Baklavas et Loukoums : Un héritage culinaire commun qui ravive les tables du Ramadan

Istanbul
AA/Istanbul/Nursena Karakaya
Le mois de Ramadan, synonyme de convivialité et de partage, est une période où les traditions culinaires prennent tout leur sens. Chaque soir, après une journée de jeûne, les familles se rassemblent autour d’une table généreusement garnie de plats réconfortants et de douceurs sucrées. Parmi ces incontournables, les pâtisseries orientales occupent une place de choix, entre héritage et redécouverte.
Si le makroud et les zlabias sont profondément ancrés dans la gastronomie tunisienne, les baklavas et loukoums turcs trouvent également une place de choix dans ces traditions sucrées. Loin d’être des étrangers dans la culture gastronomique locale, ils s’inscrivent dans une histoire culinaire partagée, façonnée par les échanges entre le Maghreb et l’Anatolie à travers les siècles.
Depuis 2004, Tahsin Demirtepe, originaire de la ville d’Isparta en Türkiye, a relevé le défi de faire revivre ces douceurs ottomanes en Tunisie. Son ambition ? Créer un pont gourmand entre ces deux cultures si proches, en adaptant les recettes aux préférences locales tout en respectant leur authenticité.
-Quand la pâtisserie relie les civilisations
Historiquement, la gastronomie turque et tunisienne partagent de nombreuses similitudes, issues de siècles d’échanges commerciaux et culturels. La présence de saveurs communes utilisées dans nombre de plats et de patisseries, comme le miel, les amandes, les pistaches et l’eau de rose, témoigne de cette parenté culinaire.
« Nous ne faisons qu’apporter une touche différente à une tradition déjà bien présente ici. Les Tunisiens ont toujours aimé les pâtisseries croustillantes et imbibées de miel. C’est ce qui fait que le baklava trouve naturellement sa place aux côtés des douceurs locales. » explique Tahsin Demirtepe installé en Tunisie depuis 2013.
Si les Tunisiens connaissent et apprécient leur propre version du baklava – souvent plus sucré et plus sec –, l’arrivée du baklava turc a apporté une nouvelle texture, avec son feuilletage délicat et son équilibre parfait entre beurre et sirop. De même, les loukoums, appelés "halqum" dans certaines régions du Maghreb, rappellent les pâtes de fruits et confiseries orientales consommées en Tunisie depuis des siècles.
« Les Tunisiens ont d’abord découvert nos baklavas et loukoums à travers les séries télévisées turques, puis ils les ont adoptés petit à petit. Aujourd’hui, ces spécialités font partie des gourmandises appréciées pendant le Ramadan, notamment lorsqu’il s’agit d’offrir des douceurs en famille ou aux invités. », poursuit le pâtissier.
-Le Ramadan, un moment clé pour la transmission du patrimoine gourmand
Pendant le mois sacré, les saveurs sucrées ont une importance particulière : elles ponctuent la rupture du jeûne et accompagnent les longues soirées passées en famille. Les baklavas et loukoums, avec leur douceur et leur raffinement, s’intègrent naturellement dans cette tradition de partage.
« C’est une période où la demande explose. Beaucoup de nos clients achètent nos spécialités pour les offrir lorsqu’ils rendent visite à leurs proches après l’iftar. Le Ramadan est un moment idéal pour transmettre et faire découvrir notre savoir-faire. »
La pâtisserie turque, tout comme celle du Maghreb, repose sur l’art du détail : des couches de pâte soigneusement beurrées, des fruits secs torréfiés à la perfection, un sirop parfumé délicatement dosé. C’est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération, et qui trouve un écho en Tunisie, où la culture de la pâtisserie artisanale est tout aussi précieuse.
-Une aventure gourmande qui se poursuit
Avec le temps, Tahsin Demirtepe et son équipe ont su faire évoluer leurs recettes pour mieux répondre aux goûts locaux. S’ils ont conservé l’essence des baklavas et loukoums turcs, ils ont aussi su apporter des ajustements subtils pour séduire les papilles tunisiennes.
« Nous avons adouci le sirop, légèrement modifié la texture et incorporé des saveurs plus proches des préférences locales. Le résultat ? Une fusion entre le meilleur des deux mondes. »
Cette démarche a permis d’ancrer les baklavas et loukoums comme des douceurs incontournables, non seulement pour les touristes en quête d’authenticité, mais aussi pour les Tunisiens désireux de découvrir ces spécialités turques.
« Nos pâtisseries ne remplacent pas les spécialités tunisiennes, elles viennent simplement les compléter. Le Ramadan est une période où les gens aiment varier les plaisirs, et nous sommes fiers de pouvoir y contribuer avec nos créations. »
En somme, le baklava turc n’est pas un produit étranger en Tunisie, mais bien une continuité gourmande d’une histoire culinaire commune. Pendant le Ramadan, où chaque bouchée est une célébration, ces pâtisseries rappellent combien les saveurs sont un langage universel qui unit les peuples et traverse les frontières.
-Un patrimoine culinaire vivant et évolutif
Avec un intérêt grandissant pour la gastronomie turque et une ouverture toujours plus large aux saveurs venues d’ailleurs, l’avenir des douceurs d’Anatolie en Tunisie semble prometteur.
« Nos cultures ont toujours été connectées par l’histoire et la cuisine. Ce que nous faisons aujourd’hui avec nos baklavas et loukoums n’est que le prolongement d’une tradition séculaire d’échanges et de partages. » conclut Demirtepe.
Ainsi, entre un makroud doré et un baklava croustillant, les tables du Ramadan continuent de raconter une histoire commune, celle d’un patrimoine culinaire riche et évolutif, où chaque saveur fait écho à un passé partagé et à un avenir gourmand.
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