusés dans l'affaire du lynchage à mort du jeune Djamel Bensmaïl, survenu en août 2021
Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
La Cour d’appel d’Alger a prononcé, ce lundi, de lourdes peines contre une partie des accusés dans l’affaire du meurtre de jeune Djamel Bensmail, en août 2021 à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou (Kabylie, 100 km à l'est d’Alger). Le juge près cette Cour a condamné, en effet, 38 prévenus sur les 94 personnes jugées à la peine capitale.
Ces derniers, selon le prononcé du verdict, sont accusés « d’actes terroristes et subversifs attentatoires à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions », « du délit de participer à un homicide volontaire avec préméditation », du « délit de complot, du délit de la mise à feu volontaire des forêts ayant entrainé la mort de plusieurs personnes », « du délit de torture et de discours de haine ».
Le juge près la même Cour a décidé également d’acquitter 27 personnes, tout en prononçant des peines allant de 3 à 20 ans de prison ferme à l’encontre des autres accusés. Le procès en appel s’est ouvert, dimanche 15 octobre courant.
En première instance, rappelons-le, le tribunal criminel de Dar El-Beïda d’Alger avait condamné, le 24 novembre 2022, 94 individus pour meurtre et lynchage en public de Djamel Bensmail. Le même tribunal avait condamné 49 accusés à la peine capitale, 28 autres accusés à des peines allant de deux (02) à dix (10) ans de prison ferme, et avait acquitté 17 autres.
Jeune artiste, connu pour son activisme durant le Hirak du 22 février 2019 en Algérie, le jeune Djamel Bensmaïl a fait le déplacement de sa ville natale de Meliana, dans l’ouest algérien, en Kabylie, pour aider, selon les déclarations de son père à l’époque, « ses amis de Kabylie qui luttaient contre des feux de forêt ravageurs ». C’était en août 2021.
Soupçonné d’être « un pyromane », il a été victime d’un lynchage en public par une foule hystérique qui l’avait fait descendre d’un fourgon de la police. Il a été, selon l’enquête des services de sécurité, poignardé, trainé par terre, tué et puis brûlé sur la place publique de la ville de Larbaâ N’Ath Irathen, située à une quarantaine de kilomètre à l’est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou.
Les Algériens ont découvert l’horreur de cet assassinat sur les réseaux sociaux. De nombreuses vidéos retraçant le film de la tragédie ont été diffusées, mettant le pays entier en émoi. Quelques jours plus tard, les services de sécurité ont procédé à une vaste campagne d’arrestations visant les personnes qui sont apparues dans ces enregistrements et qui ont participé à cette mise à mort atroce d’un homme.
L'Algérie, rappelons-le, observe un moratoire sur l'exécution de la peine de mort depuis l'exécution, en 1993, des auteurs de l'attentat ayant ciblé l'aéroport international d'Alger survenu en août 1992. Mais la peine est maintenue dans la législation algérienne et les tribunaux continuent de la prononcer.