Biens immobiliers et avantages accordés à la France : L’Algérie met sur la table un « dossier longtemps ignoré »
- Le ministre algérien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de France à Alger et a mis sur la table le dossier des 61 biens immobiliers que la France occupe en Algérie à un prix dérisoire, selon l'agence Algérie presse service

Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
L’Algérie a mis officiellement sur la table le dossier des biens immobiliers et des nombreux avantages accordés à la France depuis 1962. Cette décision qui intervient en réponse aux accusations de l'extrême droite en France et du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, selon lesquels l’Algérie « profite des aides françaises », est révélée par l'agence officielle Algérie Presse service (APS).
Selon l'APS, la «semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères algérien a convoqué M. Stéphane Romatet, l'ambassadeur de France en Algérie, pour mettre sur la table un dossier trop longtemps ignoré par Paris: celui des biens immobiliers mis à la disposition de la France par l’Algérie ». Ce dossier, a ajouté l'APS, révèle « un traitement pour le moins asymétrique entre les deux pays ».
L'APS, fait savoir « qu’au total, 61 biens immobiliers sont occupés par la France sur le sol algérien, moyennant des loyers ridiculement bas ».
« Parmi ces biens, le siège de l'ambassade de France en Algérie s’étend sur une vaste superficie de 14 hectares (140.000 mètres carrés) sur les hauteurs d'Alger, avec un loyer si insignifiant qu'il ne couvrirait même pas le prix d’une modeste chambre de bonne à Paris. Quant à la résidence de l’ambassadeur de France, connue sous le nom "les Oliviers", elle s’étale sur 4 hectares (40.000 mètres carrés) et est louée au franc symbolique, sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023 », a précisé la même source.
« La France en revanche, a enchaîné le média, n’a jamais daigné accorder à l’Algérie une largesse similaire sur son propre territoire ». De nombreux accords bilatéraux permettent « à la France de bénéficier d'avantages considérables en Algérie », selon l'APS qui cite « l’exemple le plus criant à savoir l'accord de 1968, qui régit le statut des Algériens en France et qui leur accorde un régime migratoire dérogatoire par rapport aux autres nationalités ».
«Paris ne cesse de dénoncer cet accord, mais oublie de mentionner les bénéfices qu'il en tire, notamment la main-d'œuvre algérienne qui a largement contribué à la reconstruction et à l’essor économique de la France », a-t-on encore noté, précisant que l'Algérie « ne bénéficie d'aucun privilège comparable en France ».
Pour l'APS, « un autre exemple frappant est l'accord de 1994, qui régule divers aspects de la coopération entre les deux pays, notamment en matière de commerce et d'investissements ». « Dans les faits, ces accords ont surtout permis aux entreprises françaises d'obtenir des conditions très favorables pour opérer en Algérie, tout en limitant les opportunités inverses pour les entreprises algériennes en France », relève l'agence de presse algérienne, précisant également que « l'avantage est unilatéral et profite avant tout à l'économie française ».
«L'Algérie n'a jamais été le profiteur de cette relation, c'est bien la France qui, depuis des décennies, a su tirer parti de chaque accord à son avantage. Et si elle veut aujourd'hui réclamer des comptes, elle devra d'abord rendre des comptes elle-même», a conclu le média.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle.
Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au "rapport de force", selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé "des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de "perte de temps" et mettant en garde contre "une séparation qui deviendrait irréparable".
"Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu", a-t-il déploré.
Le 25 février 2025, Paris a décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".
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