Appel à l'unité : un dirigeant alaouite prône la réconciliation
« Si votre affiliation sectaire nuit à votre affiliation nationale, quittez la secte et donnez la priorité à la patrie », a déclaré l'imam Zulfikar Fadil Gazal à Anadolu
Istanbul
AA/Lattaquié/ Eşref Musa/ Mehmet Burak Karacaoglu/Nuri Aydin
L'imam Zulfikar Fadil Gazal, une figure de proue de la communauté alaouite en Syrie, a appelé à l'unité basée sur l'identité nationale, en incitant les Syriens à mettre de côté leurs différences sectaires pour construire une nation plus forte et unie.
Imam Zulfikar Fadil Gazal, figure de proue de la communauté alaouite en Syrie et imam de la mosquée Imam Alhasan Al Askari à Lattaquié, a appelé à l'unité nationale et à la solidarité entre Syriens alors que le pays se dirige vers une nouvelle phase après la chute du régime Assad. Dans une interview avec Anadolu, il a insisté sur la priorité de l'amour de la patrie, appelant les Syriens à mettre de côté leurs différences sectaires pour renforcer l’unité nationale.
« Si votre affiliation sectaire nuit à votre affiliation nationale, quittez la secte et donnez la priorité à la patrie », a affirmé Gazal.
Revenant sur les événements de 2011, il a rappelé que lorsque la crise syrienne a éclaté, il ne souhaitait pas que le pays soit divisé ou dévasté. « Nous avons appelé à l’application des principes de sacralité et d’amour, qui sont les liens qui unissent les Syriens », a-t-il déclaré.
L’imam a souligné que la clé pour construire un État et une nation solides réside dans l’unité, l’amour de la patrie et des intentions sincères. « À tous ceux qui nous écoutent, nous suivons et entendons nos conseils et prêches : la patrie et l'amour pour elle sont les protecteurs de toutes les sectes. Chaque projet, chaque plan doit être fondé sur cette base. Il n’y a qu’une seule secte, celle de l’amour », a conclu Gazal.
-La justice doit primer, selon l'imam Gazal
Imam Zulfikar Fadil Gazal a mis en avant l’importance de la responsabilité et de la reddition de comptes pour prévenir de futurs abus, soulignant que l’appartenance sectaire d’un criminel ne doit en aucun cas influencer le jugement.
« Quiconque commet un crime doit être tenu responsable. La première étape pour garantir cette responsabilité est de dénoncer le mal et de mettre en lumière ses conséquences », a-t-il affirmé. « Les auteurs de ces actes doivent rendre des comptes afin d’éviter que de nouveaux massacres ou actes odieux ne se produisent. »
Il a par ailleurs évoqué l’importance du dialogue pour résoudre les questions essentielles en Syrie après la chute du régime Assad. Selon lui, il est crucial de construire un État qui apprenne des erreurs du passé et qui évite de persécuter son peuple.
Imam Zulfikar Fadil Gazal a souligné que Lattaquié, après le conflit, est un modèle de réconciliation réussie, marquée par l'absence de représailles. « À Lattaquié, nous vivons les effets d'une conquête et d'une victoire obtenues sans vengeance », a-t-il déclaré.
Bien que des différences sectaires persistent, Gazal a insisté sur l'importance de l'inclusivité et de l'unité nationale. « Vivez votre citoyenneté », a-t-il exhorté. « Dissolvez-vous dans l'amour de la patrie, où tous les citoyens deviennent un seul cœur, une seule secte, et une seule structure. »
Imam Zulfikar Fadil Gazal a exprimé son optimisme pour la Syrie de l'après-conflit, en saluant la sincérité et l'engagement du nouveau leadership. Selon lui, les autorités actuelles font preuve d'une approche authentique et transparente.
« Les nouvelles autorités sont sincères dans leur démarche. Que ce soit en matière de sécurité ou à travers les officiers chargés de nos tâches administratives, nous avons vu de tels exemples partout », a-t-il déclaré. « Même aux postes de contrôle en dehors de la ville, lorsqu'on les rencontre, on perçoit leurs visages tolérants et leur affection sincère. »
Gazal a également évoqué les relations renforcées avec les autorités, qualifiant l'environnement de « bonnes relations, de raffinement, d'éthique, d'intégration et d'amour ».
Bachar al-Assad, dirigeant de la Syrie pendant près de 25 ans, a fui en Russie après que les groupes anti-régime ont pris le contrôle de la capitale, Damas, le 8 décembre, mettant ainsi fin au régime du Parti Baas, au pouvoir depuis 1963.
Traduit de l'anglais par Sanaa Amir