Bosnie : 6e anniversaire de la condamnation du "boucher de Bosnie", Radovan Karadzic
- L'idéologie de Radovan Karadzic, condamné pour le génocide de Srebrenica, est toujours présente en Bosnie-Herzégovine, déclare Ramiz Salkic, figure politique bosniaque de premier plan

Saraybosna
AA / Belgrade, Serbie
La Bosnie-Herzégovine a marqué, jeudi, le sixième anniversaire du verdict portant condamnation de l'ex-dirigeant des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, pour génocide et crimes contre l'humanité pendant la guerre de Bosnie des années 1990.
Incarcéré depuis 2008 et considéré comme le fer de lance des crimes de guerre les plus graves commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, Karadzic a été condamné à 40 ans de prison, en 2016, peine alourdie en appel en 2019 à la réclusion à perpétuité pour ses actes qui ont entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes.
Le tribunal des Nations unies de La Haye a reconnu Karadzic coupable de 10 des 11 chefs d'accusation retenus contre lui.
Il devait répondre de deux chefs d'accusation de génocide, mais si le tribunal l'a reconnu coupable de son rôle dans le massacre de Srebrenica en 1995, il a été déclaré non coupable des génocides commis dans les municipalités bosniaques de Bratunac, Foca, Kljuc, Prijedor, Sanski Most, Vlasenica et Zvornik.
Ramiz Salkic, vice-président de la Republika Srpska, et l'expert militaire Berko Zecevic, qui a été témoin direct de l'affaire Karadzic, ont décrit à l'Agence Anadolu l'ancien leader serbe et son idéologie.
"L'idéologie de Karadzic est toujours présente en Bosnie-Herzégovine. Elle est assumée par la plupart des politiciens et par conséquent par le peuple de la Republika Srpska", a déclaré Salkic.
En 1995, l'accord de paix de Dayton mettant fin à la guerre en Bosnie a créé un nouveau système de gouvernement fédéral avec deux entités : la Republika Srpska et la Fédération de Bosnie-Herzégovine, peuplée de Croates et de Bosniaques.
Salkic a ajouté que l'idéologie de Karadzic est entretenue dans les manuels scolaires, les médias et les institutions de la Republika Srpska.
"Nous en voyons le plus bel exemple dans les livres d'histoire. Karadzic et les autres criminels de guerre sont présentés comme des héros dans les livres d'histoire de la Republika Srpska", a-t-il déclaré.
Pour sa part, Zecevic a déclaré qu'aucune peine de prison ne pouvait correspondre aux souffrances que les victimes de l'idéologie de Karadzic ont dû endurer.
"Les expériences d'une femme assassinée ou violée, d'un enfant assassiné, d'un jeune, d'un soldat, qu'ils soient serbes, croates ou bosniaques, ne peuvent être appréhendées à l'aune d'une quelconque peine de prison", a déclaré Zecevic.
Et de souligner que l'histoire ne retiendra pas le nombre d'années auxquelles Karadzic a été condamné, mais plutôt qu'il a été reconnu coupable de ses crimes et qu'un génocide a été commis à Srebrenica sur son ordre.
** La guerre de Bosnie et le rôle de Karadzic
La Bosnie a obtenu son indépendance le 1er mars 1992, quelques mois après que la Slovénie et la Croatie se soient séparées de l'ancienne Yougoslavie.
En 1992, un référendum portant sur l'indépendance est organisé : 64 % de la population de la Bosnie-Herzégovine y participe et vote en faveur de l'indépendance à 99,44 %.
Un mois plus tard, l'UE et les États-Unis ont annoncé leur reconnaissance de l'État.
Cependant, le chef politique des Serbes de Bosnie de l'époque, Karadzic, a lancé une campagne de nettoyage ethnique en Bosnie-Herzégovine, déclenchant une guerre qui a conduit à une terrible catastrophe pour les Bosniaques.
En novembre 1995, devant la pression internationale, les Bosniaques ont mis fin à la guerre en signant les accords de Dayton.
Karadzic était le président de l'autoproclamée République serbe de Bosnie et le commandant en chef de ses forces armées entre 1992 et 1995, lorsque près de 100 000 Bosniaques sont morts alors que la Yougoslavie sombrait dans un bain de sang à caractère ethnique.
Karadzic, surnommé le "boucher de Bosnie", a été inculpé pour la première fois en juillet 1995 pour avoir abattu des civils non armés à Sarajevo et pris en otage des casques bleus des Nations unies. Quatre mois plus tard, il a été accusé d'avoir orchestré le massacre de 8 000 hommes et garçons musulmans après que les forces serbes se sont emparées de la "zone de sécurité" de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie.
Celui qui fut le fugitif le plus recherché d’Europe, avait échappé à la justice internationale pendant près de 13 ans de cavale, se cachant sous l'identité d'un spécialiste de médecine alternative.
Lorsqu'il a été traduit devant le tribunal des crimes de guerre en mars 2009, il s'est refusé à toute déclaration et a clamé son innocence par l'intermédiaire de son avocat.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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